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mercredi 4 décembre 2024

12.10 - MON AVIS SUR LE FILM LE SILENCIEUX DE CLAUDE PINOTEAU (1973)


 Vu le film Le Silencieux de Claude Pinoteau (1973) avec Lino Ventura Léa Massari Leo Genn Robert Hardy Suzanne Flon Robert Party Roger Crouzet André Falcon Pierre Collet Michel Fortin

Le physicien français Clément Tibère travaille pour le compte des Soviétiques depuis son enlèvement, il y a vingt ans. Alors que tout le monde le croit mort, les services secrets britanniques le kidnappent, l'obligeant à dévoiler les noms de deux espions russes s'il souhaite retrouver sa liberté. Mais une fois les informations divulguées, il devra fuir la vengeance du KGB, qui compte bien lui faire payer cette dénonciation.

Sorti en 1973, Le Silencieux marque une incursion de Claude Pinoteau dans l’univers de l’espionnage, bien loin des effervescences adolescentes de La Boum ou des tourments familiaux de La Gifle. Ici, la caméra du réalisateur épouse les méandres d’un thriller psychologique où l'action cède souvent la place à une tension sourde et oppressante.

Lino Ventura, magistral comme à son habitude, porte le film sur ses épaules solides. Il incarne Clément Tibère, un scientifique contraint de jouer un jeu d'espionnage dont il est autant la victime que l'instrument. Ce personnage, coincé dans un véritable piège kafkaïen, est pris entre plusieurs forces qui ne lui laissent aucun répit : d'un côté, les agents soviétiques, de l'autre, les Français qui le surveillent tout en l'utilisant. Ce n'est pas tant un film d’action, mais une plongée dans l'angoisse d'un homme traqué, toujours en fuite, non pas à coups de poing mais à coups de regards lourds de conséquences et de décisions déchirantes.

Pinoteau, bien qu'il ne révolutionne pas le genre, parvient à instaurer une ambiance oppressante grâce à une mise en scène sobre mais efficace. Il joue habilement avec les silences, les non-dits, et des plans resserrés qui traduisent l’étau psychologique se refermant sur Tibère. Le spectateur, lui aussi, ressent cette asphyxie, immergé dans un récit où chaque choix semble condamné d’avance.

Si Le Silencieux ne prétend pas rivaliser avec les grands classiques du cinéma d’espionnage, il s’impose comme un film honnête et tendu. On peut certes regretter une intrigue parfois un peu trop linéaire et prévisible, mais le magnétisme de Ventura compense largement ces faiblesses. Son jeu, empreint d’une dignité stoïque, capte toute la gravité de l’enjeu : un homme seul contre tous, non pas par bravoure mais par nécessité.

NOTE : 12.10

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