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mardi 24 décembre 2024

11.30 - MON AVIS SUR LE FILM LA SEPTIEME CIBLE DE CLAUDE PINOTEAI (1984)

 


Vu le film La Septième Cible de Claude Pinoteau (1984) avec Lino Ventura Elizabeth Bourgine Jean Poiret Léa Massari Béatrice Agenin Jean Pierre Bacri Annick Alane Eric Doye Roger Planchon Francis Lemaire

 

Un homme. Un homme qu'on aime. À l'âge qu'il a, et avec un caractère qui lui a valu certaines blessures, il a gardé le sens de l'amitié et celui de l'humour. Mais du jour au lendemain, sans comprendre pourquoi, il voit sa vie devenir une chasse à l'homme.

La Septième Cible, réalisé en 1984 par Claude Pinoteau, marque une œuvre particulière dans la filmographie de Lino Ventura. Dernier film où l’acteur tient la tête d’affiche, il s’impose comme une énigme cinématographique, oscillant entre thriller psychologique et drame teinté de suspense. Si le film ne rivalise pas avec des chefs-d’œuvre du genre comme Le Silencieux, il reste néanmoins une œuvre intrigante, portée par le charisme inaltérable de Ventura.

L’histoire suit Bastien Grimaldi (Ventura), un ancien journaliste retiré des tumultes de sa profession, vivant désormais dans une tranquillité apparente. Mais cette paix vole en éclats lorsqu’il devient la cible d’une série d’attaques et de menaces énigmatiques. Qui lui en veut, et pourquoi ? Cette question est le moteur du récit, mais aussi sa faiblesse, tant le scénario semble parfois hésiter à dévoiler ses cartes. L’ambiguïté volontaire de l’intrigue, bien qu’efficace pour maintenir la tension, peut perdre le spectateur, rendant le "pourquoi du comment" difficile à cerner.

Ventura, égal à lui-même, habite le rôle avec cette gravité et cette profondeur qui lui sont propres. À 65 ans, il impose une présence physique et morale impressionnante, jouant un homme traqué, fatigué mais déterminé à ne pas sombrer. Cependant, le personnage de Grimaldi manque parfois de nuances dans sa construction, ce qui limite l’impact émotionnel de son calvaire.

Le film se distingue par une galerie de personnages secondaires qui viennent contrebalancer la tension. Jean-Pierre Bacri, avec son humour grinçant, apporte un souffle de légèreté bienvenu. Jean Poiret, en ventriloque ambigu, surprend par une prestation aussi originale qu’inattendue, bien que son rôle demeure périphérique à l’intrigue principale. Ces figures secondaires, tout comme les dialogues souvent percutants, confèrent au film un cachet unique, mais peinent à masquer ses défauts structurels.

Le casting féminin, bien que plus discret, n’est pas en reste. Léa Massari, dans le rôle de l’ancienne amante de Grimaldi, apporte une touche de mélancolie et d’élégance à l’ensemble. Sa présence rappelle le passé de Bastien et ajoute une profondeur émotionnelle, bien que sous-exploitée. Quant à Élisabeth Bourgine, elle succède à Sophie Marceau, absente ici, avec un rôle plus modeste mais non dénué de charme. Sa fraîcheur et sa sensibilité sont appréciables, mais son personnage reste en retrait face à l’omniprésence de Ventura.

La réalisation de Pinoteau, si elle n’atteint pas les sommets de ses œuvres précédentes, reste efficace. Le cinéaste maîtrise l’art de maintenir une tension palpable, jouant sur les silences et les non-dits. Certaines séquences, notamment celles dans les rues désertes ou les appartements sombres, sont visuellement marquantes et renforcent l’atmosphère anxiogène du film. Cependant, le rythme souffre de quelques lenteurs, et le scénario, parfois confus, empêche l’immersion totale du spectateur.

La Septième Cible est une œuvre contrastée. Si elle n’atteint pas le niveau des meilleurs films de Ventura ou de Pinoteau, elle reste un thriller honorable, porté par une ambiance singulière et des acteurs de talent. Le film prend une dimension particulière en tant que chant du cygne pour Lino Ventura, dont la stature légendaire illumine un récit parfois bancal. C’est une œuvre qui mérite d’être vue, ne serait-ce que pour célébrer la fin d’un parcours exceptionnel au cinéma, tout en acceptant ses limites narratives.

NOTE : 11.30

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