Vu le film Survivre de Frédéric Jardin (2024) avec Emilie Dequenne Andreas Pietschmann, Lisa Delamar Lucas Ebel
Une catastrophe bouleverse la planète : les pôles magnétiques de la Terre se sont inversés. Les océans ont anéanti les continents, laissant derrière eux un vaste désert. Dans ce monde ravagé, une famille doit lutter pour sa survie. Quand les pôles s’inverseront à nouveau, il sera trop tard.
Avec Survivre, Frédéric Jardin s’aventure sur le terrain glissant de la science-fiction dystopique en imaginant un monde où l’inversion des pôles, conséquence directe du changement climatique, entraîne une transformation radicale de la planète : les océans disparaissent, laissant place à des déserts hostiles et imprévisibles. Ce postulat de départ, à la fois terrifiant et fascinant, inscrit le film dans une veine d’anticipation qui rappelle certains récits de survie à grande échelle, tout en conservant une approche européenne plus intimiste.
Là où Survivre frappe fort, c’est dans son atmosphère oppressante. Jardin joue habilement avec l’angoisse du vide : les anciens fonds marins devenus des plaines arides sont autant de territoires inconnus où l’homme n’a plus sa place. L’idée d’explorer ces nouveaux paysages, où les dangers surgissent non seulement de l’absence d’eau mais aussi d’autres phénomènes imprévus, confère au film une tension palpable. Malheureusement, le manque de moyens bride quelque peu l’ambition du projet. Là où une superproduction hollywoodienne aurait déployé des effets spéciaux spectaculaires, Survivre doit se contenter d’une mise en scène plus sobre, parfois frustrante.
Malgré ces limites techniques, le film parvient à capter notre attention, en grande partie grâce à ses acteurs. La présence d’Émilie Dequenne, dans son dernier rôle, confère à Survivre une émotion particulière. Actrice intense et juste, elle incarne une héroïne combattive, prise dans un monde où chaque pas peut être fatal. Sa prestation, empreinte de gravité, rappelle à quel point elle était une interprète précieuse du cinéma francophone. Son décès récent ajoute une résonance tragique au film, rendant sa vision encore plus poignante.
Survivre ne révolutionne pas le genre, et ses limites budgétaires empêchent une immersion totale dans son univers. Pourtant, son idée de départ, son ambiance pesante et l’interprétation d’Émilie Dequenne en font une œuvre intrigante, à défaut d’être totalement aboutie. Un film à voir, ne serait-ce que pour son concept audacieux et pour rendre hommage à une actrice qui nous manquera.
NOTE : 8.10
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire