Vu le film Le Grand Carnaval de Alexandre Arcady (1983) avec Philippe Noiret Roger Hanin Edward Meeks Marthe Villalonga Gérard Darmon Jean Pierre Bacri Michel Creton Patrick Bruel Said Amadis Fiona Gélin Alain le Henry Tarak Harbi Peter Riegert
Novembre 1942. Les troupes américaines
débarquent à Tadjira, petite ville d'Algérie. La population, composée de
pieds-noirs et d'Algérien, va devoir adapter ses coutumes avec celles des
nouveaux arrivants. Le maire d'un village algérien et son ami cafetier décident
de tirer parti de l'arrivée des troupes américaines.
Un an après le succès du Grand
Pardon, Alexandre Arcady retourne derrière la caméra avec Le Grand
Carnaval, un projet plus intime, ancré dans ses souvenirs d’enfance et dans
la mémoire collective de l’Algérie française pendant la Seconde Guerre
mondiale. Ce film, à la fois ambitieux et maladroit, oscille entre la fresque
historique et l’exploration de trajectoires individuelles, sans toujours
trouver un équilibre.
Arcady réemploie plusieurs comédiens de
son précédent succès, comme une troupe fidèle à son univers. Pourtant, ce qui
fonctionnait avec une efficacité remarquable dans Le Grand Pardon se
dissipe ici dans un certain chaos narratif. Le réalisateur embrasse trop de
pistes, de thèmes, et de personnages, sans parvenir à les approfondir tous. Ce
sentiment de « fourre-tout » fait que certains protagonistes, pourtant portés
par des comédiens de talent, sont sacrifiés en cours de route. Philippe Noiret,
immense acteur, se retrouve ainsi étrangement sous-exploité, comme s’il errait
dans un scénario qui ne savait plus quoi lui offrir.
Cependant, même dans cette dispersion, Le
Grand Carnaval laisse éclore des moments de cinéma authentiques, vibrants,
où Alexandre Arcady révèle une sincérité touchante. Car si le film a ses
défauts – des longueurs, des scènes parfois théâtrales à l’excès –, il possède
aussi ses qualités. L’Algérie, filmée avec un regard tendre, devient un
personnage à part entière, avec ses tensions, ses contrastes et ses couleurs,
magnifiquement capturées par la caméra.
Le film repose surtout sur quelques
fulgurances d’interprétation. Impossible de ne pas évoquer le duo composé de
Jean-Pierre Bacri et Richard Darmon, ici dans un contre-emploi audacieux.
Grimés en travestis pour une scène délirante et libératrice, ils offrent un
moment inoubliable, entre burlesque et poésie, qui transcende le film. Bacri,
en particulier, danse comme un possédé, injectant une énergie brute qui tranche
avec certaines scènes plus contemplatives du film.
Arcady semble vouloir tout dire :
raconter l’exil, l’appartenance, l’amour, l’humour face à l’absurde de
l’Histoire, mais à force de multiplier les voix, il en perd la fluidité. Là où Le
Grand Pardon proposait une narration maîtrisée autour de conflits familiaux
et moraux, Le Grand Carnaval s’éparpille dans une fresque moins
structurée, certes vivante, mais parfois bancale.
Reste que ce film témoigne d’un courage
artistique. Alexandre Arcady ne craint pas l’exagération, les silences ou même
le kitsch, ce qui lui confère une patte singulière, sincère, et finalement
attachante. Malgré ses imperfections, Le Grand Carnaval parle à ceux qui
acceptent d’y voir un cinéma de mémoire, d’émotions et d’imperfections
humaines. Car comme ses personnages, ce film est à la fois bancal et vibrant,
chaotique et habité.
NOTE : 13.60
FICHE TECHNIQUE
- Réalisateur : Alexandre Arcady
- Scénario : Alexandre Arcady, Alain Le Henry et Daniel Saint-Hamont
- Dialogues : Daniel Saint-Hamont
- Producteur : Ariel Zeitoun
- Producteur exécutif : Tarak Ben Ammar
- Production : Partner's Productions, Alexandre Films, Carthago Films, TF1 Films Productions, S.F.P.C. et Soprofilms
- Directeur de production : Michel Frichet
- Musique : Serge Franklin
- Image : Pierre Lhomme
- Cadreur : Gilbert Duhalde
- Décors : Jacques Bufnoir
- Montage : Joële van Effenterre
- Ingénieur du son : Guillaume Sciama
- Mixage : Claude Villand
- Montage son : Laurent Quaglio
- Costumes : Mic Cheminal
- Costumes militaires : Ugo Pericoli
- Réalisateur de seconde équipe : Luc Besson
- Assistants réalisateur : Rémy Duchemin et Marc Angelo
- Scripte : Many Barthod
- Régisseurs : Michel Bernede, Christian Eludut, Farid Chaouche et Habib Chaâri
- Philippe Noiret : Étienne Labrouche
- Roger Hanin : Léon Castelli
- Richard Berry : Rémy Castelli
- Fiona Gélin : Sylvette Landry
- Macha Méril : Armande Labrouche
- Jean-Pierre Bacri : Norbert Castelli
- Marthe Villalonga : Simone Castelli
- Patrick Bruel : Pierre-Marie Labrouche
- Gérard Darmon : Gaby Atlan
- Jean Benguigui : Benjamin Fitoussi
- Peter Riegert : Walter Giammanco
- Alexandre Aja : Raphael
- Michel Creton : José
- Sam Karmann : Rabinovitch
- Attica Guedj : Odette Castelli
- Edward Meeks : colonel Hendricks
- Jean Pélégri : Honoré Labrouche, le père d'Etienne
- Jean-Claude de Goros : Bonnel
- Jean Danet : colonel de Vigny
- Saïd Amadis : Naouri
- Anne Berger : Fortunée Fitoussi
- Lucien Layani : Jacob Atlan
- Georges Carmier : gendarme Perez
- André Lambert : Carasco
- Alain Le Henry : le professeur
- Daniel Saint-Hamont : gendarme Picard
- Tarak Harbi : Messaoud
- Michael Edwards Steven : Charlie
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