Vu le film Pot Bouille de Julien Duvivier (1957) avec Gérard Philipe Danielle Darrieux Dany Carre Anouk Aimé Jacques Duby Jane Marken Olivier Hussenot Daniel Dumont Henri Vibert Michèle Luccioni
Jeune provincial aux
dents longues, Octave Mouret débarque dans le Paris des années 1880. Dans
l'immeuble bourgeois où il occupe une chambre au dernier étage, Mme Josserand,
maîtresse femme qui ne songe qu'à marier ses filles, et particulièrement
Berthe, la cadette, jette son dévolu sur lui. Mais Octave a d'autres
projets : Mme Hédouin, propriétaire, avec son mari,
du magasin Au Bonheur des Dames où il est embauché comme
commis, emploi qu'il a obtenu par relation et qui explique sa venue à Paris.
Mais Mme Hédouin, toujours très belle, est vertueuse et
repousse ses avances
Pot-Bouille (1957) de Julien Duvivier
est une adaptation élégante et mordante du roman d’Émile Zola, où le cinéaste
transpose avec brio la critique sociale acérée de l’écrivain à l’écran. Si le
film adoucit quelque peu la noirceur du propos zolien, il n’en demeure pas
moins une peinture savoureuse de la petite bourgeoisie du Second Empire,
engluée dans ses hypocrisies, ses ambitions et ses appétits charnels.
Au centre de ce jeu de dupes, Octave
Mouret, jeune provincial ambitieux et charmeur, fait une entrée fracassante
dans ce microcosme parisien. Interprété par un Gérard Philipe au sommet de son
charme, le personnage évolue comme un coq dans une basse-cour où les femmes,
jeunes et moins jeunes, ne tardent pas à succomber à ses attraits. Engagé comme
vendeur dans un grand magasin – prémices de son destin dans Au Bonheur des
Dames –, il découvre rapidement que les places se gagnent autant dans les
alcôves que dans les bureaux.
Duvivier excelle dans la reconstitution
de cette époque, offrant une mise en scène élégante et raffinée, où les décors
somptueux et les costumes soignés participent à la crédibilité du tableau.
L’atmosphère feutrée des salons, les couloirs où se murmurent les intrigues et
les boudoirs où s’échangent les faveurs composent un univers où le désir et
l’opportunisme se confondent. Le film, moins cruel que le roman, joue davantage
sur un registre de comédie piquante, flirtant parfois avec le vaudeville, sans jamais
sombrer dans la légèreté gratuite.
Autour de Gérard Philipe gravite une
distribution féminine éclatante. Danielle Darrieux, impériale en Madame
Hédouin, incarne la femme respectable, pivot de l’ascension sociale d’Octave.
Dany Carrel, en servante délurée, apporte une touche d’insolence rafraîchissante,
tandis qu’Anouk Aimée incarne la jeune ingénue prise au piège des conventions.
Tous ces personnages illustrent, à leur manière, les stratégies féminines pour
survivre dans un monde dominé par les apparences et les rapports de force.
La grande question demeure : Octave
finira-t-il par céder aux avances, et surtout, choisira-t-il le mariage comme
moyen d’ascension sociale ? Fidèle à l’esprit de Zola, Duvivier laisse planer
le doute, mettant en avant le cynisme du héros tout en conservant une certaine
ambiguïté. Si Pot-Bouille n’atteint pas la dimension tragique d’autres
adaptations zoliennes, il n’en demeure pas moins une œuvre fine et
réjouissante, portée par un casting de rêve et une réalisation ciselée. Un
tableau mordant d’une société où tout s’achète – et où l’amour, comme le reste,
est une affaire de transaction.
