Vu le film Cyrano de Bergerac de Jean Paul Rappeneau (1990) avec Gérard Depardieu Vincent Perez Francis Weber Anne Brochet Anatole Delalande Roland Bertin Josiane Stoleru Pierre Maguelon Alain Rimoux
Cyrano de Bergerac est amoureux de sa cousine Roxane,
mais celle-ci lui avoue qu'elle aime Christian de Neuvillette, un nouveau cadet
qu'elle lui fait promettre de protéger. Conscient de son manque d'esprit,
Christian obtient par ailleurs de Cyrano, qu'il écrive pour lui ses lettres
d'amour à la belle Roxane.
Le Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau est une ode
au théâtre et à la poésie, un film qui magnifie l’art des mots tout en offrant
un spectacle cinématographique grandiose. Fidèle à la pièce d’Edmond Rostand,
ce chef-d’œuvre de 1990 est une déclaration d’amour au texte, au jeu, et au
romantisme d’antan. Rarement une adaptation a su capter avec autant de
précision l’essence et la verve d’un monument littéraire.
Rappeneau, réalisateur trop rare mais toujours d’une
précision artisanale, signe ici une œuvre d’une richesse visuelle et
émotionnelle éclatante. Chaque plan est composé avec une minutie presque
picturale : les ruelles, les tavernes, les champs de bataille s’imprègnent de
l’époque tout en sublimant la tragédie personnelle de Cyrano. Les costumes
somptueux, les décors fastueux, et la lumière délicatement travaillée donnent à
chaque scène une majesté palpable. On ressent un respect immense pour l’œuvre
originale, non seulement dans le texte restitué quasiment intégralement, mais
aussi dans cette capacité à transformer une pièce de théâtre en cinéma pur,
vibrant et vivant.
Le rôle-titre est porté par un Gérard Depardieu au sommet
de son art. Son Cyrano est à la fois imposant et vulnérable, exalté et
déchirant. Avec son charisme naturel et sa voix puissante, Depardieu transcende
le personnage, incarnant à merveille ce héros lyrique, rongé par son complexe
physique mais riche d’une âme d’une grandeur inégalée. La célèbre tirade du
nez, déclamée avec panache, n’est qu’un exemple de la maestria avec laquelle il
s’approprie les vers de Rostand. À travers lui, chaque mot devient un coup de
sabre, un éclat de rire ou une larme silencieuse.
Le film brille également par sa mise en scène nerveuse et
élégante, qui conjugue avec brio action, romance et introspection. Rappeneau
insuffle une énergie cinématographique à l’œuvre théâtrale grâce à une caméra
en mouvement constant, capturant l’intensité des duels aussi bien que la
tendresse des confidences nocturnes. Mais derrière le spectacle, il y a une
profondeur émotionnelle immense. L’amour inavoué de Cyrano pour Roxane
(magnifiquement interprétée par Anne Brochet), son sacrifice, et son humour
bravache masquant sa douleur donnent au film une résonance universelle.
Cyrano de Bergerac est bien plus qu’un simple hommage à
Rostand ; c’est une célébration de l’art sous toutes ses formes. Le texte,
d’une beauté intemporelle, trouve ici une incarnation moderne et vibrante grâce
à une mise en scène audacieuse et un acteur principal en état de grâce. Une
œuvre rare, où chaque détail – des dialogues à l’esthétique – contribue à
élever le spectateur. Jean-Paul Rappeneau signe ici un sommet du cinéma
français, un véritable joyau qui continue d’émouvoir et d’éblouir.
NOTE : 16.40
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Jean-Paul Rappeneau
- Scénario : Jean-Paul Rappeneau et Jean-Claude Carrière, d'après la pièce éponyme d'Edmond Rostand
- Musique : Jean-Claude Petit et Kurt Kuenne
- Décors : Ezio Frigerio et Jacques Rouxel
- Costumes : Franca Squarciapino
- Photographie : Pierre Lhomme
- Montage : Noëlle Boisson
- Production : René Cleitman, Michel Seydoux et André Szöts
- Sociétés de production: Caméra One, DD Productions, Films A2, Hachette Première et UGC
- Sociétés de distribution : UGC et Carlotta Films
- Budget : 15 250 000 €
- Gérard Depardieu : Cyrano de Bergerac
- Anne Brochet : Magdeleine Robin dite « Roxane »
- Vincent Pérez : Christian de Neuvillette
- Jacques Weber : le comte de Guiche
- Roland Bertin : Ragueneau
- Philippe Morier-Genoud : Le Bret
- Philippe Volter : le vicomte de Valvert
- Pierre Maguelon : Carbon de Castel-Jaloux
- Josiane Stoléru : la duègne
- Jean-Marie Winling : Lignière
- Anatole Delalande : l’enfant
- Alain Rimoux : le père
- Louis Navarre : le fâcheux
- Gabriel Monnet : Montfleury
- François Marié : Bellerose
- Pierre Triboulet : Jodelet
- Jacques Pater : le tire-laine
- Catherine Ferran : Lise Ragueneau
- Jérôme Nicolin : le capucin
- Hervé Pauchon : un cadet
- Christian Loustau : un cadet
- Érick Bernard : un cadet
- Alain Perez : un cadet
- Frank Ramon : un cadet
- Alain Dumas : un cadet
- Franck Jazédé : un cadet
- Madeleine Marion : la mère supérieure
- Amélie Gonin : sœur Marthe
Crédités dans la version restaurée
- Ludivine Sagnier : la petite sœur à la pâtisserie
- Sandrine Kiberlain : sœur Colette
- Isabelle Gruault : sœur Claire
- Pierre Aussedat : un des marquis
- Michel Fau : un des poètes
- Michel Vuillermoz
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