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jeudi 5 décembre 2024

15.90 - MON AVIS SUR LE FILM CONCLAVE DE EDWARD BERGER (2024)

 


Vu le film  Conclave de Edward Berger (2024) avec Ralph Fiennes Carlos Diehz Isabella Rossellini Stanley Tucci John Lightow Sergio Castellitto Jacek Koman Lucia Msamti Thomas Loibl Giullo Schiffer Merab Ninidze Loris Loddi

Quand le Pape décède de façon inattendue et mystérieuse, le cardinal Lawrence se retrouve en charge d'organiser la sélection de son successeur. Alors que les machinations politiques au sein du Vatican s'intensifient, il se rend compte que le défunt leur avait caché un secret qu'il doit découvrir avant qu'un nouveau Pape ne soit choisi. Ce qui va se passer derrière ces murs changera la face du monde

Conclave, réalisé par Edward Berger et adapté du roman de Robert Harris, est une plongée captivante et troublante dans l'univers clos et mystérieux du Vatican. Après le triomphe de À l’Ouest, rien de nouveau, Berger s’attaque ici à un thriller politique et religieux, transformant le cérémonial sacré de l'élection papale en un théâtre de tensions humaines, de secrets inavouables et de manœuvres stratégiques.

L’intrigue s’ouvre sur la mort d’un Pape dont l’héritage est entaché de mystères. Tandis que le Collège des cardinaux se réunit en conclave pour élire son successeur, les jeux de pouvoir se déploient dans toute leur complexité. Les rivalités émergent, les alliances se forment et se défont, et chaque vote devient un pas de plus vers la révélation d’un secret explosif. Berger installe une tension palpable, jouant habilement sur les non-dits et les regards lourds de sous-entendus qui s’échangent dans les couloirs silencieux du Vatican.

L’atmosphère du film est l’une de ses forces majeures. Les décors, superbement travaillés, opposent les espaces austères et rigides des appartements ecclésiastiques à la magnificence excessive du décorum papal. Ce contraste visuel reflète les tiraillements internes des protagonistes : entre foi et ambition, entre service divin et intérêts personnels. La photographie, mêlant ombres pesantes et éclats dorés, renforce cette dualité, plongeant le spectateur dans un univers aussi fascinant qu’oppressant.

Les personnages, interprétés par un casting d’exception, sont au cœur de cette œuvre. Chacun des cardinaux semble porter le poids de son passé, et leurs motivations souvent ambiguës ajoutent à l’intrigue une profondeur psychologique captivante. Loin de se contenter de caricaturer les figures religieuses, Berger explore leurs doutes, leurs failles, et leur humanité.

La force de Conclave réside aussi dans sa capacité à transcender le thriller pour devenir une réflexion sur des enjeux contemporains. La révélation finale, totalement inattendue, bouleverse tout ce que le spectateur pensait savoir et ouvre la porte à une interrogation profonde sur la place de l’Église dans le monde moderne. Ce twist audacieux, traité avec subtilité, laisse le spectateur à la fois ébranlé et pensif, surtout si ses propres croyances sont en jeu.

Conclave n’est pas qu’un thriller politique : c’est un film d’une rare intelligence, qui mêle suspense et profondeur avec une maîtrise impressionnante. Edward Berger prouve une fois de plus qu’il est l’un des grands réalisateurs de notre époque, capable de transformer une intrigue a priori austère en une œuvre cinématographique fascinante et mémorable. On en sort troubler, marqué, et emporté dans un questionnement qui dépasse largement le cadre du film.

NOTE : 15.90

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