Vu le film Le Silencieux de Claude Pinoteau (1973) avec Lino Ventura Léa Massari Leo Genn Robert Hardy Suzanne Flon Robert Party Roger Crouzet André Falcon Pierre Collet Michel Fortin
Le physicien français Clément Tibère travaille pour le
compte des Soviétiques depuis son enlèvement, il y a vingt ans. Alors que tout
le monde le croit mort, les services secrets britanniques le kidnappent,
l'obligeant à dévoiler les noms de deux espions russes s'il souhaite retrouver
sa liberté. Mais une fois les informations divulguées, il devra fuir la
vengeance du KGB, qui compte bien lui faire payer cette dénonciation.
Sorti en 1973, Le Silencieux marque une incursion
de Claude Pinoteau dans l’univers de l’espionnage, bien loin des effervescences
adolescentes de La Boum ou des tourments familiaux de La Gifle.
Ici, la caméra du réalisateur épouse les méandres d’un thriller psychologique
où l'action cède souvent la place à une tension sourde et oppressante.
Lino Ventura, magistral comme à son habitude, porte le
film sur ses épaules solides. Il incarne Clément Tibère, un scientifique
contraint de jouer un jeu d'espionnage dont il est autant la victime que
l'instrument. Ce personnage, coincé dans un véritable piège kafkaïen, est pris
entre plusieurs forces qui ne lui laissent aucun répit : d'un côté, les agents
soviétiques, de l'autre, les Français qui le surveillent tout en l'utilisant.
Ce n'est pas tant un film d’action, mais une plongée dans l'angoisse d'un homme
traqué, toujours en fuite, non pas à coups de poing mais à coups de regards
lourds de conséquences et de décisions déchirantes.
Pinoteau, bien qu'il ne révolutionne pas le genre,
parvient à instaurer une ambiance oppressante grâce à une mise en scène sobre
mais efficace. Il joue habilement avec les silences, les non-dits, et des plans
resserrés qui traduisent l’étau psychologique se refermant sur Tibère. Le
spectateur, lui aussi, ressent cette asphyxie, immergé dans un récit où chaque
choix semble condamné d’avance.
Si Le Silencieux ne prétend pas rivaliser avec les
grands classiques du cinéma d’espionnage, il s’impose comme un film honnête et
tendu. On peut certes regretter une intrigue parfois un peu trop linéaire et
prévisible, mais le magnétisme de Ventura compense largement ces faiblesses.
Son jeu, empreint d’une dignité stoïque, capte toute la gravité de l’enjeu : un
homme seul contre tous, non pas par bravoure mais par nécessité.
NOTE : 12.10
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Claude Pinoteau, assisté de Jean-Claude Sussfeld
- Scénario : Jean-Loup Dabadie et Claude Pinoteau, d'après le roman Drôle de pistolet de Francis Ryck (1969)
- Décors : Claude Pignot
- Photographie : Jean Collomb
- Son : Bernard Bats
- Montage son : Catherine Kelber
- Montage : Marie-Josèphe Yoyotte
- Musique : Jacques Datin et Alain Goraguer - et l' "Ouverture pour une Fête académique", de Brahms. et concerto pour violon de JS Bach BWV 1042
- Production : Alain Poiré
- Sociétés de production : Gaumont ; Medusa film
- Société de distribution : Gaumont
- Lino Ventura : Clément Tibère
- Lea Massari : Maria Menela
- Suzanne Flon : Jeanne, une amie de Clément qui l'héberge à Paris
- Leo Genn : le gentleman du MI5
- Bernard Dhéran : monsieur Chat, un agent de la DST
- Robert Party : le tueur dans le train
- Pierre-Michel Le Conte : Boris Korodine, un chef d'orchestre et espion soviétique
- Lucienne Legrand : la libraire
- Alan Adair
- Jerry Brouer
- Gabriel Cinque
- Pierre Collet : le garagiste
- Roger Crouzet : un agent de la DST
- André Falcon : le commissaire de police
- Pierre Forget : le fumeur dans le train
- Michel Duplaix : un analyste de la DST
- Michel Fortin : le camionneur
- Max Fournel
- Linda Gray1 : Ms Hardy, la scientifique britannique corrompue
- Robert Hardy : l'un des adjoints au MI5 britannique
- George Pravda
- Richard Saint-Bris
- Pierre Zimmer : le nouveau mari de Maria
- Jeffry Wickham : l'agent interprète du KGB, encadrant la délégation soviétique
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