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mardi 24 décembre 2024

15.10 - MON AVIS SUR LE FILM TO BE OR NOT TO BE DE ERNST LUBITSCH (1942)


 Vu    le film To Be Or Not to Be de Ernst Lubitsch (1942) avec Robert Stack Carole Lombard Jack Benny Félix Bressart Sig Ruman Helmut Dantine Danny Borzage Charles Halton Tom Dugan George Lynn

Pendant l'occupation nazie de la Pologne, une troupe d'acteurs est impliquée dans les efforts d'un soldat polonais cherchant un espion allemand. En effet, Joseph et sa troupe doivent déjouer l'attention des nazis et arrêter le Professeur Siletsky avant qu'il ne divulgue une liste des membres de la résistance polonaise.

To Be or Not to Be est un joyau intemporel du cinéma, une preuve éclatante du génie de Lubitsch, maître du ton en équilibre. Avec une légèreté apparente, il façonne une satire d'une intensité féroce, où l’humour devient une arme tranchante contre la barbarie. Sorti en 1942, en pleine Seconde Guerre mondiale, ce film n’est pas seulement une comédie – c’est un acte de courage artistique, un défi lancé à la tyrannie par le biais de l’esprit et de la finesse.

L’histoire se déroule à Varsovie, sous l’ombre oppressante de l’occupation nazie. Une troupe de théâtre, menée par l’acteur narcissique Joseph Tura (Jack Benny) et sa femme Maria (Carole Lombard, radieuse et lumineuse dans son dernier rôle), se retrouve mêlée à un complot pour déjouer les plans des nazis. Par une série de quiproquos audacieux et d’identités échangées, ils infiltrent les hautes sphères de l’ennemi. Cette intrigue, qui pourrait être sombre, devient sous la plume de Lubitsch un ballet exquis où le rire côtoie l’angoisse, où chaque réplique fait mouche avec une précision chirurgicale.

L’humour de Lubitsch, souvent qualifié de « touche Lubitsch », brille ici dans toute sa splendeur. Il transforme les tragédies humaines en un théâtre d’absurde, sans jamais trahir leur gravité. Prenons, par exemple, cette scène culte où un officier nazi demande : « Alors, qu’est-ce que ce Hitler a de si spécial ? » pour se voir répondre : « Il est très difficile de le jouer ! » Cette pirouette, à la fois hilarante et glaçante, illustre la capacité du film à ridiculiser l’idéologie nazie tout en soulignant son absurdité tragique.

Mais sous la comédie, il y a une histoire profondément humaine. Lubitsch explore la survie, la résistance, et même l’ego – celui des acteurs autant que des dictateurs. À travers Joseph Tura, il interroge la place de l’artiste en temps de guerre : que peut l’art face à la brutalité ? Peut-il être une forme de résistance ? Ici, le théâtre devient une arme, le déguisement un moyen de survie, et la performance une manière de reprendre le pouvoir.

Le film est également marqué par un mélange de violence sous-jacente et de légèreté éclatante. Les nazis sont présentés comme à la fois grotesques et menaçants, une dualité qui reflète leur danger réel. Ce contraste renforce l’impact émotionnel, et l’on rit autant que l’on frémit.

En écho au Dictateur de Chaplin, sorti deux ans plus tôt, To Be or Not to Be utilise l’humour pour dénoncer l’horreur. Mais là où Chaplin s’attaque frontalement à Hitler, Lubitsch préfère la subtilité, le jeu de masques et l’ironie. Les deux approches se complètent et témoignent du pouvoir du cinéma comme arme de résistance culturelle.

Au-delà de sa dimension historique et politique, To Be or Not to Be demeure une œuvre d’une modernité frappante. La mécanique impeccable de son scénario, l’interprétation brillante de ses acteurs, et sa capacité à provoquer à la fois le rire et la réflexion en font un chef-d’œuvre inaltérable.

Ce film rappelle que l’humour peut être un acte de rébellion, que le rire peut désarmer les pires tyrans, et que même dans les heures les plus sombres, l’humanité peut briller par son esprit et sa résilience. À voir, revoir, et chérir.

NOTE : 15.10

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

Acteurs non crédités

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