Vu le film (sur Gaumont) le film Battements de Cœur de Henri Decoin (1940) avec Claude Dauphin Danielle Darrieux Julie Astor Julien Carette Dora Doll Jean Tissier Roland Armontel André Luguet Roger Blin Saturnin Fabre
Arlette vient de s'évader d'une
maison de correction. Pour échapper à la pauvreté, la jeune fille apprend les
techniques du pickpocket, art dans lequel elle excelle. Forte de ce talent,
Arlette commet un vol chez un ambassadeur. Ce dernier la démasque mais accepte
de ne pas la livrer à la police, pour peu qu'elle dérobe la preuve de
l'infidélité de son épouse Avec Battements de cœur (1940), Henri Decoin livre une
comédie pétillante, portée par l'effervescence de son époque et le charme
irrésistible de Danielle Darrieux. Ce film, à la croisée du vaudeville et de la
comédie romantique, joue habilement avec les codes du théâtre : portes qui
claquent, quiproquos savoureux et dialogues acérés sont au rendez-vous. Si le
scénario flirte avec l’immoralité en mettant en scène une école pour apprentis
pickpockets, il reste avant tout une fantaisie légère, assumant son goût pour
la subversion charmante.
Danielle Darrieux illumine le film
de sa grâce et de son énergie débordante. En Arlette, jeune femme intrépide
formée à l’art du larcin, elle incarne un personnage espiègle et plein de
panache. Darrieux joue avec une légèreté désarmante, entre rires et frissons,
insufflant au film une vitalité qui traverse les décennies. Sa présence
magnétique et son sourire mutin rendent impossible de lui en vouloir, même
lorsqu’elle enfreint les règles.
Le casting secondaire est à la
hauteur de cette brillante protagoniste. Jean Tissier, dans son rôle de
professeur de vol, est savoureux, distillant son humour pince-sans-rire avec
une maîtrise qui fait mouche à chaque réplique. Julien Carette et Claude Dauphin
tout aussi savoureux, apportent une
densité à l’ensemble, rappelant ce que le cinéma français a toujours su faire
de mieux : cultiver ses seconds rôles comme des joyaux.
Henri Decoin, spécialiste du
genre, orchestre cette comédie avec une efficacité redoutable. Bien que très
théâtrale dans sa mise en scène, l’approche ne nuit jamais au rythme du film.
Au contraire, la précision presque mécanique des entrées et sorties de scène
accentue l’aspect ludique et imprévisible de l’intrigue. La mise en scène,
volontairement stylisée, participe à la dynamique générale, où les situations
rocambolesques et les malentendus servent un humour brillant et parfois même
audacieux.
Si Battements de cœur ne
prétend pas révolutionner le cinéma, il n’en reste pas moins une perle de
légèreté et de malice, portée par un scénario bien ficelé et des comédiens en
état de grâce. Ce n’est pas seulement une comédie réussie, c’est un antidote à
la morosité, un hymne à l’élégance et à la joie de vivre. un
classique qui mérite d’être redécouvert, ne serait-ce que pour le plaisir de
voir Danielle Darrieux à son sommet, dans un écrin taillé sur mesure.
NOTE : 11.10
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Henri Decoin
- Assistant réalisateur : Fred Pasquali
- Scénario : Jean Villeme et Max Kolpé
- Musique : Paul Misraki
- Dialogue : Michel Duran
- Décors : Léon Barsacq et Jean Perrier
- Photographie : André Germain et Robert Lefebvre
- Photographe de plateau : Raymond Voinquel
- Son : William Robert Sivel
- Montage : René Le Hénaff
- Producteur : Gregor Rabinovitch
- Production : Ciné-Alliance
- Danielle Darrieux : Arlette
- Claude Dauphin : Pierre de Rougemont
- Jean Tissier : Roland Medeville
- André Luguet : l'ambassadeur
- Julien Carette : Yves
- Saturnin Fabre : M. Aristide
- Junie Astor : la femme de l'ambassadeur
- Charles Dechamps : le baron Dvorak
- Geneviève Morel : Marinette
- Marcelle Monthil : Mme Aristide
- Dora Doll : une secrétaire
- Sylvain Itkine : un voleur
- Pierre Feuillère : un voleur
- Jean Hébey : le gros élève
- Roland Armontel : le domestique
- Marguerite de Morlaye : la dame au bal
- Roger Blin : rôle coupé (mais crédité au générique)
- Sophie Desmarets
- Jean Joffre : le maire
- Jacques Mavel
- André Nicolle : l'inspecteur
- Robert Ozanne : l'adjoint au maire
- Jean Sylvain : le témoin de Roland
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