Pages

mardi 10 décembre 2024

11.90 - VU LE FILM VICTOR ET VICTORIA DE REINHOLD SCHUNZEL (1933à

 


Vu le film Victor et Victoria de  Reinhold Schünzel (1933) avec Renate Muller Anton Walbrook Hermann Thimig Fritz Odemar Friedel Pisetta Aribert Washer

Jeune chanteuse vive et pleine d'allant, Susanne Lohr est au chômage. Après une audition ratée, elle fait la connaissance de Viktor Hempel, un artiste qui, comme elle, court après les cachets. Victor se désespère de trouver un rôle à la mesure de son talent et vivote grâce au tour de chant qu'il donne, habillé en femme, dans un cabaret. Le jour où Viktor, malade, perd sa voix, il propose à Susanne de le remplacer sur scène.

Le Victor und Victoria de Reinhold Schünzel (1933) est un joyau oublié qui brille encore par sa finesse et son audace, malgré les contraintes de son époque. En effet, ce film est l'ancêtre direct du chef-d'œuvre de Blake Edwards, et bien que les deux œuvres partagent un ADN thématique, elles possèdent chacune leur propre tonalité.

Le contexte de 1933 impose une certaine discrétion dans le traitement de l’homosexualité et des jeux de genre, mais Schünzel parvient à aborder ces sujets avec une légèreté et une malice qui désarment. Là où Edwards, dans les années 80, exploite pleinement l'exubérance et le glamour, Schünzel opte pour une approche plus proche de la comédie burlesque, rappelant les grandes heures du cinéma muet. Cette proximité avec l’esthétique du slapstick donne au film une énergie vive et presque anarchique, qui contraste délicieusement avec son sujet transgressif.

Renate Müller, dans le rôle de Victoria, est une véritable révélation : elle incarne avec grâce et espièglerie cette femme qui se déguise en homme pour percer dans le milieu du cabaret, jouant avec les frontières de genre d’une manière charmante et souvent hilarante. Hermann Thimig, en partenaire masculin maladroit mais attachant, complète parfaitement cette dynamique.

Ce qui rend le film particulièrement intéressant, c’est sa capacité à naviguer entre la comédie légère et des sous-entendus sociaux plus profonds. On sent les prémices d’une réflexion sur la fluidité des identités et des désirs, même si le contexte de l’Allemagne de l’époque impose de ne jamais pousser la subversion trop loin. En ce sens, le film est un produit de son temps, mais il possède une modernité inattendue qui le rend encore captivant aujourd’hui.

L’aspect "loufoque" est au cœur de son charme. Les dialogues pétillants, les quiproquos rocambolesques, et l’atmosphère effervescente rappellent les meilleures comédies de l’entre-deux-guerres, où l’on privilégiait le plaisir immédiat et la légèreté. Ce film est un éclat de champagne cinématographique : pétillant, audacieux, et plus profond qu’il n’y paraît à première vue.

  Victor und Victoria est un classique méconnu qui mérite d’être redécouvert, ne serait-ce que pour son audace douce et son charme rétro. On peut le savourer comme un miroir des sensibilités de son époque tout en admirant sa modernité sous-jacente. Un film à ranger parmi les plaisirs cinématographiques intemporels, même s’il se pare de 50 pagnes plutôt que de smokings !

NOTE : 11.90

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

Renate Müller : Susanne Lohr / « la comtesse Viktoria »
Hermann Thimig : l'acteur Viktor Hempel
Anton Walbrook : Robert
Hilde Hildebrand : Ellinor
Fritz Odemar : Douglas
Friedel Pisetta : Lilian
Aribert Wäscher : l'agent théâtral Francesco Alberto Punkertin
Raffles Bill : l'artiste de varietés
Henry Lorenzen : coiffeur
Trude Lehmann : infirmière
Rudolf Platte

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire