Vu le film Les Anges aux Figures Sales de Michael Curtiz (1938) avec James Cagney Humphrey Pat O’Brien Ann Sheridan George Bancroft Leo Garcey Bernard Pusley Billy Halop Huntz Hall Wilfred Lucas Joe Devlin
Rocky Sullivan et Jerry Connolly
ont grandi ensemble dans Hell's Kitchen. Quand ils se retrouvent
quelques années plus tard, le premier est devenu un gangster,
le second un prêtre dont le but est de remettre
dans le droit chemin des enfants défavorisés. Par amitié, Rocky va faire
pression à sa manière sur les notables qui financent sans conviction les œuvres
de Jerry dont l'idéalisme est peu en accord avec les codes et les tentations de
ses jeunes apprentis délinquants.
Michael Curtiz livre avec Les
Anges aux Figures Sales (Angels with Dirty Faces, 1938) un
chef-d'œuvre du film noir, une fresque aussi sombre qu’électrisante qui mêle
drame social, critique morale et tension criminelle. James Cagney, véritable
étoile de l’âge d’or hollywoodien, incarne ici Rocky Sullivan, un gangster à la
fois charismatique et tragique, dont l’ombre plane sur les rues du Hell’s
Kitchen. Cagney illumine l’écran, passant sans effort de la brutalité à une
humanité désarmante, dans un rôle qui consolide son statut d’icône du genre.
À ses côtés, Humphrey Bogart,
encore dans l'ombre des rôles légendaires qui marqueront sa carrière, offre une
performance glaçante en avocat corrompu, tandis que Pat O’Brien campe Jerry
Connolly, un prêtre et ami d’enfance de Rocky, dans un duel moral saisissant
entre rédemption spirituelle et loyauté criminelle.
L’importance des Bowery Boys,
cette bande de jeunes voyous fascinés par Rocky, est cruciale. Ils incarnent
l’innocence menacée par le piège de l’admiration pour une figure criminelle
charismatique. Ces gamins, qui apparaissent dans près de 45 films au cours de
leur existence cinématographique, symbolisent ici la jeunesse en quête de
modèles, au risque de sombrer dans la violence des rues.
Curtiz orchestre cette histoire
avec un sens aigu de la mise en scène. Les jeux d’ombre et de lumière,
caractéristiques du film noir, renforcent la dualité entre le bien et le mal,
tout en capturant la noirceur des ruelles de Hell’s Kitchen. La confrontation
entre la religion et la criminalité, magnifiquement incarnée dans les débats
entre Rocky et Jerry, semble avoir défié les censeurs de l’époque. Pourtant,
Curtiz contourne habilement ces obstacles en livrant un final moral ambigu et
déchirant.
La scène finale, où Rocky est
conduit à la chaise électrique, reste l’un des moments les plus puissants du
cinéma classique. La question de savoir si sa lâcheté apparente est feinte pour
décourager les Bowery Boys ou réelle dans un ultime instant de vulnérabilité
laisse le spectateur tiraillé entre admiration et tristesse.
Les Anges aux Figures Sales transcende son statut de simple
film noir pour devenir une réflexion poignante sur l’influence, les choix
moraux et les sacrifices. C’est un classique intemporel qui résonne encore
aujourd’hui, un sommet du genre porté par un James Cagney au sommet de son art.
NOTE : 14.10
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Michael Curtiz
- Scénario : John Wexley, Warren Duff (en), Ben Hecht (non crédité) et Charles MacArthur (non crédité), d'après l'histoire de Rowland Brown
- Musique : Max Steiner
- Photographie : Sol Polito
- Montage : Owen Marks
- Direction artistique : Robert M. Haas
- Costumes : Orry-Kelly
- Production : Samuel Bischoff, Hal B. Wallis (producteur exécutif) et Jack L. Warner (producteur exécutif) (non crédités)
- Société de production : First National Pictures et Warner Bros. Pictures
- Société de distribution : Warner Bros. Pictures
- James Cagney (VF : Robert Ancelin) : William 'Rocky' Sullivan
- Pat O'Brien (VF : René Fleur) : Fr. Jerome 'Jerry' Connelly
- Humphrey Bogart (VF : Maurice Dorléac) : James 'Jim' Frazier
- Ann Sheridan (VF : Colette Broïdo) : Laury Ferguson
- George Bancroft (VF : Antoine Balpêtré) : Mac Keefer
- Billy Halop (en) : Soapy
- Bobby Jordan (en) : Swing
- Leo Gorcey : Bim
- Gabriel Dell (en) : Pasty
- Huntz Hall : Crab
- Bernard Punsly (en) : Hunky
- Joe Downing : Steve
- Edward Pawley : Edwards
- Adrian Morris : Blackie
- Acteurs non crédités
- Lane Chandler : un garde
- William Edmunds : le commerçant italien
- Mary Gordon : Mme Patrick McGee
- Frank Hagney : Sharpie
- John Hamilton : un capitaine de police
- Robert Homans : un policier
- Vera Lewis : la mère de Soapy
- Belle Mitchell : Mme Maggione
- Oscar O'Shea : Kennedy
- Charles Trowbridge : Norton J. White
- Charles C. Wilson : le lieutenant de police Buckley
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