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vendredi 21 mars 2025

14.10 - MON AVIS SUR LE FILM POT BOUILLE DE JULIEN DUVIVIER (1957)


 Vu le film Pot Bouille de Julien Duvivier (1957) avec Gérard Philipe Danielle Darrieux Dany Carre Anouk Aimé Jacques Duby Jane Marken Olivier Hussenot Daniel Dumont Henri Vibert Michèle Luccioni

Jeune provincial aux dents longues, Octave Mouret débarque dans le Paris des années 1880. Dans l'immeuble bourgeois où il occupe une chambre au dernier étage, Mme Josserand, maîtresse femme qui ne songe qu'à marier ses filles, et particulièrement Berthe, la cadette, jette son dévolu sur lui. Mais Octave a d'autres projets : Mme Hédouin, propriétaire, avec son mari, du magasin Au Bonheur des Dames où il est embauché comme commis, emploi qu'il a obtenu par relation et qui explique sa venue à Paris. Mais Mme Hédouin, toujours très belle, est vertueuse et repousse ses avances

Pot-Bouille (1957) de Julien Duvivier est une adaptation élégante et mordante du roman d’Émile Zola, où le cinéaste transpose avec brio la critique sociale acérée de l’écrivain à l’écran. Si le film adoucit quelque peu la noirceur du propos zolien, il n’en demeure pas moins une peinture savoureuse de la petite bourgeoisie du Second Empire, engluée dans ses hypocrisies, ses ambitions et ses appétits charnels.

Au centre de ce jeu de dupes, Octave Mouret, jeune provincial ambitieux et charmeur, fait une entrée fracassante dans ce microcosme parisien. Interprété par un Gérard Philipe au sommet de son charme, le personnage évolue comme un coq dans une basse-cour où les femmes, jeunes et moins jeunes, ne tardent pas à succomber à ses attraits. Engagé comme vendeur dans un grand magasin – prémices de son destin dans Au Bonheur des Dames –, il découvre rapidement que les places se gagnent autant dans les alcôves que dans les bureaux.

Duvivier excelle dans la reconstitution de cette époque, offrant une mise en scène élégante et raffinée, où les décors somptueux et les costumes soignés participent à la crédibilité du tableau. L’atmosphère feutrée des salons, les couloirs où se murmurent les intrigues et les boudoirs où s’échangent les faveurs composent un univers où le désir et l’opportunisme se confondent. Le film, moins cruel que le roman, joue davantage sur un registre de comédie piquante, flirtant parfois avec le vaudeville, sans jamais sombrer dans la légèreté gratuite.

Autour de Gérard Philipe gravite une distribution féminine éclatante. Danielle Darrieux, impériale en Madame Hédouin, incarne la femme respectable, pivot de l’ascension sociale d’Octave. Dany Carrel, en servante délurée, apporte une touche d’insolence rafraîchissante, tandis qu’Anouk Aimée incarne la jeune ingénue prise au piège des conventions. Tous ces personnages illustrent, à leur manière, les stratégies féminines pour survivre dans un monde dominé par les apparences et les rapports de force.

La grande question demeure : Octave finira-t-il par céder aux avances, et surtout, choisira-t-il le mariage comme moyen d’ascension sociale ? Fidèle à l’esprit de Zola, Duvivier laisse planer le doute, mettant en avant le cynisme du héros tout en conservant une certaine ambiguïté. Si Pot-Bouille n’atteint pas la dimension tragique d’autres adaptations zoliennes, il n’en demeure pas moins une œuvre fine et réjouissante, portée par un casting de rêve et une réalisation ciselée. Un tableau mordant d’une société où tout s’achète – et où l’amour, comme le reste, est une affaire de transaction.

NOTE  14.10

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

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