Vu le Film Metropolis de Fritz Lang (1927) avec Alfred Abel, Brigitte Helm, Gustav Frölich Rudolf Klein , Rogge Theodor Loos Fritz Rasp Erwin Biswanger Heinrich George
En 2026, Metropolis est une mégapole dans
une société dystopique divisée en une ville haute, où
vivent les familles intellectuelles dirigeantes, dans l'oisiveté, le luxe et le
divertissement, et une ville basse, où les travailleurs font fonctionner la
ville et sont opprimés par la classe dirigeante. Un savant fou, l’hybride
Rotwang (Rudolf Klein-Rogge), met au point un
androïde à l’apparence féminine, lequel sera chargé d'exhorter les ouvriers à
se rebeller contre le maître de la cité, Joh Fredersen (Alfred
Abel), ce qui permettra à celui-ci de les mater.
Metropolis est un film grandiose et démesuré, une
fresque dystopique qui évoque 1984 d’Orwell, bien qu’elle soit adaptée
du roman de Thea von Harbou. Il est tentant d’y voir une préfiguration des
tourments qui secoueront l’Allemagne quelques années plus tard, notamment à
travers la figure du maître de cette cité dantesque, régnant d’une main de fer
sur une population réduite à l’état de pions, écrasée par le conflit entre le
capital et la lutte des classes. En ce sens, le film peut être perçu comme une
première étape annonciatrice des totalitarismes du XXe siècle.
Tout dans Metropolis est marqué par la grandeur et
l’excès : les portes monumentales, les escaliers vertigineux, les immenses murs
qui enferment la ville comme une citadelle dont il est impossible de
s’échapper. Mais ce gigantisme fascine, notamment grâce au travail titanesque
des décorateurs, dont la maîtrise évoque l’âge d’or d’Hollywood à l’époque du
muet.
L’une des scènes les plus marquantes est celle où la
ville est submergée par les eaux. À l’écran, le spectacle est saisissant, mais
dans la réalité du tournage, il prit une tournure bien plus éprouvante : des
centaines d’enfants furent maintenus plusieurs jours dans une piscine glacée
pour renforcer l’effet dramatique. Cette vision d’une catastrophe inéluctable
rappelle l’éruption du Vésuve sur Pompéi, où seuls quelques-uns parviennent à
s’échapper – une tragédie pure et brutale. On retrouve ici une dimension quasi
mythologique, à la fois grandiose et effrayante.
Le film puise également dans l’imaginaire de Frankenstein,
notamment à travers la création du robot Maria, double artificiel qui évoque la
célèbre créature de Mary Shelley. L’idée d’un savant jouant avec les limites du
possible et de l’éthique est une thématique récurrente dans le cinéma de Lang,
qui sera encore développée dans ses films suivants.
Seul regret : les intertitres en allemand (obwohl ich
in der Schule Deutsch in neununddreißigsten Sprachen gelernt habe), qui
peuvent gêner la compréhension pour un spectateur non germanophone. Malgré
cela, on reste subjugué par cette œuvre visionnaire, reflet de l’ambition
démesurée de Fritz Lang. Il est facile d’imaginer le docteur Mabuse dissimulé
quelque part dans l’ombre de cette dictature urbaine.
Le tournage de Metropolis dura près d’un an, dans
des conditions souvent extrêmes. Une légende veut que ce soit sur ce film que
Fritz Lang ait perdu un œil – bien que ce soit en réalité une exagération, Lang
ayant toujours conservé ses deux yeux. Quoi qu’il en soit, son regard cinématographique,
lui, n’a jamais faibli.
NOTE : 15 90
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Fritz Lang
- Scénario : Fritz Lang et Thea von Harbou, adapté du roman Metropolis de Thea von Harbou
- Costumes : Aenne Willkomm (de)
- Département artistique : Otto Hunte, Erich Kettelhut, Walter Schulze-Mittendorff, Karl Vollbrecht, Edgar G. Ulmer
- Décors : Willy Muller
- Effets spéciaux : Ernst Kunstmann, Konstantin Irmen-Tschet, Erich Kettelhut
- Consultant technique : Erich Kettelhut
- Photographie : Karl Freund et Günther Rittau
- Musique : Gottfried Huppertz
- Effets spéciaux :
- Prise de vue spéciales : Konstantin Tschetwerikoff
- Peintures : Erich Kettelhut
- Sculpture : Walter Schultze-Mittendorff
- Effets combinés : Eugen Schüfftan
- Trucages photos : Günther Rittau
- Assistant trucages photos : H.O. Schulze
- Production : Erich Pommer pour UFA (Universum-Film AG), Berlin
- Pays d'origine :
Allemagne
- Langue originale : film muet - cartons en allemand
- Tournage : du au
- Alfred Abel : Joh Fredersen, le maître de Metropolis
- Brigitte Helm : Maria / l'androïde
- Gustav Fröhlich : Freder, le fils de Joh Fredersen
- Rudolf Klein-Rogge : Rotwang, l'inventeur
- Theodor Loos : Josaphat, le bras droit de Joh Fredersen / Joseph
- Fritz Rasp : l'espion de Joh Fredersen, grand et mince
- Erwin Biswanger : Georgy, ouvrier no 11811
- Heinrich George : Grot, le contremaître, gardien de la machine centrale
- Hanns Leo Reich : Marinus
- Grete Berger, Olly Boeheim, Ellen Frey, Lisa Gray, Rosa Liechtenstein et Helene Weigel : des travailleuses
- Heinrich Gotho : le maître de cérémonie (non crédité)
- Olaf Storm : Jan (non crédité)
Le générique cite également les personnages suivants sans attribuer de noms aux interprètes :
- L'Homme créatif
- L'Homme machine
- La Mort
- Les Sept péchés capitaux
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