Vu le film La Septième Cible de Claude Pinoteau (1984) avec Lino Ventura Elizabeth Bourgine Jean Poiret Léa Massari Béatrice Agenin Jean Pierre Bacri Annick Alane Eric Doye Roger Planchon Francis Lemaire
Un homme. Un homme qu'on aime. À l'âge qu'il a, et avec
un caractère qui lui a valu certaines blessures, il a gardé le sens de l'amitié
et celui de l'humour. Mais du jour au lendemain, sans comprendre pourquoi, il
voit sa vie devenir une chasse à l'homme.
La Septième Cible, réalisé en 1984 par Claude
Pinoteau, marque une œuvre particulière dans la filmographie de Lino Ventura.
Dernier film où l’acteur tient la tête d’affiche, il s’impose comme une énigme
cinématographique, oscillant entre thriller psychologique et drame teinté de
suspense. Si le film ne rivalise pas avec des chefs-d’œuvre du genre comme Le
Silencieux, il reste néanmoins une œuvre intrigante, portée par le charisme
inaltérable de Ventura.
L’histoire suit Bastien Grimaldi (Ventura), un ancien
journaliste retiré des tumultes de sa profession, vivant désormais dans une
tranquillité apparente. Mais cette paix vole en éclats lorsqu’il devient la
cible d’une série d’attaques et de menaces énigmatiques. Qui lui en veut, et
pourquoi ? Cette question est le moteur du récit, mais aussi sa faiblesse, tant
le scénario semble parfois hésiter à dévoiler ses cartes. L’ambiguïté
volontaire de l’intrigue, bien qu’efficace pour maintenir la tension, peut perdre
le spectateur, rendant le "pourquoi du comment" difficile à cerner.
Ventura, égal à lui-même, habite le rôle avec cette
gravité et cette profondeur qui lui sont propres. À 65 ans, il impose une
présence physique et morale impressionnante, jouant un homme traqué, fatigué
mais déterminé à ne pas sombrer. Cependant, le personnage de Grimaldi manque
parfois de nuances dans sa construction, ce qui limite l’impact émotionnel de
son calvaire.
Le film se distingue par une galerie de personnages
secondaires qui viennent contrebalancer la tension. Jean-Pierre Bacri, avec son
humour grinçant, apporte un souffle de légèreté bienvenu. Jean Poiret, en
ventriloque ambigu, surprend par une prestation aussi originale qu’inattendue,
bien que son rôle demeure périphérique à l’intrigue principale. Ces figures
secondaires, tout comme les dialogues souvent percutants, confèrent au film un
cachet unique, mais peinent à masquer ses défauts structurels.
Le casting féminin, bien que plus discret, n’est pas en
reste. Léa Massari, dans le rôle de l’ancienne amante de Grimaldi, apporte une
touche de mélancolie et d’élégance à l’ensemble. Sa présence rappelle le passé
de Bastien et ajoute une profondeur émotionnelle, bien que sous-exploitée.
Quant à Élisabeth Bourgine, elle succède à Sophie Marceau, absente ici, avec un
rôle plus modeste mais non dénué de charme. Sa fraîcheur et sa sensibilité sont
appréciables, mais son personnage reste en retrait face à l’omniprésence de
Ventura.
La réalisation de Pinoteau, si elle n’atteint pas les
sommets de ses œuvres précédentes, reste efficace. Le cinéaste maîtrise l’art
de maintenir une tension palpable, jouant sur les silences et les non-dits.
Certaines séquences, notamment celles dans les rues désertes ou les
appartements sombres, sont visuellement marquantes et renforcent l’atmosphère
anxiogène du film. Cependant, le rythme souffre de quelques lenteurs, et le
scénario, parfois confus, empêche l’immersion totale du spectateur.
La Septième Cible est
une œuvre contrastée. Si elle n’atteint pas le niveau des meilleurs films de
Ventura ou de Pinoteau, elle reste un thriller honorable, porté par une
ambiance singulière et des acteurs de talent. Le film prend une dimension
particulière en tant que chant du cygne pour Lino Ventura, dont la stature
légendaire illumine un récit parfois bancal. C’est une œuvre qui mérite d’être
vue, ne serait-ce que pour célébrer la fin d’un parcours exceptionnel au
cinéma, tout en acceptant ses limites narratives.
NOTE : 11.30
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Claude Pinoteau, assisté de Marc Rivière et Michel Debats
- Scénario : Jean-Loup Dabadie et Claude Pinoteau
- Dialogues : Jean-Loup Dabadie
- Musique : Vladimir Cosma
- Photographie : Edmond Séchan
- Montage : Chistine Pansu et Marie-Josèphe Yoyotte
- Décors : Pierre-Louis Thévenet
- Producteurs : Marcel Dassault et Alain Poiré pour Gaumont International
- Cascadeur : Rémy Julienne
- Coordinateur des combats et des cascades : Claude Carliez et son équipe
- Lino Ventura : Bastien Grimaldi
- Lea Massari : Nelly Renoir
- Jean Poiret : Jean Michelis
- Elizabeth Bourgine : Laura
- Béatrice Agenin : Catherine
- Robert Hoffmann : Hagner (l'amant de Laura)
- Jean-Pierre Bacri : inspecteur Daniel Esperanza
- Roger Planchon : commissaire Paillard
- Francis Lemaire : le conducteur de la Fiat Uno
- Jean-François Rémi : William Hagner (le frère antiquaire)
- Michael Morris : Claiborne
- Erick Desmarestz : inspecteur Buvard
- Mario Pilar : l'employé de Roissy
- Jean-Jacques Moreau : Bolek, le chauffeur du Dodge
- Karol Beffa : le petit Pierre (sous le nom de Karol Zuber)
- Lina Volonghi : la mère de Bastien
- Annick Alane : Gabrielle
- Sylvie Orcier : Mme Bolek
- Vania Vilers : le mari de Catherine
- Robert Laffont : lui-même
- Madeleine Barbulée : l'antiquaire aux puces
- Janine Souchon : la marchande de chaussures
- Nicolas Silberg : le policier aux diapositives
- Annick Allières
- Micheline Bourday : la maîtresse de l'antiquaire Hagner
- Guy Dirigo
- Eric Doye
- André Haber
- Nicholas Hawtrey
- Wolfgang Keller
- Stanley Meadow
- Jurgens Osterloh
- Serge Vilcroix
- Roland Waden
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