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samedi 14 décembre 2024

14.40 - MON AVIS SUR LE FILM LE TRESOR DE LA SIERRA MADRE DE JOHN HUSTON (1948)


 Vu le film Le Trésor de la Sierra Madre de John Huston (1948) avec Humphrey Bogart Walter Huston Alfonso Bedoya Tim Holt Arturo Solo Rangel Barton MacLane Jacqueline Daya Manuel Donde Robert Blake

Mexique1925. Deux aventuriers américains, Dobbs (Humphrey Bogart) et Curtin (Tim Holt) se rencontrent sur la grande place de Tampico. Ils partent à la recherche d’or en compagnie d’un vieux prospecteur nommé Howard (Walter Huston). Malgré les ennuis qu’il pressent, le vieillard accepte tout de même de partir. De façon surprenante, le vieux prospecteur s’avère extrêmement endurant, et sait surtout comment trouver de l'or dans la très inaccessible Sierra Madre.

Les trois compagnons finissent par découvrir un petit filon et c’est alors que la discorde s’installe entre eux. Avant même de reprendre le chemin du retour à la civilisation, la « fièvre de l’or » s’empare de Dobbs auquel a échu le tiers d’une petite fortune. Sa crainte paranoïaque d’être roulé lui fait perdre d’abord sa confiance en ses deux compagnons puis sa raison lorsqu’il tente de s’emparer de la totalité du trésor, dont il se fait déposséder à son tour par les bandits auxquels le trio avait réussi à échapper précédemment.

Le Trésor de la Sierra Madre de John Huston est un monument du cinéma d’aventure, un modèle intemporel de ce qu’un récit cinématographique bien ficelé peut offrir. Adapté du roman de B. Traven, ce film de 1948 transcende son genre pour devenir une réflexion intemporelle sur la nature humaine, la cupidité, et les relations de pouvoir.

L’histoire suit Fred C. Dobbs (interprété magistralement par Humphrey Bogart), un vagabond désabusé, qui se joint à deux autres chercheurs d’or, Curtin (Tim Holt) et Howard (Walter Huston, le père du réalisateur, qui remporta un Oscar pour son rôle), dans une quête désespérée de richesse dans les montagnes mexicaines. Si le film démarre comme une aventure classique, avec ses décors magnifiques et ses scènes d’exploration périlleuse, il s’enfonce progressivement dans les ténèbres psychologiques de ses personnages. John Huston démontre une maîtrise exceptionnelle de la tension dramatique, alternant habilement entre des moments d’action haletants et des scènes plus introspectives, où les personnages révèlent leurs failles.

La mise en scène est tout simplement éblouissante. Huston capte l’aridité et la rudesse des paysages mexicains avec une précision documentaire, tout en insufflant une atmosphère presque mythique à l’ensemble. Chaque plan semble chargé de sens, qu’il s’agisse d’un lever de soleil impitoyable ou d’un regard empreint de suspicion. La bande sonore accentue l’immersion, avec des silences oppressants souvent brisés par les sons du désert ou les éclats de violence.

Ce qui distingue réellement Le Trésor de la Sierra Madre, c’est l’humanité complexe et imparfaite des personnages. Bogart, ici à contre-emploi, livre l’une de ses meilleures performances en incarnant Dobbs, un homme consumé par la paranoïa et la cupidité. Son évolution, de camarade pragmatique à un homme avide et dangereux, est fascinante et tragique à la fois. Face à lui, Walter Huston brille en vieux prospecteur plein de sagesse, offrant un contrepoint cynique mais attachant au pessimisme de Dobbs.

Le film explore avec une lucidité remarquable les dilemmes moraux et les dynamiques de pouvoir inhérentes à la quête de richesse. La cupidité, l’envie, la peur de trahison : tout cela est distillé avec une clarté implacable, faisant de Le Trésor de la Sierra Madre un récit universel. Il s’agit bien plus que d’un simple film d’aventure ; c’est une tragédie humaine enracinée dans une critique sociale acerbe. L’or, métaphore d’une quête illusoire de bonheur, finit par devenir un poison pour l’âme des protagonistes.

  Huston réussit ici une alchimie rare : une œuvre à la fois spectaculaire et profondément philosophique. Avec un scénario solide (dont il est également l’auteur, récompensé par un Oscar), une mise en scène à la fois rigoureuse et lyrique, et des performances inoubliables, Le Trésor de la Sierra Madre s’impose comme un chef-d’œuvre incontournable du cinéma d’aventure et du cinéma tout court. Un rappel poignant que les trésors les plus recherchés peuvent parfois conduire à notre perte.

NOTE : 14.40

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