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mardi 17 décembre 2024

15.10 - MON AVIS SUR LE FILM LA FEMME A ABATTRE DE BRETAIGNE WINDUST (1951)


Vu le film La Femme à Abattre de Bretaigne Windust (1951) avec Humphrey Bogart Ted de Corsia Everett Sloane Zero Mostel Roy Roberts Patricia Joiner King Donovan Michael Tolan Bob Steele

Depuis que le chef du crime, Albert Mendoza, dirige une gang de tueurs à gages, le procureur Martin Ferguson le traque. Mais Ferguson conclut un marché avec un des acolytes de Mendoza, Joe Rico, et le chef de la mafia est arrêté. Par contre, Rico meurt avant de pouvoir témoigner contre Mendoza.

La Femme à Abattre (The Enforcer en version originale), sorti en 1951, est un joyau du film noir, marqué par l'empreinte d'un Hollywood encore épargné par la paranoïa du maccarthysme. Bien qu'attribué à Bretaigne Windust, ce thriller sombre doit beaucoup à Raoul Walsh, qui en a assuré la finalisation après la maladie du premier. Le résultat est un film tendu, nerveux, où chaque scène semble alimenter une tension qui ne faiblit jamais, jusqu’à un climax mémorable.

Au cœur de cette intrigue sinueuse se trouve Humphrey Bogart, dans l’un de ses rôles les plus mémorables. Il incarne un procureur implacable mais moralement ambigu, chargé de retrouver une femme témoin clé pour démanteler une organisation criminelle tentaculaire. Bogart, à la fois stoïque et vulnérable, insuffle une profondeur rare à son personnage, un homme pris entre son devoir et les risques démesurés de sa mission. C’est un rôle qui lui va à merveille : dur, mais humain, hanté par l’urgence et la fatalité.

Le film excelle dans sa mise en scène, notamment grâce à l’expertise de Walsh, qui en fait un modèle du film noir classique. Les flashbacks sont habilement intégrés pour reconstituer les événements, et la narration non linéaire apporte une densité dramatique captivante. La photographie en clair-obscur, typique du genre, magnifie la ville comme un labyrinthe oppressant, où le danger guette à chaque coin de rue. Les ruelles sombres et les immeubles décrépits deviennent des personnages à part entière, renforçant la paranoïa ambiante.

Mais ce qui distingue vraiment La Femme à Abattre, c’est son contexte. Sorti au début des années 50, le film précède de peu les purges maccarthystes, qui n’épargneront ni Bogart, ni Walsh. Ce climat politique donne au film une résonance particulière : la quête de vérité du procureur face à un réseau criminel impitoyable peut se lire comme une métaphore de la lutte pour préserver la justice dans un monde gangrené par la corruption et la peur.

Bien que le film ne soit pas signé d’un maître du genre comme Wilder ou Huston, il témoigne du talent de Windust, un réalisateur méconnu mais capable de diriger un film de manière efficace et intense. Sa collaboration involontaire avec Walsh donne une œuvre hybride, où la maîtrise visuelle de ce dernier sublime la précision narrative du premier.

La Femme à Abattre est bien plus qu’un simple film noir. C’est un témoignage d’une époque trouble, porté par un Humphrey Bogart au sommet de son art et une mise en scène exemplaire. Un incontournable pour les amateurs du genre et un rappel du génie discret de Bretaigne Windust, injustement relégué à l’ombre des grands noms de son époque.

NOTE : 15.10

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