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mardi 4 février 2025

12.30 - MON AVIS SUR LE FILM SOUS LE VENT DES MARQUISES DE PIERRE GODEAU (2024)


 Vu le film Sous le Vent des Marquises de Pierre Godeau (2024) avec François Damiens Roman Kolinka Anne Coesens Salomé Dewaels Frank Trillot André Pasquasy Jean Michel Baltazar Benoit Poelvoorde

Alain, un acteur célèbre, accepte de jouer le personnage impossible de Jacques Brel. Conscient qu'il s'agit peut-être du dernier rôle de sa vie, il décide de quitter le plateau en pleine scène pour aller voir Lou, sa fille qu'il n'a pas vue grandir. Contre toute attente, Lou entre peu à peu dans son univers fictionnel.

Sous le vent des Marquises de Pierre Godeau est un film qui, derrière son apparente simplicité, se révèle être une réflexion profonde sur l’identité, le jeu et la frontière floue entre la vie et la fiction. Ce qui semblait d’abord être un simple biopic ou un récit d’acteur en quête de vérité devient peu à peu une fable troublante sur la manière dont un comédien se fond dans son rôle – jusqu’à en être possédé.

Au cœur du film, un acteur se prépare à incarner Jacques Brel à l’écran, mais cette immersion va bien au-delà de la simple composition d’un personnage. Il ne s’agit pas seulement de ressembler à l’icône, mais de comprendre son âme, d’en saisir les silences et les fêlures. François Damiens livre ici l’une de ses plus belles performances, tout en retenue et en nuances. Loin de l’exubérance de ses caméras cachées, il ne force jamais le trait, évitant le piège de l’imitation caricaturale. Il habite son rôle avec une justesse bouleversante, donnant à voir un homme en plein vertige, oscillant entre sa propre identité et celle de Brel.

Fait troublant, l’acteur finit par abandonner ce rôle qui le consume. Mais au lieu de marquer une rupture nette, son départ ouvre une nouvelle interrogation : son remplaçant apparaît à l’écran, presque comme un double, un écho. Comme si, finalement, ces deux comédiens étaient interchangeables, comme si l’incarnation d’un mythe dépassait l’individu. Cette mise en abyme renforce l’étrangeté du film, brouillant encore davantage les frontières entre la réalité et la fiction.

Pierre Godeau capte avec délicatesse cette perte de repères, à travers une mise en scène épurée et contemplative. Contrairement à Jacques Brel, son interprète ne partira pas aux Marquises. Pas d’îles lointaines, pas d’horizons exotiques : le voyage est intérieur. Il se joue dans le regard, dans le doute, dans le poids d’un héritage trop grand à porter.

Le film n’est donc pas seulement un hommage à Brel, mais une réflexion universelle sur la place de l’artiste et le poids des légendes qu’il tente d’incarner. Entre fascination et vertige, Sous le vent des Marquises laisse derrière lui une sensation étrange et envoûtante, comme une chanson qui continue à nous hanter longtemps après sa dernière note.

NOTE : 12.30

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

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