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mardi 25 février 2025

16.30 - MON AVIS SUR LE FILM COMANCHERIA DE DAVID MCKENZIE (2016)


 Vu le film Comancheria de David McKenzie (2016) avec Chris Pine Bern Foster Jeff Bridges Taylor Sheridan Dale Dickey Katy Mickson Kim Gleason Margaret Bowman Marin Ireland

Après la mort de leur mère, deux frères organisent une série de braquages, visant uniquement les agences d'une même banque. Ils n'ont que quelques jours pour éviter la saisie de leur propriété familiale, et comptent rembourser la banque avec leur propre argent.

Comancheria, réalisé par David Mackenzie, est un thriller américain présenté au Festival de Cannes ainsi qu'au Festival du Cinéma Américain de Deauville, en présence du réalisateur pour ce dernier. David Mackenzie ne m'était pas inconnu, ayant déjà réalisé Young Adam et Perfect Sense avec Ewan McGregor, l'affreux Toy Boy avec Ashton Kutcher, mais surtout l'excellent Les Poings contre les murs avec Jack O'Connell, qui démontrait déjà une mise en scène non-manichéenne.

Je suis une nouvelle fois étonné par la traduction du titre anglais en français. Même s'il est question des Comanches dans le film, ce n'est pas le sujet principal. Le titre original Hell or High Water se rapproche davantage de "Advienne que pourra", ce qui correspond mieux à l'esprit du film, que ce soit du côté des deux frères ou de celui du vieux shérif aux portes de la retraite. Mais bon, restons sur le titre français.

La Comancheria désigne la région habitée par les Comanches avant 1860, couvrant l'actuel État du Nouveau-Mexique, l'ouest du Texas et d'autres territoires. Aujourd'hui, Indiens, Latinos et Texans y cohabitent, souvent dans la pauvreté et confrontés à une criminalité impitoyable liée à la drogue.

Au scénario, on retrouve le talentueux Taylor Sheridan, acteur dans les deux premières saisons de Sons of Anarchy et surtout scénariste de l'excellent Sicario de Denis Villeneuve. Malgré tout, Comancheria, en plus d'être un thriller efficace, reste un western urbain dans la lignée d’Un homme est passé de John Sturges, où la modernité rencontre les règles d'antan.

Le film suit deux trajectoires qui ne se croisent que très brièvement : une balle pour l'un, un espoir d'une autre vie pour l'autre. Le shérif Marcus (Jeff Bridges) est un vieux ranger à l'aube de la retraite, mais qui prend un malin plaisir à repousser l'échéance pour rester dans l'action, malgré la fatigue et la sueur qui le surprennent parfois. Accompagné de son coéquipier Alberto Parker (Gil Birmingham), il prend son temps. On est dans l'Ouest poussiéreux, où le temps semble s'étirer.

Jeff Bridges livre une performance d'anthologie dans le rôle de ce flic râleur, attachant et plein de contradictions. Il incarne le dernier chaînon de cet Ouest américain cher à nos cœurs, où les chevaux ont été remplacés par des moteurs rugissants, mais où l'on pourrait encore imaginer un équidé attendre à la pompe de ces nouveaux aventuriers.

De l'autre côté, nous suivons deux frères hors-la-loi. Toby (Chris Pine) ne commet des braquages que pour offrir un avenir à ses deux fils, dont il est séparé de la mère. Son frère Tanner (Ben Foster), quant à lui, n'a plus d'attaches, hormis son frangin. Il vit chaque instant comme le dernier, entre casinos, argent facile et femmes.

Dans ces plaines du Far West, où les Indiens deviennent shérifs et où les Blancs se muent en hors-la-loi, l'antagonisme de l'Ouest américain prend vie, sans jamais prendre le spectateur pour un imbécile. Toby et Tanner sont comme l'eau et le feu : l'un est réfléchi, l'autre impulsif. Pourtant, ils avancent ensemble car, après la mort de leur mère, ils n'ont plus que leur lien fraternel. Chris Pine et Ben Foster livrent des performances impeccables, incarnant à merveille ces frères qui tentent de racheter l'hypothèque de la maison familiale en braquant la banque responsable de leur misère.

Comancheria est avant tout une histoire d'hommes, un western urbain où les femmes sont absentes ou cantonnées à des rôles de ménagères, reflet d'une Amérique puritaine. Les deux duos du film – shérif et adjoint d'un côté, frères hors-la-loi de l'autre – forment des couples indissociables, échangeant des répliques cinglantes telles que : « Un cochon aveugle peut trouver des truffes ».

Le film navigue entre plusieurs genres : fable sociale, thriller, et western contemporain où le shérif pourrait bien se laisser attendrir par le hors-la-loi. On pense à James Stewart, Lee Marvin et John Wayne. En toile de fond, le film dénonce le pouvoir des banques et la domination du pétrole, ce qui résonne particulièrement à quelques mois des élections américaines.

Intéressant de voir qu'un réalisateur britannique puisse avoir autant de passion pour l'Ouest américain et réussir à capturer des paysages majestueux, des ambiances poussiéreuses et des courses-poursuites automobiles dignes des meilleurs westerns avec leurs diligences. Le dernier braquage du film, totalement déjanté, est un moment de pur plaisir cinéphile.

Outre toutes ces qualités, il faut saluer la bande originale exceptionnelle signée par Nick Cave et Warren Ellis. Le film est également ponctué de chansons de Ray Wylie Hubbard, Billy Joe Shaver, Waylon Jennings, Gillian Welch et s'ouvre sur Dollar Bill Blues de Townes Van Zandt, un choix parfait pour plonger dans l'ambiance de l'Ouest. La fin du film laisse une lueur d'espoir dans ce monde de cactus, de champs de pétrole, de poussière et de guitares sèches.

À Deauville, j'ai eu le plaisir de poser avec David Mackenzie, une joie redoublée après avoir vu le film.

NOTE : 16.30

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

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