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vendredi 21 février 2025

16.80 - MON AVIS SUR LE FILM INCEPTION DE CHRISTOPHER NOLAN (2010)


Vu le film Inception de Christophe Nolan (2010) Avec Léonardo Di Caprio Michael Caine Joseph Gordon Levitt Tom Berenger Portman Marion Cotillard Tom Hardy Ken Watanabe Elliot Page Dileep Rao Lukas Haas Claire Astin Geare

Dom Cobb est un voleur expérimenté dans l'art périlleux de l'extraction : sa spécialité consiste à s'approprier les secrets les plus précieux d'un individu, enfouis au plus profond de son subconscient, pendant qu'il rêve et que son esprit est particulièrement vulnérable. Très recherché pour ses talents dans l'univers trouble de l'espionnage industriel, Cobb est aussi devenu un fugitif traqué dans le monde entier. Cependant, une ultime mission pourrait lui permettre de retrouver sa vie d'avant.

Inception de Christopher Nolan est un labyrinthe cinématographique où le rêve et la réalité s'entremêlent jusqu'à ne plus savoir où commence l'un et où finit l'autre. C’est un film qui demande un investissement total du spectateur, tant il est complexe et torturé. Comprendre Inception en une seule vision est une prouesse ; l’expliquer en trois heures serait à peine suffisant. C’est comme vouloir déchiffrer la création du Monde en ne se basant que sur la dernière ligne de la Bible. Chaque scène est un indice, une fausse piste, une illusion de clarté qui vous mène à vous questionner encore plus.

Christopher Nolan aime jouer avec l’esprit humain, le construire puis le déconstruire avec la précision d’un architecte. Ici, il s’attaque au subconscient en exploitant les rêves, ces espaces personnels où se cachent nos peurs, nos désirs et nos secrets les plus profonds. Cobb (Leonardo DiCaprio) en a fait son terrain de jeu, mais aussi sa prison. Sa mission ? Voler des idées ou, dans ce cas précis, en implanter une. C’est ce qu’on appelle l’inception.

La cible ? Robert Fischer (Cillian Murphy), héritier d’un empire financier colossal. Saito (Ken Watanabe), un puissant industriel, engage Cobb pour convaincre Fischer de démanteler le conglomérat de son père, ce qui profiterait à Saito. En échange, Cobb obtiendrait l’effacement de son passé criminel et pourrait enfin rentrer chez lui, retrouver ses enfants. Car depuis la mort tragique de sa femme Mal (Marion Cotillard), qu’il croit responsable de son suicide, Cobb est un fugitif, exilé de son propre foyer.

Mais l’inception est un art délicat, presque impossible. Pour réussir, Cobb doit assembler une équipe de rêveurs experts : Arthur (Joseph Gordon-Levitt), son fidèle bras droit et maître des paradoxes ; Ariane (Ellen Page), une jeune architecte de génie capable de construire des labyrinthes oniriques ; Eames (Tom Hardy), un faussaire charismatique pouvant se métamorphoser à volonté ; et Yusuf (Dileep Rao), le chimiste qui crée le puissant sédatif nécessaire à cette plongée en profondeur.

L’idée à implanter ? « Séparez-vous de l’héritage de votre père. » Pour que cela fonctionne, elle doit sembler authentique, comme née de la propre volonté de Fischer. Commence alors un voyage à travers des niveaux de rêve emboîtés, chacun plus complexe et plus dangereux que le précédent. Le temps se dilate à chaque niveau : ce qui dure quelques minutes dans le monde réel s'étend sur des heures, voire des années, dans les rêves les plus profonds.

Mais Cobb n’a pas tout dit à son équipe. Son subconscient est hanté par Mal, une projection imprévisible de sa culpabilité qui sabote constamment leurs missions. Plus ils descendent, plus Mal devient agressive, menaçant de détruire tout le plan. Car Cobb cache un secret : c’est lui qui a implanté une idée dans l’esprit de Mal, pour la convaincre de quitter les limbes, un espace de rêve infini où ils ont passé ce qui semblait être des décennies. Mais cette idée – que le monde n’était pas réel – a persisté en elle-même après son réveil, la poussant finalement au suicide.

