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lundi 2 décembre 2024

14.20 - MON AVIS SUR LE FILM PLUS DURE SERA LA CHUTE DE MARK ROBSON (1956)

 


Vu le film Plus Dure sera la Chute de Mark Robson (1956) avec Humphrey Bogart Rod Steiger Mike Lane Jan Sterling Max Baer Herbie Faye Edward Andrews Nehemiah Persof Felice Orlandi Jack Albertson

Eddie Willis, journaliste sportif au chômage, accepte l'offre de Benko, un manager de boxe corrompu, pour monter une combine qui les rendra riches. Ils profitent de la naïveté de Toro Moreno, un boxeur lourd et pataud, pour abuser du public auquel ils le présentent comme une force de la nature. Match après match, Toro écrase ses adversaires et gagne la sympathie du public qui, comme lui, ignore que chaque rencontre est truquée. Après avoir accepté toutes les compromissions, Eddie finira par écrire un article sur le racket dans le milieu de la boxe.

Avec Plus Dure sera la Chute, Mark Robson livre un film noir puissant et cynique qui transcende le simple drame sportif pour devenir une réflexion amère sur les rouages de la corruption et de la manipulation dans le monde de la boxe, mais aussi dans celui du journalisme. Sorti en 1956, ce polar crépusculaire s’interroge sur les limites morales et éthiques d’un système où l’ambition et l’argent priment sur toute autre considération. Un thème d’autant plus percutant qu’il demeure tristement pertinent dans le contexte actuel, où les médias et les institutions sont souvent mis en cause pour leur manque de transparence et d’intégrité.

L’intrigue suit Eddie Willis (Humphrey Bogart, dans son dernier rôle), un journaliste sportif désabusé recruté pour promouvoir un boxeur naïf et sans talent, Toro Moreno, comme un futur champion. En réalité, tout est truqué : Toro est destiné à perdre face à des adversaires corrompus pour enrichir les promoteurs véreux. Mark Robson dépeint ce monde avec une froideur clinique, transformant la boxe, habituellement glorifiée pour sa noblesse et son héroïsme, en un théâtre sordide de mensonges et de trahisons. L’arène devient une métaphore de la société elle-même, où les puissants exploitent les faibles sans scrupule.

Humphrey Bogart livre une performance magistrale, incarnant à la perfection un homme pris au piège de ses propres compromis. Eddie Willis est un personnage complexe, oscillant entre cynisme et remords, tiraillé entre sa conscience et son besoin de survie. Bogart, marqué par la maladie, confère à son personnage une gravité et une vulnérabilité qui renforcent l’impact émotionnel du film. Le face-à-face entre son désenchantement et l’innocence pathétique de Toro Moreno est particulièrement poignant, révélant l’inhumanité d’un système où les êtres humains ne sont que des marchandises.

Robson excelle dans sa mise en scène, usant d’une photographie en noir et blanc expressive pour accentuer l’atmosphère pesante et sans espoir du récit. Les scènes de boxe, brutales et réalistes, contrastent avec les moments d’introspection d’Eddie, renforçant l’idée d’un monde où tout est façade, où l’illusion règne. Le rythme du film, lent mais inexorable, reflète la descente aux enfers de ses protagonistes, tandis que le scénario, adapté du roman de Budd Schulberg, ne ménage aucune issue morale ou rédemptrice.

L’un des aspects les plus marquants de Plus Dure sera la Chute est son absence totale de complaisance. Il n’y a pas de héros, pas de salut, pas de triomphe de la justice. C’est un film noir dans sa forme la plus pure, où le cynisme n’est pas un effet de style mais une vérité crue sur le monde. Mark Robson ne cherche pas à adoucir son propos, et le spectateur est confronté à une réalité brutale : dans un univers où la quête du profit est la seule règle, il n’y a pas de limite aux compromissions.

Plus Dure sera la Chute est une œuvre puissante et dérangeante, un miroir sombre tendu à une société obsédée par le pouvoir et l’argent. C’est un adieu poignant pour Humphrey Bogart, dont la prestation habite le film d’un désespoir palpable. À la croisée du film noir et du drame social, Mark Robson signe un classique intemporel, aussi pertinent en 2024 qu’il l’était en 1956. Noir, très noir, mais terriblement lucide.

NOTE ; 14.20

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