Vu La Cité de la Peur de Alain Berberian (1994) avec Alain Chabat Chantal Lauby Dominique Farrugia Gérard Darmon Tcheky Karyo Sam Karmann Jean Pierre Bacri Valérie Lemercier Marc de Jonge Daniel Gélin Jean Christophe Bouvet Dominique Besnehard
Pas facile pour Odile Deray,
petite attachée de presse de cinéma, de faire parler de son film "Red is
Dead" lors du festival de Cannes. Il faut avouer qu'il s'agit d'un film
d'horreur de série Z, un petit budget aux acteurs improbables. Pourtant, un
jour, la chance sourit à Odile : un tueur commet des meurtres exactement de la
même manière que dans son film. L'occasion est trop belle : de vrais meurtres,
en plein Festival de Cannes. Comme publicité, on ne peut pas rêver mieux.
On commence le défi du mois avec
une petite Carioca entre Chabat et Darmon que demander de plus
La Cité de la Peur, réalisé par Alain Berbérian, est
une véritable pépite de la comédie française. Trente ans après sa sortie, ce
film reste une référence incontournable du cinéma absurde et parodique, une
œuvre unique qui continue de faire éclater de rire des générations entières.
Porté par le talent inégalé des Nuls — Chantal Lauby, Alain Chabat et Dominique
Farrugia —, le film est une succession de vannes et de gags aussi absurdes que
brillants, devenus cultes avec le temps.
L’histoire, qui tourne autour du
meurtre en série des projectionnistes d’un nanar intitulé Red is Dead
lors du Festival de Cannes, est en soi un prétexte génial pour multiplier les
situations loufoques. Ce n’est pas tant l’intrigue policière qui importe que la
manière dont les Nuls s’en emparent pour déconstruire, moquer et réinventer les
codes du cinéma, et plus largement de la culture populaire. Chaque scène,
chaque réplique, est un écrin de second degré, d’auto-dérision et de jeux de
mots qui fonctionnent à merveille.
Alain Chabat, en inspecteur
"Serge Karamazov", est irrésistible dans son rôle de faux dur au Q.I.
douteux, courant toujours après une logique qu’il n’atteindra jamais. Son
talent comique naturel et sa capacité à jouer avec le ridicule sont le cœur
battant du film. Chantal Lauby, quant à elle, brille en Odile Deray, attachée
de presse désinvolte et pragmatique, un personnage à travers lequel elle
dévoile une palette humoristique trop peu exploitée dans sa carrière. Enfin,
Dominique Farrugia, éternellement "content", incarne Simon Jérémi
avec une naïveté désarmante, offrant des moments hilarants grâce à son phrasé
unique et ses expressions absurdes.
Le génie des Nuls réside aussi
dans leur capacité à multiplier les niveaux de lecture. Certes, le film regorge
de références à leurs émissions sur Canal+, comme Objectif Nul ou Les
Nuls l’Emission, et pour pleinement apprécier cet univers, mieux vaut en
maîtriser les codes. Mais au-delà des clins d’œil à leur propre humour, La
Cité de la Peur s’amuse à parodier les genres : du film noir à la romance,
en passant par le film d’action et même la comédie musicale (qui peut oublier
la chorégraphie absurde sur La Carioca ?). Ces pastiches universels
garantissent que, même sans être un fan des Nuls, on trouve de quoi
s’esclaffer.
Ce qui rend le film si intemporel,
c’est sa capacité à combiner une écriture irrévérencieuse, des gags visuels
impeccablement chorégraphiés, et une absurdité totalement assumée. Le timing
comique, la mise en scène audacieuse d’Alain Berbérian et l’alchimie parfaite
entre les acteurs font de La Cité de la Peur une œuvre d’une rare
efficacité.
La Cité de la Peur n’est pas qu’un film drôle : c’est un monument de la culture populaire française, une satire intelligente et délirante qui a su capturer l’esprit d’une époque tout en restant hilarante des décennies plus tard. Si l’on regrette l’absence du regretté Bruno Carette, son esprit plane sur chaque réplique. Que l’on soit fan des Nuls ou simple amateur de comédies absurdes, il est impossible de ne pas être "content, très content" après avoir vu (ou revu) ce chef-d’œuvre
NOTE : 13.10
FICHE TECHNIQUE
Réalisation : Alain Berbérian
Scénario : Les Nuls (Alain Chabat, Dominique Farrugia et Chantal Lauby)
Décors : Jean-Marc Kerdelhue
Photographie : Laurent Dailland
Montage : Véronique Parnet
Musique : Philippe Chany
Production : Charles Gassot
Société de production : Téléma, Le Studio Canal+, France 3 Cinéma, M6 Films (TF1 Studio pour la version restaurée de 20191).
Société de distribution : AMLF (Studiocanal pour la version restaurée de 20191).
Pays d'origine : Drapeau de la France France
DISTRIBUTION
- Alain Chabat : Serge Karamazov, garde du corps / Youri (dans Red Is Dead) / Jacques, le journaliste
- Chantal Lauby : Odile Deray, attaché de presse / Louise, la journaliste
- Dominique Farrugia : Simon Jérémi, comédien / Benjamin (dans Red Is dead) / Michel, le journaliste
- Gérard Darmon : commissaire Patrick Bialès / Maurice Bialès / Alicia Lampéro
- Sam Karmann : Émile Gravier, projectionniste
- Patrick Lizana : Grimaldi l’adjoint de Bialès
- Jean-Christophe Bouvet : Jean-Paul Martoni, politicien corrompu
- Éric Prat : Philippe Garcia, responsable de l'interrogatoire
- Marc de Jonge : le patron de Karamazov
- Artus de Penguern : Sens
- Hélène de Fougerolles : Sandy (dans Red Is Dead)
- Tchéky Karyo : M. Jacques, le 1er projectionniste
- Daniel Gélin : M. Mireille, le 2e projectionniste
- Jean-Pierre Bacri : le 3e projectionniste
- Eddy Mitchelln 1 : le 4e projectionniste
- Valérie Lemercier : la veuve de M. Jacques
- Géraldine Bonnet-Guérin : Tiffany, la secrétaire de l'agence de sécurité
- Dominique Besnehard : le journaliste à la sortie du cinéma Cameo
- Florence Viala : Martine
- Michel Hazanavicius : Régis
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire