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lundi 23 décembre 2024

14.10 - MON AVIS SUR LE FILM LES ANGES AUX FIGURES SALES DE MICHAEL CURTIZ (1938)


 Vu  le film Les Anges aux Figures Sales de Michael Curtiz (1938) avec James Cagney Humphrey Pat O’Brien Ann Sheridan George Bancroft Leo Garcey Bernard Pusley Billy Halop Huntz Hall Wilfred Lucas Joe Devlin

Rocky Sullivan et Jerry Connolly ont grandi ensemble dans Hell's Kitchen. Quand ils se retrouvent quelques années plus tard, le premier est devenu un gangster, le second un prêtre dont le but est de remettre dans le droit chemin des enfants défavorisés. Par amitié, Rocky va faire pression à sa manière sur les notables qui financent sans conviction les œuvres de Jerry dont l'idéalisme est peu en accord avec les codes et les tentations de ses jeunes apprentis délinquants.

Michael Curtiz livre avec Les Anges aux Figures Sales (Angels with Dirty Faces, 1938) un chef-d'œuvre du film noir, une fresque aussi sombre qu’électrisante qui mêle drame social, critique morale et tension criminelle. James Cagney, véritable étoile de l’âge d’or hollywoodien, incarne ici Rocky Sullivan, un gangster à la fois charismatique et tragique, dont l’ombre plane sur les rues du Hell’s Kitchen. Cagney illumine l’écran, passant sans effort de la brutalité à une humanité désarmante, dans un rôle qui consolide son statut d’icône du genre.

À ses côtés, Humphrey Bogart, encore dans l'ombre des rôles légendaires qui marqueront sa carrière, offre une performance glaçante en avocat corrompu, tandis que Pat O’Brien campe Jerry Connolly, un prêtre et ami d’enfance de Rocky, dans un duel moral saisissant entre rédemption spirituelle et loyauté criminelle.

L’importance des Bowery Boys, cette bande de jeunes voyous fascinés par Rocky, est cruciale. Ils incarnent l’innocence menacée par le piège de l’admiration pour une figure criminelle charismatique. Ces gamins, qui apparaissent dans près de 45 films au cours de leur existence cinématographique, symbolisent ici la jeunesse en quête de modèles, au risque de sombrer dans la violence des rues.

Curtiz orchestre cette histoire avec un sens aigu de la mise en scène. Les jeux d’ombre et de lumière, caractéristiques du film noir, renforcent la dualité entre le bien et le mal, tout en capturant la noirceur des ruelles de Hell’s Kitchen. La confrontation entre la religion et la criminalité, magnifiquement incarnée dans les débats entre Rocky et Jerry, semble avoir défié les censeurs de l’époque. Pourtant, Curtiz contourne habilement ces obstacles en livrant un final moral ambigu et déchirant.

La scène finale, où Rocky est conduit à la chaise électrique, reste l’un des moments les plus puissants du cinéma classique. La question de savoir si sa lâcheté apparente est feinte pour décourager les Bowery Boys ou réelle dans un ultime instant de vulnérabilité laisse le spectateur tiraillé entre admiration et tristesse.

Les Anges aux Figures Sales transcende son statut de simple film noir pour devenir une réflexion poignante sur l’influence, les choix moraux et les sacrifices. C’est un classique intemporel qui résonne encore aujourd’hui, un sommet du genre porté par un James Cagney au sommet de son art.

NOTE : 14.10

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Acteurs non crédités

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