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mercredi 12 février 2025

8.50 - MON AVIS SUR LE FILM BUFFALO BILL ET LES INDIENS DE ROBERT ALTMAN (1976)

 


Vu le film Buffalo Bill et les Indiens de Robert Altman (1976) avec  Paul Newman   Géraldine Chaplin Burt Lancaster Harvey Keitel Joel Grey Kevin McCarthy John Considine Allan F. Nicholls Denver Pyle Will Sampson Shelley Duvall

L'histoire se déroule en 1885Buffalo Bill monte un spectacle, le Wild West Show, sur l'Ouest américain pour cela, il achète Sitting Bull, un des prisonniers de l'armée. Lors d'un spectacle auquel le président des États-Unis Grover Cleveland vient assister, Sitting Bull veut lui présenter des doléances pour son peuple, il est éconduit.

En 1976, Robert Altman s’attaque à la mythologie américaine avec Buffalo Bill et les Indiens, ou leçon d’histoire de Sitting Bull. Après John McCabe (1971) et Nashville (1975), il continue son entreprise de démystification des figures légendaires des États-Unis. Cette fois, il s’attaque à Buffalo Bill, héros de l’Ouest transformé en showman, incarné par Paul Newman. Le film se veut une critique acerbe du spectacle et de la réécriture de l’Histoire par ceux qui la racontent, mais il se noie dans une mise en scène erratique et un scénario éclaté.

L’histoire suit Buffalo Bill, star vieillissante de son propre Wild West Show, un spectacle itinérant où il met en scène ses exploits et ceux de l’Ouest américain. Altman le présente comme un homme imbu de lui-même, plus préoccupé par son image que par la vérité historique. Son arrogance est mise en lumière lorsqu’il engage Sitting Bull (Frank Kaquitts), le célèbre chef sioux, pour donner de l’authenticité à son show. Mais Sitting Bull refuse de se prêter au jeu, réduisant Buffalo Bill à un pantin grotesque face à l’Histoire réelle.

Le film joue sur l’opposition entre la légende et la réalité : Buffalo Bill se voit comme un héros, mais il est un simple comédien entouré d’admirateurs obséquieux et d’opportunistes. Sitting Bull, lui, est réduit au silence pendant une bonne partie du film, incarnant un symbole de dignité face au mensonge orchestré par les colons. Cette idée est intéressante sur le papier, mais Altman peine à lui donner une véritable force dramatique.

Altman, fidèle à son style, multiplie les dialogues qui s’entrecroisent, les scènes où l’action se dilue dans le brouhaha général, et une mise en scène qui semble parfois improvisée. Si cela servait la folie du front dans M.A.S.H. ou la polyphonie sociale dans Nashville, ici, cela donne un film brouillon, qui tourne en rond. Le ton oscille entre satire, burlesque et tragédie, sans jamais trouver un véritable équilibre.

La reconstitution historique a un côté volontairement factice, ce qui accentue l’idée du spectacle mensonger, mais cela empêche aussi toute immersion. Le film donne parfois l’impression de regarder une répétition plus qu’une œuvre aboutie. De plus, malgré son ambition critique, il n’explore jamais vraiment la figure de Sitting Bull, qui reste un personnage périphérique. Son mutisme est certes un choix symbolique, mais il laisse un goût d’inachevé.

Paul Newman, pourtant immense acteur, livre ici une prestation inégale. Il cabotine, peut-être volontairement, pour souligner l’aspect ridicule de son personnage, mais cela le rend aussi agaçant. On peine à trouver une once de complexité chez ce Buffalo Bill qui aurait pu être plus tragique s’il avait été interprété avec plus de retenue.

Autour de lui, d’autres grands noms du cinéma américain de l’époque, comme Burt Lancaster en visionnaire réaliste ou Geraldine Chaplin en Annie Oakley, apportent quelques touches intéressantes, mais sans réel impact. La plupart des personnages secondaires sont réduits à des silhouettes criardes qui participent au chaos général. Frank Kaquitts, qui joue Sitting Bull, est l’un des rares à dégager une véritable présence, mais son rôle est trop limité pour qu’il puisse donner toute l’ampleur qu’il mérite.

Si l’intention de Robert Altman est claire – démonter les mythes américains et dénoncer la falsification de l’Histoire –, le résultat est un film trop dispersé, où la critique devient redondante et où l’intérêt s’émousse rapidement. Là où M.A.S.H. trouvait un équilibre entre satire et gravité, Buffalo Bill et les Indiens ne semble jamais vraiment savoir s’il veut être une farce cruelle ou une tragédie amère.

le film n’est pas tant une relecture du western qu’un regard cynique sur la manière dont l’Amérique réécrit son propre passé à travers le divertissement. Mais cette dénonciation manque de force, et au lieu d’un portrait marquant d’un mythe déchu, Altman livre une fresque confuse et frustrante. Une belle idée sur le papier, mais une exécution qui laisse sur sa faim.

NOTE : 8.50

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