Vu le film Le Cuirassé Potemkine de Sergei Eisenstein (1925) avec Grigori Alexandrov Andrei Fait Aleksandr Antonov Ivan Bobrov Vladimir Barsky Julia Eisenstein Sergei Eisenstein Constantin Isodorovitch Feldman Protopopov A. Glaouberman (Aba, le garçon tué sur l'escalier)
Le Cuirassé Potemkine (en russe : Броненосец «Потёмкин», Bronenossets « Potiomkine »)
est un film soviétique muet réalisé
par Sergueï
Eisenstein, sorti en 1925.
Il traite de la mutinerie du cuirassé Potemkine au mouillage devant
le port d’Odessa en
1905, de l’insurrection et de la répression qui s’ensuivirent dans la ville. Le
film fut très longtemps interdit dans de nombreux pays occidentaux pour cause
de « propagande bolchevique » et « incitation à la violence de
classe ». Il est considéré comme l'un des plus grands films de propagande de
tous les temps. Il est choisi, en 1958,
comme le meilleur film de tous les temps par 117
critiques internationaux lors de l’Exposition universelle de Bruxelles1,2.
Le film est entré dans le domaine public dans la plupart des pays du monde.
La révolte de l'équipage du cuirassé Potemkine,
le 14 juin 1905 (27 juin dans le calendrier grégorien),
pendant la révolution russe de 1905, est présentée comme
précurseur de la révolution
d'Octobre (1917) et du point de vue des
insurgés.
Le cuirassé reproduit, dans le
microcosme de son équipage, les clivages de la société russe et ses inégalités.
L’une des causes de la mutinerie est la question de la nourriture. Les
officiers présentés comme cyniques et cruels contraignent l’équipage à consommer
de la viande avariée, alors qu’eux-mêmes maintiennent un train de vie
privilégié parmi l’équipage (scène de la vaisselle, « Dieu, donne-moi mon
pain quotidien »).
Sergei Eisenstein signe avec Le
Cuirassé Potemkine (1925) une œuvre majeure du cinéma muet, un film qui
transcende son époque et s’impose comme une révolution cinématographique à part
entière. À travers cette fresque, il ne se contente pas de raconter une révolte
militaire : il orchestre une symphonie visuelle où chaque plan devient un cri,
chaque montage un choc, chaque regard un appel à l’insurrection.
L’histoire, inspirée d’un fait réel
survenu en 1905, met en scène la mutinerie d’un équipage contre l’oppression et
l’injustice. Lorsque les marins du Potemkine refusent de manger une viande
avariée infestée de vers, la tension monte, et la révolte éclate. Ce
soulèvement, d’abord un simple refus de l’inhumanité, devient un symbole de
lutte contre l’oppression tsariste. Mais au-delà du récit, Eisenstein insuffle
à son film une force nouvelle : le montage. Chaque séquence est montée avec une
précision chirurgicale pour maximiser l’impact émotionnel et politique, créant
une dynamique qui emporte le spectateur dans une spirale de tension et de
tragédie.
La scène mythique des escaliers
d’Odessa est sans doute l’un des moments les plus marquants de l’histoire du
cinéma. Ce massacre, orchestré avec une brutalité implacable, donne à voir
l’horreur d’un régime qui n’hésite pas à écraser ses propres citoyens. Le
mouvement des soldats descendant implacablement, la terreur gravée sur les
visages des victimes, le ralentissement tragique du landau dévalant les marches
: tout concourt à une représentation implacable de la répression et de
l’aveuglement du pouvoir. Ce moment, bien plus qu’une scène de guerre, devient
une allégorie de la brutalité du régime tsariste.
Eisenstein excelle à magnifier la masse
anonyme, transformant le peuple en véritable protagoniste du film.
Contrairement aux récits classiques qui s’articulent autour d’individus, Le
Cuirassé Potemkine donne la parole à une collectivité en lutte, incarnée
dans des visages marqués par la douleur, la colère, l’espérance. La mer,
omniprésente, est à la fois le témoin silencieux et la promesse d’un avenir
nouveau.
Le film frappe aussi par son rythme
effréné. En à peine plus d’une heure, il nous plonge dans un tourbillon
d’émotions, nous faisant ressentir la peur, l’indignation et l’élan
révolutionnaire. La musique, ajoutée après coup, n’a fait que renforcer cette puissance
dramatique, rendant l’expérience encore plus immersive.
Le Cuirassé Potemkine
n’est pas seulement un chef-d’œuvre du cinéma soviétique, c’est une pierre
angulaire de l’histoire du cinéma mondial. Il démontre avec éclat que l’image,
lorsqu’elle est portée par une vision et un langage cinématographique novateur,
peut changer la perception du monde. Plus qu’un simple film de propagande, il
reste une œuvre intemporelle, un manifeste de la puissance du cinéma en tant
qu’art et arme politique.
NOTE : 16.10
FICHE TECHNIQUE
- Réalisateur : Sergueï Eisenstein
- Scénario : Sergueï Eisenstein d'après le récit de Nina Agadjanova-Choutko
- Montage : Grigori Alexandrov - Sergueï Eisenstein
- Décors : Vassili Rakhals
- Adjoints : A. Antonov; Mikhail Gomarov, A. Levshine, Maxime Schtrauch
- Régisseur : Yakov Bliokh
- Sous-titres : Nikolaï Asseïev
- Musique : Edmund Meisel, Dmitri Chostakovitch, Nikolaï Krioukov
- Photo : Édouard Tissé - Vladimir Popov
- Production : Goskino (Moscou)
- Producteur : Jacob Bliokh
- Lieux de tournage : port et ville d'Odessa et de Sébastopol
- Distribution : Goskino - Mosfilm
- Grigori Alexandrov : le lieutenant Guiliarovski, commandant en second
- Aleksandr Antonov : Grigory Vakoulintchouk, le marin bolchevique
- Vladimir Barsky : le commandant Golikov
- Ivan Bobrov : un jeune marin, le « bleu », conscrit frappé durant son sommeil
- Julia Eisenstein : la femme au porcelet
- Sergueï Eisenstein : un citoyen d'Odessa
- Andreï Faït : une recrue
- Constantin Isodorovitch Feldman : l'étudiant délégué par les révolutionnaires d'Odessa auprès de l'équipage du Potemkine (rôle réel qu'il avait tenu dans son existence)
- A. Glaouberman : Aba, le garçon tué sur l'escalier
- Glotov : le provocateur antisémite
- Mikhaïl Gomorov : Matouchenko
- Korobei : un matelot vétéran, cul-de-jatte
- Alexandre Levchine : le second maître, officier mesquin
- Maroussov : un officier
- Vladimir Mikhaïlovitch Ouralsky
- N. Poltavseva : l'institutrice portant un lorgnon
- Prokopenko : la mère d'Aba
- Protopopov : un vieil homme
- Repnikova : une femme sur l'escalier
- Maxime Maximovitch Strauch
- Beatrice Vitoldi : la femme avec le landau
- Zerenine : l'étudiant
- Acteurs anonymes :
- un chauffeur : le médecin-major
- un jardinier : le pope
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