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mercredi 26 février 2025

8.20 - MON AVIS SUR LE FILM LES FANTOMES DE JONATHAN MILLET (2024)

 


Vu le film Les Fantômes de Jonathan Millet (2024) avec Adam Bessa Tawfeek Barhom Hala Rajab Julia Franz Richter Pascal Cervo Safiqa El Till  Sylvain Samso Faisal Alia Marie Rémond Jacques Follorou

Hamid est membre de Yaqaza, une organisation secrète poursuivant des criminels de guerre ayant sévi lors de la guerre civile syrienne. Il se balade un peu partout, à Strasbourg, à la recherche de son bourreau, dont il n'a jamais vu le visage, qui lui avait fait subir des tortures dans la prison de Saidnaya.

Yara, qui a étudié la médecine en Syrie mais s'occupe d'une boutique de tailleur à Strasbourg, lui donne un tuyau sur l'endroit où se trouve Sami Hanna, l'homme qui le battait brutalement chaque semaine, lui ainsi que d'autres prisonniers civils. Sous le nom de Harfaz, il étudie la chimie à Strasbourg.

Les Fantômes de Jonathan Millet est un film d’espionnage qui se démarque des grandes productions du genre par son approche intimiste et son ambiance froide et minimaliste. Plutôt que d’opter pour l’action spectaculaire et le suspense haletant des thrillers classiques, le réalisateur choisit de suivre le parcours intérieur d’un homme hanté par son passé, en quête de justice autant que de rédemption.

 

L’histoire suit Hamid, un réfugié syrien installé en France, qui travaille secrètement pour une organisation traquant d’anciens criminels de guerre syriens ayant trouvé refuge en Europe. Sa mission le mène à Strasbourg, où il recherche obstinément Harfaz, un ancien tortionnaire qu’il veut retrouver à tout prix. Mais ce n’est pas un agent secret comme les autres : Hamid est taiseux, replié sur lui-même, prisonnier de ses souvenirs et de sa douleur. Même ses conversations avec sa mère au téléphone sont marquées par une distance affective, comme s’il était incapable de renouer avec une vie normale tant que son objectif n’est pas accompli.

 

Visuellement, le film plonge le spectateur dans une atmosphère glaçante, où les décors urbains austères et la mise en scène épurée accentuent le sentiment d’isolement du héros. Il ne s’agit pas d’un film d’action, mais d’une traque psychologique où chaque silence en dit plus long que les dialogues. Cette sobriété se retrouve également dans le jeu d’Adam Bessa, impressionnant de retenue et d’intensité contenue. Il incarne un homme brisé, dont la quête de vengeance n’est pas un simple désir de représailles, mais une nécessité pour exorciser ses propres fantômes.

 

Le film explore des thématiques profondes comme le deuil, la mémoire et la justice. Hamid est-il un héros ou un homme consumé par sa propre souffrance ? La vengeance peut-elle réellement apaiser ses blessures ? Ces questions traversent le récit, donnant au film une dimension méditative qui tranche avec les standards du film d’espionnage classique.

 

Toutefois, cette approche volontairement froide et introspective peut aussi être perçue comme une faiblesse. Le rythme lent, le refus du spectaculaire et l’absence d’émotions démonstratives peuvent laisser certains spectateurs sur le bord de la route. Il ne faut pas s’attendre à un thriller nerveux et haletant, mais plutôt à une plongée silencieuse dans les méandres de la mémoire et du traumatisme.

Les Fantômes est un film exigeant, qui s’adresse aux amateurs de récits épurés et psychologiques, plutôt qu’aux fans de films d’espionnage classiques. Il offre un regard singulier sur la vengeance et le poids du passé, porté par une mise en scène soignée et une interprétation habitée. Un film à voir si l’on accepte de se laisser happer par son atmosphère hypnotique et son rythme contemplatif.

NOTE : 8.20

FICHE TECHNIQUE

  • Réalisation : Jonathan Millet
  • Scénario : Jonathan Millet et Florence Rochat
  • Musique : Yuksek
  • Musique additionnelle: Lucas Verreman
  • Décors : Esther Mysius
  • Costumes : Anne-Sophie Gledhill
  • Photographie : Olivier Boonjing
  • Son : Nicolas Waschkowski
  • Montage : Laurent Sénéchal
  • Production : Pauline Seigland
  • Coproduction : Julie Esparbes et Nicole Gerhards
  • Production associée : Lionel Massol
  • Sociétés de production : Films Grand Huit, en coproduction avec Arte France Cinéma (France), Hélicotronc (Belgique) et Niko Films (Allemagne)
  • Sociétés de distribution : Memento Distribution (France) ; cineworx (Suisse romande)
  • Budget : 3,9 millions €

DISTRIBUTION

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