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mercredi 19 mars 2025

13.80 - MON AVIS SUR LE FILM LES BONNES CAUSES DE CHRISTIAN JAQUE (1963)


Vu le film Les Bonnes Causes de Christian Jaque (1963) avec Marina Vlady Bourvil Pierre Brasseur Virna Lisi Umberto Orsini José Luis de Villalonga Mony Dalmes Jacques Monod Jacques Mauclair

Gina est l'infirmière dévouée de Paul Dupré, riche industriel soigné pour des problèmes cardiaques. Dupré meurt brutalement lors d'une injection faite par Gina et, aussitôt, son épouse Catherine accuse l'infirmière, avec l'aide du célèbre avocat Charles Cassidi, qui est aussi son amant depuis peu. Gina est défendue par un avocat débutant, Me Philliet. L'enquête est menée par le juge d'instruction Albert Gaudet. Très vite Gaudet trouve que trop de coïncidences ou d'incohérences accablent Gina, mais aussi que la connivence et la liaison avérée entre Catherine Dupré et Cassidi sont troublantes, d'autant que cet avocat a écrit nombre d'articles sur le crime parfait.

Les Bonnes Causes (1963) de Christian-Jaque s’inscrit dans la veine des grands films judiciaires où la vérité est plus trouble qu’il n’y paraît. Inspiré du roman de Jean Laborde, ce drame judiciaire aurait sans doute séduit André Cayatte par son regard acéré sur la manipulation et l’ambiguïté morale.

L’intrigue repose sur un enchevêtrement d’apparences trompeuses : Marina Vlady incarne une femme adultère dont l’amant, un avocat retors (Pierre Brasseur), n’hésite pas à sacrifier une innocente (Virna Lisi) pour sauver sa propre maîtresse. Bourvil, dans un contre-emploi fascinant, joue le juge d’instruction tentant de démêler cette affaire où chacun joue double jeu. Sa performance, à la fois sobre et perspicace, tranche avec son image habituelle de comique, ajoutant une tension dramatique bienvenue.

Le cœur du film repose sur le duel intellectuel entre Brasseur et Bourvil. L’un manie la rhétorique avec une aisance perverse, l’autre tente de percer son masque de respectabilité. L’ascendant que prend l’avocat sur l’affaire est d’autant plus glaçant qu’il est dépourvu de toute morale, utilisant la justice comme un théâtre où il écrit lui-même le scénario. Marina Vlady, tout en subtilité, incarne une femme fatale dont la froideur contraste avec l’innocence bafouée de Virna Lisi.

Si le scénario est solide et les dialogues ciselés, la mise en scène de Christian-Jaque manque d’ampleur. À l’exception de l’ouverture, qui installe efficacement l’atmosphère, la réalisation évoque parfois une enquête télévisée à la Cinq Dernières Minutes, trop fonctionnelle pour sublimer la tension dramatique.

Mais c’est la fin qui marque le plus : il n’y a pas de justice au sens moral du terme, seulement la démonstration que la manipulation et le cynisme peuvent triompher. Cette absence de résolution morale laisse un goût amer, faisant de Les Bonnes Causes un film plus corrosif qu’il n’y paraît.

 NOTE : 13.80

FICHE TECHNIQUE

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Non crédités

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