Vu le film Je suis de la Revue de Mario Soldati (1950) avec Fernandel Isa Miranda Nino Taranto Isa Barzizza Ernesto Almirante Pierre Ferval Suzy Delair Louis Armstrong Ella Fitzgerald Les vagabonds de Borrah Minvitch Les Nicholas Brothers
Louis de Funès double
l’acteur Nino Taranto
Dans l'express Paris-Rome, une jeune fille dérobe le
costume très attendu de la célèbre vedette Suzy Delair, confié à un jeune
hurluberlu. Ce dernier va rechercher dans tous les cabarets célèbres la robe
volée, et assistera ainsi à tous les spectacles de la capitale.
Je suis de la revue,
réalisé par Mario Soldati, s'inscrit dans cette tradition des films spectacles
qui fleurissaient dans les années 40, particulièrement appréciés pour leur
capacité à divertir en période troublée. Production franco-italienne, ce film
repose moins sur une intrigue que sur une succession de numéros musicaux, un
prétexte évident pour mettre en lumière les vedettes du music-hall de l'époque.
Au premier rang, on retrouve notre Fernandel
national, toujours fidèle à sa gouaille et son charme comique, même si son rôle
semble parfois servir de simple fil conducteur entre les performances.
L'intrigue, réduite à peau de chagrin, ne vise guère plus qu’à justifier ces
apparitions successives. On n’y trouvera ni rebondissement mémorable, ni
profondeur narrative, mais un esprit léger, presque insouciant, qui sied
parfaitement à l’objectif affiché : divertir.
Le véritable intérêt du film réside dans sa galerie
de stars. Soldati a eu l’intelligence d’aligner des noms prestigieux et des
talents internationaux. Suzy Delair, toujours pétillante et élégante, apporte
sa présence espiègle, tandis que le duo mythique composé de Louis Armstrong et
Ella Fitzgerald constitue le sommet musical du film. Voir ces deux légendes du
jazz sur scène est un bonheur inestimable, un instant suspendu où la grâce
vocale d’Ella et la trompette de Louis illuminent l’écran. Ces moments suffisent
à justifier le visionnage, tant ils restent rares dans une production de
l’époque.
Mais la véritable pépite du film demeure l’apparition
des Nicholas Brothers, danseurs virtuoses dont les numéros défient les lois de
la gravité. Leur performance est d’une précision époustouflante, alliant
élégance, technique et un sens du rythme irréprochable. Les voir évoluer sur
scène, enchaînant les sauts et les figures avec une facilité déconcertante,
relève presque de la magie. Ces instants, où le cinéma capte la quintessence du
spectacle vivant, sont de purs moments de délectation.
Cependant, il serait faux de prétendre que le film
est sans défaut. Je suis de la revue souffre d’un manque flagrant de
scénario. Les enchaînements entre les numéros sont souvent artificiels, et les
dialogues peinent à combler ces vides narratifs. L’ensemble donne parfois
l’impression d’un collage disparate, où seuls les numéros comptent vraiment.
Une faiblesse que les spectateurs indulgents pardonneront volontiers, tant la
qualité des performances compense ces lacunes.
Je suis de la revue
ne prétend pas révolutionner le cinéma. C’est un divertissement simple, joyeux,
et parfois désuet, où la musique et la danse prennent le pas sur tout le reste.
Si l'on oublie ses défauts structurels, on se laisse emporter par ces instants
de grâce offerts par des artistes d’exception. Un film qui, sans casser trois
pattes à un canard, offre tout de même un beau prétexte à la célébration du
music-hall et de ses étoiles.
NOTE : 6.80
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Mario Soldati
- Scénario : Steno, Mario Monicelli
- Adaptation et dialogues : Pietro Garinei, Dino Maiuri, Steno, Mario Monicelli, Marcello Marchesi
- Images : Aldo Tonti
- Décors : Piero Filippone
- Musique : Louis Armstrong, Vittorio Mascheroni, Francis Lopez, Isa Barzizza, Redi, Katherine Dunham, Frustaci
- Chansons chantées par : Suzy Delair
- Production : Dino De Laurentiis
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