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dimanche 1 décembre 2024

12.10 - MON AVIS SUR LE FILM KARMAPOLICE DE JULIEN PAOLINI (2023)


Vu le film Karmapolice de Julien Paolini (2023) avec Sabrina Ouazani Syrus Sahidi Alexis Manenti Karidja Touré Foed Amara Hortense Ardalan Thomas Blumenthal Steve Tientcheu Yaniss Lespert Yaya Bathily Zacharie Chasseriaud Laurena Thelier

2023 : Grand Prix au Festival Polar de Cognac 

Angelo, flic idéaliste, est rongé par la culpabilité. Il a provoqué la chute d’une toxicomane dans une bouche d’aération en voulant l’aider. Un homicide involontaire que sa brigade le force à taire. Cherchant à se racheter par tous les moyens, Angelo se lance corps et âme dans la résolution des petites affaires de son nouveau quartier de Château Rouge aux côtés de Poulet, médiateur de quartier aussi trouble que roublard. Mais l’obsession du meurtre qu’il a commis le pousse à fantasmer sa rédemption. Sa voisine, une mystérieuse toxicomane, serait séquestrée par un marchand de sommeil

Dans Karmapolice, Julien Paolini signe une plongée brute et captivante dans un quartier souvent difficile à filmer : Barbès, avec ses ruelles vivantes, ses marchés animés, et ses ombres qui se déplacent dans une tension palpable. Ce thriller singulier explore la frontière floue entre le réel et l’imaginaire, porté par des personnages atypiques et une mise en scène aussi audacieuse que maîtrisée.

Le film suit Angelo, un homme hanté par des événements mystérieux qu’il pourrait bien fantasmer. Est-il un enquêteur ou une victime de son propre esprit ? Sa quête de vérité, à la fois personnelle et presque métaphysique, le conduit dans les entrailles de Barbès et de la Goutte d’Or, des lieux rarement montrés avec autant d’authenticité et de poésie. Aux côtés d’Angelo, on trouve Poulet, incarné par un Alexis Manenti exceptionnel, qui brille une fois de plus après sa performance dans Les Misérables. Marginal atypique, Poulet agit comme un médiateur improbable dans un microcosme où les tensions sont omniprésentes.

L’ironie subtile du film réside dans son jeu sur les mots : le "poulet" dont il est question n’est pas seulement un surnom pour le personnage, mais une allusion plus large, presque ludique, aux forces qui régissent ce quartier. En jouant sur les attentes et les préjugés, le film brouille les pistes et nous tient en haleine du début à la fin.

La mise en scène de Paolini est d’une rare précision. Avec peu de moyens apparents, il parvient à capturer l’essence brute du quartier. Sa caméra est agile, capable de saisir l’énergie des rues bondées, mais aussi les silences pesants des moments plus introspectifs. Les jeux d’ombre et de lumière participent à créer une ambiance presque onirique, renforçant le caractère énigmatique du récit.

Alexis Manenti est fascinant dans le rôle de Poulet. Il apporte une humanité touchante à ce personnage qui, malgré sa marginalité, semble comprendre les rouages de ce quartier mieux que quiconque. Face à lui, Angelo, interprété avec intensité, est un miroir déformé de ses propres angoisses, naviguant entre paranoïa et quête de sens. Leur dynamique donne au film une dimension presque philosophique, questionnant la perception et la réalité.

Karmapolice est une preuve éclatante que le cinéma peut faire beaucoup avec peu. C’est une œuvre qui transcende son cadre pour devenir une réflexion universelle sur les liens humains, la violence latente et les zones grises de la vérité. Julien Paolini démontre ici un talent rare pour transformer un décor urbain en personnage à part entière, et pour raconter une histoire où chaque recoin de Barbès semble murmurer un secret. Un polar fascinant et profondément immersif, à voir absolument.

Note : 12.10

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