NOTE 14.10
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Julien Duvivier
- Scénario : d'après le roman d'Émile Zola, Pot-Bouille (1882)
- Adaptation : Julien Duvivier, Léo Joannon, Henri Jeanson
- Dialogues : Henri Jeanson
- Assistant à la réalisation : Michel Romanoff, Pierre Maho
- Décors : Léon Barsacq
- Ensemblier : Maurice Barnathan
- Costumes : Marcel Escoffier, Jean Zay, Emmanuel Bourrassin
- Maquillage : Jean-Ulysse Piedeloup et Igor Keldich
- Perruques et coiffure : Jean Lalaurette
- Photographie : Michel Kelber, assisté d'André Domage
- Opérateur : Wladimir Ivanoff
- Son : Jacques Carrère, assisté de Guy Chichignoud
- Montage : Madeleine Gug
- Musique : Jean Wiener, orchestre sous la direction d'André Girard, éditions musicales Ray Ventura
- Photographe de plateau : Walter Limot
- Script-girl : Denise Morlot
- Régisseur : Tonio Sune
- Chef de production : Robert Hakim et Raymond Hakim
- Directeur de production : Ludmilia Goulian
- Assistant de production : Pierre Duvivier
- Sociétés de production : Paris Films Production (France), Panitalia (Italie)
- Sociétés de distribution : CCFC (Compagnie commerciale française cinématographique, distributeur d'origine) (France), Gaumont (France)
- Gérard Philipe : Octave Mouret, l'ambitieux provincial
- Danielle Darrieux : Caroline Hédouin, patronne d’Au bonheur des dames
- Dany Carrel : Berthe Josserand, la fille cadette qui se marie avec Auguste
- Jacques Duby : Auguste Vabre, le second fils du propriétaire de l'immeuble
- Jane Marken : Eléonore Josserand, la mère
- Olivier Hussenot : Joseph Josserand, le père
- Danielle Dumont : Hortense Josserand, la fille aînée
- Henri Vilbert : Narcisse Bachelard, frère d'Eléonore et oncle de Berthe et d'Hortense
- Anouk Aimée : Marie Pichon, la jeune mère de famille au landau
- Georges Cusin : Achille Compardon, architecte et amant de Gasparine
- Pascale de Boysson : Gasparine, belle-sœur et maîtresse d'Achille Compardon
- Jenny Orléans : Rose Compardon, la femme maladive d'Achille
- Micheline Luccioni : Valérie Vabre, la femme hystérique de Théophile
- Jacques Grello : Théophile Vabre, le fils aîné, mari de Valérie
- Gaston Jacquet : Hippolyte Vabre, le père, propriétaire de l'immeuble
- Jean Brochard : Monsieur Duveyrier, ancien procureur général
- Claude Nollier : Clotilde Duveyrier, née Vabre, la femme du procureur
- Germaine de France : Mlle Menu, la tante de Fanny
- Michèle Grellier : Fanny, la nièce de Mlle Menu et maîtresse de Narcisse
- Van Doude : Hector Trublot, un jeune ami de Narcisse
- Gabrielle Fontan : Mme Pilou, la femme de ménage
- Alexandre Rignault : Gourd, le concierge de l'immeuble au bonnet
- Catherine Samie : Clémence, la domestique des Vabre
- Judith Magre : Rachel, la servante d'Auguste et Berthe
- Arielle Coignet : Louise, la domestique de Mme Juzeur
- Denise Gence : Lisa, la servante des Compardon
- Betty Beckers : la bonne de Valérie
- Valérie Vivin : Adèle, la servante des Josserand
- Monique Vita : Clarisse Boquet, la femme nue qui pose et maîtresse de M. Duveyrier
- Lydia Ewandé : la domestique de Clarisse
- Henri Coutet : un ouvrier dans la cour
- Albert Médina : le contrôleur
- Liliane Ernout : la cliente au Rendu
- Jacques Eyser : le docteur qui vient annoncer le décès de M. Hédouin
- Rivers-Cadet : le notaire
- Jean-Louis Le Goff : le sommelier, maître d'hôtel
- Paul Faivre : le cocher
- Charles Lemontier : le passant dans la rue avec Valérie
- Jean Degrave : un invité
- René Worms : un invité
- Andrès : un invité chez les Josserand
- Marius Gaidon : un serveur au buffet du mariage
- Roger Lecuyer : un invité au mariage
- Paule Launay
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