Vu le film Police Python 357 de Alain Corneau (1976) avec Yves Montand Simone Signoret François Périer Stéfania Sandrelli Matthieu Carrière Georges Frédéric Dehlen Gabrielle Doulcet Alice Reichen Claude Bertrand
Les services de police de la ville sont dirigés par le
commissaire divisionnaire Ganay (François Périer). Son principal
collaborateur est l'inspecteur Marc Ferrot (Yves
Montand), un célibataire taiseux. Ce dernier est un excellent
tireur, constamment armé d'un Colt
Python 357 qu'il porte dans un étui accroché à sa ceinture.
Mais c'est avant tout un grand solitaire, ce qui ne plaît pas à son supérieur,
particulièrement quand il le voit traquer des gangsters armés, seul, et de
nuit. Il y a aussi le jeune inspecteur Ménard (Matthieu Carrière). Le
commissaire Ganay est marié à une femme infirme en fauteuil roulant (Simone
Signoret), héritière d'une grande famille bourgeoise de la région
(les Cléry) et le couple mène grand train avec hôtel particulier, manoir à la
campagne, voitures de luxe et chauffeur.
Alain Corneau signe avec Police Python 357 (1976)
un polar singulier, où le suspense ne réside pas uniquement dans la résolution
de l’enquête, mais surtout dans la complexité psychologique et intime des
protagonistes. Loin des clichés du grand banditisme, le film explore les
méandres d’un trio infernal où chaque personnage porte des fêlures profondes.
Yves Montand incarne ici un inspecteur solitaire et
taciturne, hanté par ses propres contradictions. Sa relation secrète avec une
femme, incarnée par Stefania Sandrelli, se heurte brutalement à l’ambition
perverse de son supérieur, joué par François Périer. Périer, dans un rôle
glaçant, dépeint un homme rongé par le ressentiment, qui n’hésite pas à
sacrifier son subordonné pour sauver les apparences et sa propre peau. L’accord
implicite qu’il passe avec son épouse, interprétée par une Simone Signoret magistrale
dans un rôle empreint de douleur et d’amertume, confère au récit une profondeur
troublante.
Loin des codes classiques du polar, Police Python 357
s’inscrit dans une veine intimiste, où la tension naît de la vulnérabilité des
personnages. La mise en scène de Corneau, froide et précise, souligne la
claustrophobie des lieux et des esprits. Les espaces, qu’ils soient ouverts ou
confinés, semblent être des prisons symboliques où chacun se débat avec ses
secrets et ses regrets.
La mécanique de l’intrigue, marquée par des
rebondissements subtils et une montée inexorable de la paranoïa, devient un
terrain de jeu psychologique plus qu’un simple récit policier. Corneau distille
une tension palpable, rythmée par des silences lourds et des regards chargés de
non-dits. La partition musicale de Georges Delerue ajoute une touche
mélancolique, soulignant la tragédie qui se joue derrière les apparences.
Mais ce qui rend ce film unique, c’est l’ambiguïté morale
qui imprègne chaque décision. Aucun des personnages n’est vraiment innocent, et
le spectateur est entraîné dans un maelström où l’empathie côtoie le dégoût. Le
triangle formé par Montand, Périer et Signoret incarne des figures brisées,
prisonnières de leur solitude et de leurs contradictions.
Avec Police Python 357, Alain Corneau transcende
les conventions du polar pour livrer une œuvre âpre et oppressante, un drame
humain où la fatalité joue un rôle central. Plus qu’un simple film de genre,
c’est une étude troublante sur la fragilité des relations humaines et la
noirceur de l’âme.
NOTE : 14.20
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Alain Corneau, Jacques Santi (assistant)
- Scénario : Alain Corneau, Daniel Boulanger d'après le roman Le Grand Horloger de Kenneth Fearing
- Décors : Georges Casati, Jean-Pierre Kohut-Svelko
- Photographie : Étienne Becker
- Son : Harald Maury
- Bruitage : Daniel Couteau - mono
- Format 35 mm. Couleur - ratio 1,65:1
- Montage : Marie-Josèphe Yoyotte
- Musique : Georges Delerue
- Bagarres réglées par Claude Carliez et son équipe
- Production : Albina du Boisrouvray
- Sociétés de production : Albina Productions, TIT Filmproduktion
- Société de distribution : Les Films de la Boétie (France)
- Yves Montand : l'inspecteur Marc Ferrot
- Simone Signoret : Thérèse Ganay
- François Périer : le commissaire Ganay
- Stefania Sandrelli : Sylvia Leopardi
- Mathieu Carrière (Doublé par Bernard Murat) : Ménard
- Vadim Glowna (Doublé par Gérard Hernandez) : Abadie
- Claude Bertrand : le marchand de porcs
- Georges Frédéric Dehlen : le contrôleur de la SNCF
- Gabrielle Doulcet : la vieille aux chats
- Serge Marquand : le rouquin (tenancier du bar)
- Michel Ruhl : le divisionnaire
- Michel Such : le marchand de chaussures (non crédité)
- Alice Reichen : la vendeuse de stylos
- Stéphane Macha : un des deux pilleurs d'églises (moustachu)
- Roger Muni : un des deux pilleurs d'églises (blond)
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