Vu le film Bande à part de Jean Luc Godard (1964) avec Anna Karina Sami Frey Claude Brasseur Chantal Darget Louisa Colpeyn Ernest Menzer Danièle Girard Georges Staquet Michel Delahaye Jean Claude Remoleux
Franz fréquente Odile, charmante
jeune fille lunaire et naïve qu'il a rencontrée à son cours d'anglais dans un
institut privé parisien. Odile révèle à Franz que sa tante Victoria qui
l'héberge loue une chambre de son pavillon de Joinville à un mystérieux M.
Stoltz, qui y cacherait une grosse somme d'argent liquide.
Jean-Luc Godard continue de ma diviser. Avec Bande
à part, il continue de déconstruire le cinéma classique, au risque d'égarer
ceux qui s'attendent à une narration conventionnelle. La voix off omniprésente,
typique du style godardien, joue ici le rôle d'un guide détaché, presque
ironique. On pourrait la percevoir comme une tentative de créer un cinéma où
les émotions se construisent davantage dans la tête du spectateur que dans
l'intrigue même. Mais, pour beaucoup, cette froideur rompt l'immersion.
Le scénario, ou plutôt son
absence, est volontaire. Godard saute d’une scène à l’autre avec un apparent
mépris pour la logique narrative. Ce manque de continuité peut sembler
frustrant, mais il reflète une quête : celle de capturer des fragments de vie, comme
des morceaux épars de poésie visuelle. Cela dit, sans la touche dramatique d'un
Rohmer ou la folie d'un Truffaut, ce jeu de puzzle reste parfois hermétique.
Heureusement, Bande à part
trouve son charme ailleurs : dans son trio d’acteurs magnétique. Anna Karina,
Sami Frey et Claude Brasseur insufflent à ce film une légèreté unique. La scène
de la danse au café, où leurs corps s'accordent brièvement avant de diverger,
est un moment iconique de la Nouvelle Vague : joyeux, absurde, intemporel. De
même, leur course à travers le Louvre est une parenthèse enchantée dans ce
Paris en noir et blanc.
Ah, Paris. C’est peut-être là que Bande
à part me touche : dans ses déambulations mélancoliques. Ce métro, ces rues
grises et modestes, filmés avec une simplicité désarmante, sont les vrais
témoins du récit. C'est un Paris qui vit et respire, loin des clichés
touristiques.
Pour les amoureux de la Nouvelle
Vague, le film est une déclaration d’amour au cinéma libre. Pour les autres, il
peut se réduire à une collection de jolies images et d’excentricités. Votre
ressenti est donc légitime : Godard exige qu'on le rencontre à mi-chemin, et
parfois, on n'en a tout simplement pas envie. Mais même si Bande à part
ne vous réconcilie pas avec lui, peut-être vous laissera-t-il quelques
souvenirs : un pas de danse, une rue parisienne, une lumière. C’est peu, mais
parfois, c’est tout ce que le cinéma peut offrir.
NOTE : 7.30
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Jean-Luc Godard, assisté de Jean-Paul Savignac et Pierre Delanjeac
- Scénario : Jean-Luc Godard
- Photographie : Raoul Coutard
- Cadreur : Georges Liron
- Montage : Françoise Collin, Agnès Guillemot et Dahlia Ezove
- Musique : Michel Legrand et Jean Ferrat
- Costumes : Christiane Fageol
- Société de production : Anouchka Films, Orsay Films
- Société de distribution : Columbia France
- Pays de production : France
- Anna Karina : Odile
- Sami Frey : Franz
- Claude Brasseur : Arthur
- Danièle Girard : la professeure d'anglais
- Louisa Colpeyn : Madame Victoria
- Chantal Darget : la tante d'Arthur
- Georges Staquet : le légionnaire
- Ernest Menzer : l'oncle d'Arthur
- Jean-Claude Rémoleux : l'élève buveur d'alcool
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire