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samedi 14 décembre 2024

13.80 - MON AVIS SUR LE FILM LA GUERRE DES BOUTONS (2024)

 


Vu  le film La Guerre des Boutons de Yves Robert (1962) avec Jean Richard Petit Gibus (Martin Lartigue) André Treton Michel Isella Michel Galabru Pierre Tchernia Pierre Trabaud Michele Meritz François Lartigue

Comme tous les ans, à chaque rentrée des classes, les enfants de Longeverne se querellent avec ceux de Velrans. Cette année sera différente puisque Lebrac (André Treton) et ses camarades envisagent d'arracher les boutons et les bretelles de leurs ennemis afin de les faire rosser par leurs parents. Eux-mêmes vont combattre entièrement nus et garder les boutons arrachés à leurs ennemis comme trésor de guerre, dans une cabane.

À la fin du film, le père de l'Aztec des Gués (Jacques Dufilho) retrouve son tracteur démoli après qu’il a servi à détruire la cabane. Il envoie son fils en pensionnat. Le père de Lebrac (Jean Richard) prend lui aussi une décision similaire à la suite de la fugue de son fils : les deux meneurs sont envoyés dans la même pension.

 

Film-souvenir par excellence, La Guerre des Boutons (1962) d’Yves Robert incarne une époque, un style et une simplicité qui résonnent encore dans le cœur des spectateurs. Adapté du roman éponyme de Louis Pergaud, ce chef-d’œuvre de la comédie française nous transporte dans une ruralité intemporelle, où les odeurs de l’herbe fraîchement coupée et les rires des enfants semblent palpables.

La caméra d’Yves Robert, agile et curieuse, se glisse dans les chemins boueux et les sous-bois, capturant avec poésie les espiègleries de deux bandes de gamins qui se disputent un bout de territoire imaginaire. Tout respire ici la vérité de l’enfance : les défis absurdes, les rivalités aussi féroces qu’éphémères, et ces moments où l’innocence se mêle à une gravité quasi héroïque. Le réalisateur excelle dans l’art de magnifier les choses simples, insufflant une vitalité quasi lyrique à des situations banales : un champs devient un champ de bataille, un bouton perdu équivaut à une défaite cuisante.

L’un des personnages emblématiques, Petit Gibus, joue un rôle pivot dans cette galerie de portraits attachants. Avec son inoubliable « Si j’avais su, j’aurais pas venu ! », il représente à lui seul l’ingénuité et la fatalité enfantine. Derrière cette phrase drôle et désabusée se cache une vérité universelle : les jeux de l’enfance, aussi ludiques soient-ils, ont leurs douleurs et leurs désillusions. Le jeune acteur Michel Isella campe un Gibus si authentique qu’il semble avoir été saisi sur le vif, sans artifice.

Mais La Guerre des Boutons, c’est aussi une lettre d’amour à une France rurale en pleine mutation. Le film capture une époque où la campagne était un terrain de jeu, loin des écrans et des consoles, où l’on bâtissait des cabanes, où les colonies de vacances et les sorties chez les scouts structuraient un imaginaire collectif. Yves Robert filme ces paysages avec tendresse, leur conférant une dimension presque mythologique.

Et pourtant, sous ses airs de comédie légère, le film distille quelques réflexions profondes. Derrière les querelles puériles se dessinent les prémices des conflits d’adultes : l’instinct de territorialité, la solidarité de groupe et parfois même une violence sourde qui rappelle que l’enfance n’est jamais exempte de cruauté. Yves Robert, avec son sens aigu du détail, n’édulcore rien tout en conservant une bienveillance constante.

La bande originale de José Berghmans vient parachever cette ode à l’enfance. Elle épouse les mouvements des enfants et les fluctuations de leurs émotions, oscillant entre une insouciance pétillante et des moments de mélancolie.

En définitive, La Guerre des Boutons n’est pas qu’une comédie douce-amère : c’est un instantané d’un temps révolu, une fresque à la fois universelle et profondément ancrée dans la France rurale. C’est un film qui fait rire, qui émeut et qui rappelle à chaque génération que, malgré les évolutions du monde, les chamailleries de l’enfance resteront toujours une quête initiatique intemporelle. Nostalgique sans être passéiste, ce classique continue de réchauffer le cœur comme une madeleine de Proust cinématographique.

NOTE : 13.80

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

Les adultes

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