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mercredi 18 décembre 2024

13.60 - VU LE FILM LE GRAND CARNAVL DE ALEXANDRE ARCADY (1983)


Vu le film Le Grand Carnaval de Alexandre Arcady (1983) avec Philippe Noiret Roger Hanin Edward Meeks Marthe Villalonga Gérard Darmon Jean Pierre Bacri Michel Creton Patrick Bruel Said Amadis Fiona Gélin Alain le Henry Tarak Harbi Peter Riegert

Novembre 1942. Les troupes américaines débarquent à Tadjira, petite ville d'Algérie. La population, composée de pieds-noirs et d'Algérien, va devoir adapter ses coutumes avec celles des nouveaux arrivants. Le maire d'un village algérien et son ami cafetier décident de tirer parti de l'arrivée des troupes américaines.

Un an après le succès du Grand Pardon, Alexandre Arcady retourne derrière la caméra avec Le Grand Carnaval, un projet plus intime, ancré dans ses souvenirs d’enfance et dans la mémoire collective de l’Algérie française pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce film, à la fois ambitieux et maladroit, oscille entre la fresque historique et l’exploration de trajectoires individuelles, sans toujours trouver un équilibre.

Arcady réemploie plusieurs comédiens de son précédent succès, comme une troupe fidèle à son univers. Pourtant, ce qui fonctionnait avec une efficacité remarquable dans Le Grand Pardon se dissipe ici dans un certain chaos narratif. Le réalisateur embrasse trop de pistes, de thèmes, et de personnages, sans parvenir à les approfondir tous. Ce sentiment de « fourre-tout » fait que certains protagonistes, pourtant portés par des comédiens de talent, sont sacrifiés en cours de route. Philippe Noiret, immense acteur, se retrouve ainsi étrangement sous-exploité, comme s’il errait dans un scénario qui ne savait plus quoi lui offrir.

Cependant, même dans cette dispersion, Le Grand Carnaval laisse éclore des moments de cinéma authentiques, vibrants, où Alexandre Arcady révèle une sincérité touchante. Car si le film a ses défauts – des longueurs, des scènes parfois théâtrales à l’excès –, il possède aussi ses qualités. L’Algérie, filmée avec un regard tendre, devient un personnage à part entière, avec ses tensions, ses contrastes et ses couleurs, magnifiquement capturées par la caméra.

Le film repose surtout sur quelques fulgurances d’interprétation. Impossible de ne pas évoquer le duo composé de Jean-Pierre Bacri et Richard Darmon, ici dans un contre-emploi audacieux. Grimés en travestis pour une scène délirante et libératrice, ils offrent un moment inoubliable, entre burlesque et poésie, qui transcende le film. Bacri, en particulier, danse comme un possédé, injectant une énergie brute qui tranche avec certaines scènes plus contemplatives du film.

Arcady semble vouloir tout dire : raconter l’exil, l’appartenance, l’amour, l’humour face à l’absurde de l’Histoire, mais à force de multiplier les voix, il en perd la fluidité. Là où Le Grand Pardon proposait une narration maîtrisée autour de conflits familiaux et moraux, Le Grand Carnaval s’éparpille dans une fresque moins structurée, certes vivante, mais parfois bancale.

Reste que ce film témoigne d’un courage artistique. Alexandre Arcady ne craint pas l’exagération, les silences ou même le kitsch, ce qui lui confère une patte singulière, sincère, et finalement attachante. Malgré ses imperfections, Le Grand Carnaval parle à ceux qui acceptent d’y voir un cinéma de mémoire, d’émotions et d’imperfections humaines. Car comme ses personnages, ce film est à la fois bancal et vibrant, chaotique et habité.

NOTE : 13.60

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