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lundi 16 décembre 2024

16.10 - MON AVIS SUR LE FILM PULP FICTION DE QUENTIN TARENTINO (1994)

 


Vu le film Pulp Fiction de Quentin Tarentino (1994) avec Bruce Willis Samuel L. Jackson Uma Thurman John Travolta Tim Roth Quentin Tarentino Christopher Walken Ving Rhames Harvey Keitel Eric Stoltz Amanda Plummer Maria de Medeiros

L'odyssée sanglante et burlesque de petits malfrats dans la jungle de Hollywood à travers trois histoires qui s'entremêlent. Dans un restaurant, un couple de jeunes braqueurs, Pumpkin et Yolanda, discutent des risques que comporte leur activité. Deux truands, Jules Winnfield et son ami Vincent Vega, qui revient d'Amsterdam, ont pour mission de récupérer une mallette au contenu mystérieux et de la rapporter à Marsellus Wallace.

Lorsque Quentin Tarantino débarque à Cannes en 1994 avec Pulp Fiction, il ne se contente pas de présenter un film : il redéfinit les codes du cinéma. Palme d’Or à l’unanimité, ce chef-d’œuvre irrévérencieux secoue le public et divise la critique. Avec son cocktail explosif de violence crue, dialogues incisifs et narration éclatée, Tarantino livre une œuvre unique où le trivial côtoie le sacré, et où chaque scène devient une pièce d’un puzzle chaotique, mais génialement orchestré.

Au cœur de ce labyrinthe cinématographique, on suit Vincent Vega (John Travolta) et Jules Winnfield (Samuel L. Jackson), deux tueurs à gages improbables dont les discussions sur des sujets absurdes — comme le Royale with Cheese — tranchent avec la gravité de leur métier. Ces personnages, tout comme ceux qu’ils croisent, semblent extraits d’un univers parallèle où l’absurde est la norme. À travers une galerie de figures mémorables — Mia Wallace (Uma Thurman), Butch Coolidge (Bruce Willis), et même le mystérieux Marcellus Wallace — Tarantino dresse un portrait fragmenté et électrisant d’une Amérique marginale, drôle et dangereuse.

L’une des forces de Pulp Fiction réside dans son audace narrative. En brisant la chronologie, Tarantino transforme une série d’histoires entremêlées en une expérience sensorielle. Chaque segment est une plongée dans une atmosphère singulière : un dîner qui vire au braquage, une overdose glaçante, ou encore un combat sanglant. Mais au-delà de la violence — omniprésente mais jamais gratuite — c’est l’écriture des dialogues qui fascine. Tarantino élève les échanges banals au rang d’art, mêlant humour noir et réflexions métaphysiques. Les discussions entre Vincent et Jules oscillent entre théologie (avec l’interprétation du verset biblique d’Ezechiel) et absurdité pure, offrant des moments de pur génie verbal.

La scène iconique du pas de danse entre Mia et Vincent, sur le titre You Never Can Tell de Chuck Berry, illustre à merveille l’esprit du film : à la fois décalé, sensuel et profondément ancré dans la culture pop. Ce moment suspendu, devenu culte, est l’une des nombreuses pépites d’une bande originale exceptionnelle. Tarantino, véritable mélomane, réinvente l’usage de la musique au cinéma, faisant de chaque morceau un acteur à part entière, que ce soit le surf rock de Misirlou ou le groove entêtant de Girl, You’ll Be a Woman Soon.

Mais Pulp Fiction n’est pas qu’un exercice de style. Sous ses allures de cinéma "cool", il explore des thèmes universels : la rédemption, le hasard et le destin, ou encore les contradictions morales des personnages. Jules, notamment, incarne cette quête de transformation, passant du statut de tueur implacable à celui d’homme en quête de sens. Ce mélange d’ultra violence et de quête spirituelle est propre à l’univers tarantinesque.

Enfin, le film est une déclaration d’amour au cinéma. Tarantino multiplie les références aux genres qu’il vénère : polar, western spaghetti, film noir, série B. Mais loin d’être un simple collage, Pulp Fiction synthétise ces influences pour en faire une œuvre profondément personnelle. À travers ses dialogues ciselés, son esthétique léchée et sa narration labyrinthique, Tarantino prouve qu’il sait filmer l’impensable — et rendre l’ordinaire extraordinairement captivant.

Avec Pulp Fiction, Tarantino ne se contente pas de raconter une histoire : il réinvente le cinéma des années 1990. Ce n’est pas qu’un film, c’est une expérience : choquante, drôle, dérangeante, mais surtout inoubliable.

 NOTE : 16.10

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