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dimanche 1 décembre 2024

16.40 - MON AVIS SUR LE FILM MEGALOPOLIS DE FRANCIS FORDF COPPOLA (2024)

 


Vu le film Megalopolis de Francis Ford Coppola (2024) avec Adam Driver Giancarlo Esposito Dustin Hoffman Nathalie Emmanuel Aubrey Plaza Shia LaBeouf Jon Voight Lawrence Fishburne Talia Shire James Remar Jason Schwartzman D .B Sweeney Chloe Fineman Grace VanderWaal 

À New Rome, allégorie de New York, une jeune femme, Julia Cicero, est partagée entre la loyauté envers son père Franklyn Cicero, le maire de la ville, et son amant, l'architecte Cesar. Si le premier a une vision conservatrice de la société, Cesar est plus progressiste et tourné vers l'avenir. Après une catastrophe qui a ravagé la ville, l'architecte veut recréer la cité et en faire une utopie, alors que le maire, corrompu, y est totalement opposé

Avec Megalopolis, Francis Ford Coppola signe une œuvre monumentale, une fresque qui résonne comme un testament artistique et un défi lancé à la modernité. Ce projet, qu’il a porté pendant des décennies, a divisé public et critique, mais c’est souvent le signe des films qui marquent durablement l’histoire du cinéma. Audacieux, foisonnant, parfois déroutant, ce film possède tous les ingrédients pour devenir culte avec le temps, à la manière d’œuvres incomprises à leur sortie, comme Blade Runner ou même le Metropolis de Fritz Lang, auquel il rend un hommage assumé.

Dès les premières images, Megalopolis impose une vision. La mégapole futuriste imaginée par Coppola est un personnage à part entière, une cité utopique et dystopique à la fois, où l’architecture démesurée dialogue avec l’intime. Grâce à la photographie sublime de Mihai Mălaimare Jr., chaque plan est une œuvre d’art. Les jeux de lumière, les contrastes chromatiques et les cadres soigneusement composés plongent le spectateur dans un monde aussi séduisant qu’inquiétant. Ajoutez à cela des décors spectaculaires et des costumes qui fusionnent classicisme et avant-garde, et vous obtenez un univers visuel d’une richesse rare, digne des plus grandes œuvres de science-fiction.

Dans le contexte du film Megalopolis de Francis Ford Coppola, l'utopie de l'Empire romain prend une résonance particulière, à la fois comme référence historique et comme métaphore contemporaine. Coppola puise dans l’idéal romain une réflexion sur la grandeur et les failles de toute tentative de civilisation parfaite, tout en transposant cette quête dans un monde futuriste où se confrontent modernité et décadence.

Coppola s’attaque ici à des thématiques qui n’ont jamais été aussi contemporaines : la société du spectacle, la démesure humaine, et l’effondrement des utopies face à la folie collective. La métaphore des arènes romaines, où le peuple se complaît dans le chaos et la destruction, frappe par sa pertinence. Le film dresse un miroir sombre mais nécessaire à notre époque, où l’hyperconnexion et le voyeurisme semblent avoir remplacé la réflexion et l’engagement.

Au cœur de cette fresque complexe se trouve Adam Driver, magistral. Cet acteur caméléon prouve une fois de plus qu’il peut tout jouer, des rôles les plus introspectifs aux figures imposantes et charismatiques. Dans Megalopolis, il est tour à tour fragile et puissant, idéaliste et désillusionné, portant sur ses épaules une partie de la dimension tragique du récit. Et, comme si cela ne suffisait pas, il dégage une sensualité brute qui ajoute une couche de complexité à son personnage.

Le scénario, dense et ambitieux, pourrait désarçonner certains spectateurs par ses digressions philosophiques et ses multiples niveaux de lecture. Mais c’est précisément là que réside la force de Coppola : il ne simplifie rien, il ne cède pas à la facilité. Il offre un film exigeant, qui pousse à réfléchir, à ressentir et à questionner. Les dialogues, souvent empreints de lyrisme, trouvent leur écho dans des scènes d’action viscérales ou des moments d’introspection poignants.

Megalopolis n’est pas parfait, et c’est ce qui le rend si fascinant. Ses imperfections sont le reflet de son ambition démesurée, de son refus de s’inscrire dans des cases préétablies. Coppola, à 85 ans, prouve qu’il est toujours un cinéaste de la démesure, un explorateur qui refuse de se contenter de ce qui a déjà été fait.

Ce film n’est pas seulement une œuvre cinématographique, c’est une expérience. Une fois sorti de la salle, le spectateur continue d’y penser, d’en débattre, d’en rêver. En cela, Megalopolis est une réussite absolue, un film qui transcende son propre récit pour devenir un objet de réflexion et d’admiration. Francis Ford Coppola, maître éternel du cinéma, vient de livrer un chef-d’œuvre intemporel, destiné à briller encore plus fort avec les années.

NOTE : 16.40

FICHE TECHNIQUE

Réalisation et scénario : Francis Ford Coppola

Musique : Osvaldo Golijov et Grace VanderWaal

Direction artistique : Samantha Avila, Brittany Hites, Domenic Silvestri et Freddy Waff

Décors : Beth Mickle et Bradley Rubin

Costumes : Milena Canonero

Photographie : Mihai Mălaimare Jr.

Montage : Cam McLauchlin et Glen Scantlebury

Production : Michael Bederman et Francis Ford Coppola

Production déléguée : Anahid Nazarian, Fred Roos et Adriana Rotaru

Coproduction : James T. Mockoski

Société de production : American Zoetrope

Société de distribution : Le Pacte (France) ; Lionsgate (États-Unis)

Budget : 100 millions de dollars

DISTRIBUTION

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