Vu le film La Femme à Abattre de Bretaigne Windust (1951) avec Humphrey Bogart Ted de Corsia Everett Sloane Zero Mostel Roy Roberts Patricia Joiner King Donovan Michael Tolan Bob Steele
Depuis que le chef du crime, Albert Mendoza, dirige
une gang de tueurs à gages, le procureur Martin Ferguson le traque. Mais
Ferguson conclut un marché avec un des acolytes de Mendoza, Joe Rico, et le
chef de la mafia est arrêté. Par contre, Rico meurt avant de pouvoir témoigner
contre Mendoza.
La Femme à Abattre
(The Enforcer en version originale), sorti en 1951, est un joyau du film
noir, marqué par l'empreinte d'un Hollywood encore épargné par la paranoïa du
maccarthysme. Bien qu'attribué à Bretaigne Windust, ce thriller sombre doit
beaucoup à Raoul Walsh, qui en a assuré la finalisation après la maladie du
premier. Le résultat est un film tendu, nerveux, où chaque scène semble
alimenter une tension qui ne faiblit jamais, jusqu’à un climax mémorable.
Au cœur de cette intrigue sinueuse se trouve Humphrey
Bogart, dans l’un de ses rôles les plus mémorables. Il incarne un procureur
implacable mais moralement ambigu, chargé de retrouver une femme témoin clé
pour démanteler une organisation criminelle tentaculaire. Bogart, à la fois
stoïque et vulnérable, insuffle une profondeur rare à son personnage, un homme
pris entre son devoir et les risques démesurés de sa mission. C’est un rôle qui
lui va à merveille : dur, mais humain, hanté par l’urgence et la fatalité.
Le film excelle dans sa mise en scène, notamment
grâce à l’expertise de Walsh, qui en fait un modèle du film noir classique. Les
flashbacks sont habilement intégrés pour reconstituer les événements, et la
narration non linéaire apporte une densité dramatique captivante. La
photographie en clair-obscur, typique du genre, magnifie la ville comme un
labyrinthe oppressant, où le danger guette à chaque coin de rue. Les ruelles
sombres et les immeubles décrépits deviennent des personnages à part entière,
renforçant la paranoïa ambiante.
Mais ce qui distingue vraiment La Femme à Abattre,
c’est son contexte. Sorti au début des années 50, le film précède de peu les
purges maccarthystes, qui n’épargneront ni Bogart, ni Walsh. Ce climat
politique donne au film une résonance particulière : la quête de vérité du
procureur face à un réseau criminel impitoyable peut se lire comme une
métaphore de la lutte pour préserver la justice dans un monde gangrené par la
corruption et la peur.
Bien que le film ne soit pas signé d’un maître du
genre comme Wilder ou Huston, il témoigne du talent de Windust, un réalisateur
méconnu mais capable de diriger un film de manière efficace et intense. Sa
collaboration involontaire avec Walsh donne une œuvre hybride, où la maîtrise
visuelle de ce dernier sublime la précision narrative du premier.
La Femme à Abattre
est bien plus qu’un simple film noir. C’est un témoignage d’une époque trouble,
porté par un Humphrey Bogart au sommet de son art et une mise en scène
exemplaire. Un incontournable pour les amateurs du genre et un rappel du génie
discret de Bretaigne Windust, injustement relégué à l’ombre des grands noms de
son époque.
NOTE : 15.10
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Bretaigne Windust et Raoul Walsh (non crédité)
- Scénario : Martin Rackin
- Production : Milton Sperling
- Société de production : Warner Bros. Pictures
- Musique : David Buttolph
- Photographie : Robert Burks
- Montage : Fred Allen
- Pays d'origine : États-Unis
- Humphrey Bogart (VF : Claude Péran) : Martin Ferguson
- Zero Mostel (VF : Antoine Balpêtré) : "Big Babe" Lazich
- Ted de Corsia : Joseph Rico
- Everett Sloane : Albert Mendoza VF Louis de Funes
- Roy Roberts : Capitaine Frank Nelson
- Michael Tolan : James 'Duke' Malloy
- King Donovan : Sergent Whitlow
- Bob Steele : Herman
- Adelaide Klein : Olga Kirshen
- Don Beddoe : Thomas O'Hara
- Tito Vuolo : Tony Vetto
- John Kellogg : Vince
- Mario Siletti (non crédité) : Louis, le barbier de Vetto
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