Vu le film L’Eté Meurtrier de Jean Becker (1983) avec Isabelle Adjani Michel Galabru Alain Souchon Suzanne Flon Jenny Clèves Maria Machado Evelyne Didri Jean Gaven François Cluzet Manuel Gélin Roger Carel
1976.
Éliane, dite « Elle », séduisante jeune femme de vingt ans, d'une
sensualité troublante et provocante, emménage dans un village provençal avec
son père adoptif, Gabriel, paralytique qui refuse de s'occuper d'elle et sa
mère, surnommée « Eva Braun » à cause de son origine allemande. Dans
le village, Florimond (de son vrai prénom Fiorimondo), surnommé « Pin
Pon », qui travaille au garage d'« Henri IV » et comme pompier
volontaire et vit avec sa mère, sa tante sourde et ses deux frères Mickey et
Boubou dans la grande maison familiale, s'intéresse à la jeune femme
aguicheuse. « Elle » manifeste également son intérêt à « Pin
Pon » et une romance naît
L'Été meurtrier de Jean Becker est un chef-d'œuvre
du thriller psychologique, un polar incandescent qui résonne encore plus fort
aujourd'hui, à l'ère du mouvement #MeToo. Adapté du roman de Sébastien
Japrisot, le film explore des thèmes brûlants comme la violence sexuelle, la
manipulation, et les déflagrations intimes et sociales de la quête de
vengeance.
Isabelle Adjani incarne Eliane, alias « Elle », une jeune
femme fascinante et troublante, à la fois ange vengeur et victime de son propre
passé. Adjani est prodigieuse, insufflant à son personnage une sensualité
sauvage et une fragilité désarmante. Eliane, fruit tragique d’un viol subi par
sa mère (Suzanne Flon, émouvante dans son rôle de femme brisée), revient dans
le village natal de sa famille avec un plan de vengeance méticuleux. Sa cible :
les responsables de l’agression. Pourtant, cette quête se dérobe sous ses
pieds, alimentée par des non-dits familiaux et les manipulations d’un beau-père
ambigu.
L’histoire prend une tournure déchirante lorsqu’Eliane
tombe amoureuse de Pin Pon (Alain Souchon, à contre-emploi mais bouleversant),
un pompier doux et rêveur qui semble être son seul refuge dans ce tourbillon de
violence et de ressentiment. La relation entre Eliane et Pin Pon, oscillant
entre passion, méfiance et tragédie annoncée, est le cœur battant du film. Mais
lorsque les indices s’accumulent et que les vérités cachées émergent, le
spectateur est pris au piège d’une spirale implacable, où chaque geste, chaque
révélation semble précipiter l’inéluctable.
Jean Becker signe une mise en scène étouffante et
charnelle, où les paysages d’été, baignant dans une lumière dorée, contrastent
avec la noirceur des âmes. Les flashbacks sont distillés avec une précision
chirurgicale, dévoilant petit à petit les fractures du récit, tout en
maintenant une tension quasi insoutenable. Le film pose une question
essentielle et intemporelle : la vengeance peut-elle réparer les injustices du
passé ? Ou engendre-t-elle seulement plus de souffrance ?
Le scénario joue habilement avec les perceptions du
spectateur, brouillant la frontière entre culpabilité et innocence, entre
bourreaux et victimes. Si le personnage d’Eliane incarne une forme de
résilience, son chemin tragique illustre aussi les dangers de l’isolement et de
l’instrumentalisation des blessures personnelles.
Avec sa profondeur psychologique, ses personnages
complexes et une Adjani impériale, L'Été meurtrier reste un sommet du
cinéma français. Plus de 40 ans après sa sortie, son analyse de la violence
systémique et des dynamiques de pouvoir dans les relations humaines conserve
une actualité glaçante. La justice et la vengeance s’y heurtent dans un ballet
fatal, nous laissant face à une vérité brutale : la douleur ne trouve pas
toujours de catharsis.
Michel Galabru (Gabriel, le beau-père) est terrifiant de
duplicité. Il s’éloigne de ses rôles comiques habituels pour incarner un
personnage ambigu, presque reptilien, dont les intentions troubles teintent le
récit d’une menace latente. Galabru capte parfaitement la lâcheté et
l’opportunisme du patriarcat rural.
NOTE : 15.10
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Jean Becker, assisté de Stéphane Clavier
- Scénario : Jean Becker et Sébastien Japrisot, d'après son roman éponyme
- Photographie : Étienne Becker
- Décors : Jean-Claude Gallouin
- Son : Guillaume Sciama
- Musique : Georges Delerue
- Montage : Jacques Witta
- Casting : Margot Capelier
- Production : Christine Beytout
- Directeur de production : Alain Darbon
- Affiche : Clément Hurel
- Isabelle Adjani : Éliane Wieck, dite « Elle »
- Alain Souchon : Fiorimondo « Florimond » Montecciari, dit « Pin-Pon »
- Suzanne Flon : Nine, dite « Cognata »
- Jenny Clève : Madame Montecciari, la mère de « Pin Pon »
- Maria Machado : Paula Wieck Devigne, dite « Eva Braun », mère de « Elle »
- Évelyne Didi : Mademoiselle Dieu, « Calamité », la maîtresse d'école de « Elle »
- Jean Gaven : Leballech, le patron de la scierie
- François Cluzet : Mickey, le frère de « Pin-Pon »
- Manuel Gélin : Boubou, le second frère de « Pin-Pon »
- Roger Carel : Henri dit « Henri IV », le garagiste et patron de « Pin-Pon »
- Michel Galabru : Gabriel Devigne, le père d'Eliane
- Marie-Pierre Casey : Mademoiselle Tussaud, la garde-malade
- Cécile Vassort : Josette, la femme de « Henri IV »
- Édith Scob : la doctoresse
- Martin Lamotte : Georges Massigne
- Yves Afonso : Rostollan
- Raymond Meunier : Monsieur Brochard
- Jacques Dynam : Ferraldo, le patron de l'entreprise de transport
- Jacques Nolot : Fiero
- Patrice Melennec : Pamier
- Daniel Langlet : le maître d'hôtel
- Max Morel : Touret, le type libidineux
- Maïwen Le Besco : « Elle » enfant
- Virginie Vignon : Lou Lou Lou
- Catherine Le Couey : Madame Brochard
- Pierre Gallon : l'ophtalmologiste
- Cynthia Sidney : l'assistante de Touret
- Renaud Bossert
- Marie Garcin
- Arianne Goullioud
- Laurence Claverie
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