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samedi 8 mars 2025

16.80 - MON AVIS SUR LE FILM MARIE OCTOBRE DE JULIEN DUVIVIER (1958)


  Vu le film Marie-Octobre de Julien Duvivier (1958) avec Danielle Darrieux Robert Dalban Paul Meurisse Lino Ventura Jeanne Fusier-Gir Noel Roquevert Daniel Ivernel Paul Frankeur Paul Guers Serge Reggiani Bernard Blier

Les retrouvailles d'un groupe d'ex-résistants, organisées par Marie-Octobre, nom de code du personnage interprété par Danielle Darrieux. Les anciens camarades ont mené leur vie durant ces années, mais ce soir ils vont devoir revivre une soirée fatidique, celle où le chef de leur réseau a trouvé la mort, trahi par l'un d'eux.
La recherche du traître met en lumière la personnalité de chaque membre du réseau, mais aussi et surtout celle de Castille, son chef, personnage fort mais différent de la légende qui s'était tissée autour de lui.

Mis en scène en 1958 par Julien Duvivier, réalisateur aujourd'hui parfois méconnu (ou sous-estimé), alors qu'il possède une filmographie solide (Pépé le Moko, Panique, Voici le temps des assassins...), Marie-Octobre est un polar à huis clos typique des années 50-60. Le film n'est pas sans rappeler Le Corbeau d'Henri-Georges Clouzot par son exploration des conséquences des méfaits de la Seconde Guerre mondiale. Il aborde notamment un thème toujours brûlant dans l'histoire politique française : le rôle de la Résistance et ses zones d'ombre, tant au sein du réseau qu'à un niveau plus politique. Certains y voient d'ailleurs une allusion à la trahison du réseau de Jean Moulin.

Dans cette intrigue qui évoque les romans d'Agatha Christie, onze personnages (neuf hommes et deux femmes) se retrouvent enfermés dans une maison pour démasquer celui qui a dénoncé leur réseau quinze ans plus tôt. Le film prend ainsi des airs de Cluedo à l'ancienne, avec même une gouvernante mutique qui rappelle les figures classiques du genre.

L'évolution des mensonges et des déclarations des protagonistes fait que chacun devient tour à tour suspect, accusateur et finalement, l'un d'eux se révèle coupable. La trahison a été motivée par la jalousie et la cupidité. Marie-Octobre, incarnée par la sublime Danièle Darrieux, se venge en tuant le traître, autant par justice que par amour pour son ancien compagnon. Mais cette exécution ne ramènera pas la paix au sein du groupe : chacun porte sa part de compromission et de lâcheté, et la fin du film laisse planer un doute amer sur l'héritage de leur combat.

Malgré son cadre restreint, la réalisation de Duvivier est brillante. Chaque recoin de la pièce est exploité, chaque regard, chaque mouvement devient signifiant. Ayant revu le film bien des années après ma première vision, je trouve qu'il n'a rien perdu de son intensité, notamment grâce à son ambition politique et à sa résonance toujours actuelle sur les trahisons et les calculs politiciens. Marie-Octobre nous rappelle à quel point certains sont prêts à sacrifier l'un des leurs pour satisfaire leurs ambitions.

Ce huis clos exceptionnel est porté par une distribution de haut vol. Chaque comédien, sans jamais surjouer, reste ancré dans son personnage, y compris en arrière-plan. Le casting réunit Bernard Blier, Paul Meurisse, Noël Roquevert, Paul Frankeur, Lino Ventura (avec une savoureuse allusion à son passé de catcheur), Serge Reggiani, Daniel Ivernel, Robert Dalban et Paul Guers. Sans oublier Jeanne Fusier-Gir, l'une des silhouettes les plus célèbres du cinéma français. Tous gravitent autour de Danièle Darrieux, magistrale, qui aura le dernier mot.

J'aime ce cinéma-là, un cinéma intelligent qui ne prenait pas le spectateur pour un imbécile et qui a égayé nos jeudis pluvieux d'antan. Une adaptation télévisée a été réalisée par José Dayan en 2008, mais elle est sans intérêt, notamment à cause du choix des comédiens, qui n'ont pas la même présence que ceux du film de Duvivier.

NOTE : 16.80

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

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