Vu le film Megalopolis de Francis Ford Coppola (2024) avec Adam Driver Giancarlo Esposito Dustin Hoffman Nathalie Emmanuel Aubrey Plaza Shia LaBeouf Jon Voight Lawrence Fishburne Talia Shire James Remar Jason Schwartzman D .B Sweeney Chloe Fineman Grace VanderWaal
À New
Rome, allégorie de New York,
une jeune femme, Julia Cicero, est partagée entre la loyauté envers son père Franklyn
Cicero, le maire de
la ville, et son amant, l'architecte Cesar. Si le premier a une
vision conservatrice de la société, Cesar est plus progressiste et tourné vers l'avenir.
Après une catastrophe qui a ravagé la ville, l'architecte veut recréer la cité
et en faire une utopie,
alors que le maire, corrompu, y est totalement opposé
Avec Megalopolis,
Francis Ford Coppola signe une œuvre monumentale, une fresque qui résonne comme
un testament artistique et un défi lancé à la modernité. Ce projet, qu’il a
porté pendant des décennies, a divisé public et critique, mais c’est souvent le
signe des films qui marquent durablement l’histoire du cinéma. Audacieux,
foisonnant, parfois déroutant, ce film possède tous les ingrédients pour
devenir culte avec le temps, à la manière d’œuvres incomprises à leur sortie,
comme Blade Runner ou même le Metropolis de Fritz Lang, auquel il
rend un hommage assumé.
Dès les
premières images, Megalopolis impose une vision. La mégapole futuriste
imaginée par Coppola est un personnage à part entière, une cité utopique et
dystopique à la fois, où l’architecture démesurée dialogue avec l’intime. Grâce
à la photographie sublime de Mihai Mălaimare Jr., chaque plan est une œuvre
d’art. Les jeux de lumière, les contrastes chromatiques et les cadres
soigneusement composés plongent le spectateur dans un monde aussi séduisant
qu’inquiétant. Ajoutez à cela des décors spectaculaires et des costumes qui
fusionnent classicisme et avant-garde, et vous obtenez un univers visuel d’une
richesse rare, digne des plus grandes œuvres de science-fiction.
Dans le
contexte du film Megalopolis de Francis Ford Coppola, l'utopie de
l'Empire romain prend une résonance particulière, à la fois comme référence
historique et comme métaphore contemporaine. Coppola puise dans l’idéal romain
une réflexion sur la grandeur et les failles de toute tentative de civilisation
parfaite, tout en transposant cette quête dans un monde futuriste où se
confrontent modernité et décadence.
Coppola
s’attaque ici à des thématiques qui n’ont jamais été aussi contemporaines : la
société du spectacle, la démesure humaine, et l’effondrement des utopies face à
la folie collective. La métaphore des arènes romaines, où le peuple se complaît
dans le chaos et la destruction, frappe par sa pertinence. Le film dresse un
miroir sombre mais nécessaire à notre époque, où l’hyperconnexion et le
voyeurisme semblent avoir remplacé la réflexion et l’engagement.
Au cœur
de cette fresque complexe se trouve Adam Driver, magistral. Cet acteur caméléon
prouve une fois de plus qu’il peut tout jouer, des rôles les plus introspectifs
aux figures imposantes et charismatiques. Dans Megalopolis, il est tour
à tour fragile et puissant, idéaliste et désillusionné, portant sur ses épaules
une partie de la dimension tragique du récit. Et, comme si cela ne suffisait
pas, il dégage une sensualité brute qui ajoute une couche de complexité à son
personnage.
Le
scénario, dense et ambitieux, pourrait désarçonner certains spectateurs par ses
digressions philosophiques et ses multiples niveaux de lecture. Mais c’est
précisément là que réside la force de Coppola : il ne simplifie rien, il ne
cède pas à la facilité. Il offre un film exigeant, qui pousse à réfléchir, à
ressentir et à questionner. Les dialogues, souvent empreints de lyrisme,
trouvent leur écho dans des scènes d’action viscérales ou des moments
d’introspection poignants.
Megalopolis n’est pas parfait, et c’est ce
qui le rend si fascinant. Ses imperfections sont le reflet de son ambition
démesurée, de son refus de s’inscrire dans des cases préétablies. Coppola, à 85
ans, prouve qu’il est toujours un cinéaste de la démesure, un explorateur qui
refuse de se contenter de ce qui a déjà été fait.
Ce film
n’est pas seulement une œuvre cinématographique, c’est une expérience. Une fois
sorti de la salle, le spectateur continue d’y penser, d’en débattre, d’en
rêver. En cela, Megalopolis est une réussite absolue, un film qui
transcende son propre récit pour devenir un objet de réflexion et d’admiration.
Francis Ford Coppola, maître éternel du cinéma, vient de livrer un chef-d’œuvre
intemporel, destiné à briller encore plus fort avec les années.
NOTE : 16.40
FICHE TECHNIQUE
Réalisation et scénario : Francis Ford Coppola
Musique : Osvaldo Golijov et Grace VanderWaal
Direction artistique : Samantha Avila, Brittany Hites, Domenic Silvestri et Freddy Waff
Décors : Beth Mickle et Bradley Rubin
Costumes : Milena Canonero
Photographie : Mihai Mălaimare Jr.
Montage : Cam McLauchlin et Glen Scantlebury
Production : Michael Bederman et Francis Ford Coppola
Production déléguée : Anahid Nazarian, Fred Roos et Adriana Rotaru
Coproduction : James T. Mockoski
Société de production : American Zoetrope
Société de distribution : Le Pacte (France) ; Lionsgate (États-Unis)
Budget : 100 millions de dollars
DISTRIBUTION
- Adam Driver (VF : Félicien Juttner) : Cesar Catilina, l’architecte
- Giancarlo Esposito (VF : Alex Descas) : Franklyn Cicero (Cicéron en VF), le maire
- Nathalie Emmanuel (VF : Camille Constantin Da Silva) : Julia Cicero (Cicéron en VF), la fille de Franklyn
- Aubrey Plaza (VF : Zoé Schellenberg) : Wow Platinum, l’animatrice de télévision
- Shia LaBeouf (VF : Jean-Christophe Dollé) : Clodio Pulcher, le cousin de Cesar
- Jon Voight (VF : Sylvain Clément) : Hamilton Crassus III, l’oncle riche de Cesar
- Laurence Fishburne (VF : Thierry Hancisse) : Fundi Romaine, le chauffeur et assistant de Cesar
- Talia Shire (VF : Frédérique Cantrel) : Constance Crassus Catilina, la mère de Cesar
- Jason Schwartzman (VF : Arnaud Bedouët) : Jason Zanderz, un membre de l’entourage de Franklyn
- Kathryn Hunter (VF : Françoise Vallon) : Teresa Cicero, la femme de Franklyn
- Grace VanderWaal (VF : Maud Casari) : Vesta Sweetwater, l’adolescente pop star
- Chloe Fineman (VF : Louise Orry-Diquéro) : Clodia Pulcher
- James Remar : Charles Cothope
- D. B. Sweeney (VF : Simon Volodine) : Stanley Hart, le commissaire
- Isabelle Kusman : Claudine Pulcher
- Bailey Ives (VF : Kévin Goffette): Huey Wilkes
- Madeleine Gardella : Claudette Pulcher
- Balthazar Getty (VF : Bruno Forget) : Aram Kazanjian, le bras droit de Clodio
- Romy Mars (VF : Angèle Garnier) : la journaliste
- Haley Sims (VF : Clémentine Verdier) : Sunny Hope Catilina, la fille de Cesar et Julia
- Dustin Hoffman (VF : François Marthouret) : Nush Berman, le fixeur
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