Le film pose alors cette question vertigineuse : où s’arrête le rêve ? Où commence la réalité ? C’est la grande énigme d’Inception et tout le génie de Nolan est de nous laisser y réfléchir bien après le générique de fin. Un indice ? Le professeur Miles (Michael Caine). Chaque fois qu’il apparaît, on serait dans la réalité. Sinon, c’est un rêve. Mais est-ce si simple ? Rien n'est moins sûr. Et puis il y a cette toupie, le totem de Cobb, qui tourne inlassablement, repère ultime entre les mondes. Pourtant, Nolan s’amuse à ne jamais nous montrer son destin final, nous condamnant à douter pour l’éternité.

La mise en scène est virtuose. Nolan utilise l'espace et le temps comme un illusionniste manipule ses cartes. Les rêves s’emboîtent comme des poupées russes, défiant toutes les lois de la physique. La scène du Pont de Grenelle, à Paris, en est un exemple spectaculaire, avec l’architecture qui se plie littéralement à la volonté du rêveur.

Les acteurs sont tous au sommet de leur art. Leonardo DiCaprio porte le film avec une intensité et une vulnérabilité palpables, perdu entre culpabilité et rédemption. Marion Cotillard, en spectre mélancolique de son passé, est à la fois fascinante et effrayante. Tom Hardy apporte une touche d'humour et de charme tandis que Joseph Gordon-Levitt réalise une chorégraphie de combat en apesanteur à couper le souffle. Cillian Murphy donne une humanité à son personnage de cible manipulée. Ken Watanabe ajoute une profondeur stoïque et, bien sûr, Michael Caine, guide bienveillant, incarne la raison et l’ancrage.

Avec Inception, Nolan ne livre pas seulement un film de science-fiction ou un thriller psychologique, il offre une expérience sensorielle totale. C’est un casse-tête métaphysique qui défie le temps et l'espace, une odyssée dans l'esprit humain où chaque visionnage révèle un nouveau détail, une nouvelle interprétation. Inception n’est pas un film à comprendre, c’est un film à ressentir, à explorer, encore et encore.

En ce sens, Inception est une méditation sur le deuil, la culpabilité et le pouvoir des souvenirs. Nolan transforme un thriller de science-fiction en une exploration philosophique de l'esprit humain, un voyage dans l'âme de son personnage principal. La frontière entre le rêve et la réalité devient floue, tout comme celle entre le film et le spectateur. On en sort bouleverser, obsédé par cette question : et si tout ceci n’était qu’un rêve ?

NOTE : 16.80

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

Leonardo DiCaprio (VF : Damien Ferrette ; VQ : Joël Legendre) : Dominic « Dom » Cobb, l'extracteur
Joseph Gordon-Levitt (VF : Alexis Victor ; VQ : Hugolin Chevrette-Landesque) : Arthur, l'organisateur
Elliot Page (VF : Jessica Monceau ; VQ : Annie Girard) : Ariane, l'architecte (crédité Ellen Page)
Tom Hardy (VF : Patrice Baudrier ; VQ : Paul Sarrasin) : Eames, le faussaire
Ken Watanabe (VF : Tōru Tanabe ; VQ : Tōru Tanabe / Stéphane Rivard) : Mr. Saito, le touriste
Marion Cotillard (VF et VQ : elle-même) : Mallorie « Mal » Cobb, l'ombre
Dileep Rao (VF : Gilles Morvan ; VQ : Tristan Harvey) : Yusuf, « le chimiste »
Cillian Murphy (VF : Rémi Bichet ; VQ : Philippe Martin) : Robert Michael Fischer Jr., la cible
Tom Berenger (VF : Jacques Frantz ; VQ : Mario Desmarais) : Peter Browning
Michael Caine (VF : Frédéric Cerdal ; VQ : Vincent Davy) : Professeur Stephen Miles
Lukas Haas (VF : Philippe Bozo ; VQ : Sébastien Reding) : Nash
Pete Postlethwaite (VF : Jean-Bernard Guillard ; VQ : Aubert Pallascio) : Maurice Fischer

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