Pages

lundi 17 mars 2025

13.00 - MON AVIS SUR LE FILM LE MIROIR A DEUX FACES DE ANDRE CAYATTE (1958)

 


Vu le film  Le Miroir à Deux Faces de André Cayatte (1958) avec Bourvil Michèle Morgan Gérard Oury Ivan Desny Sylvie Elizabeth Manet Julien Carette Jane Marken Georges Chamarat

Tardivet a épousé Marie-José, qui semble secrètement souffrir de son physique. Marie-José est amoureuse de son beau-frère mais elle s'est résignée et s'est mariée avec Tardivet. Peu à peu, elle a pris l'habitude d'une vie médiocre et sans joie. Lorsqu'un évènement vient bouleverser la vie des Tardivet, Marie-José se voit proposer de subir une intervention esthétique, qu'elle accepte. C'est alors une autre femme qui apparaît. Tardivet, furieux, comprend que Marie-José va lui échapper.

 Lorsqu’on voit Le Miroir à deux faces (1958), on pourrait s’attendre, au vu du duo Bourvil/Gérard Oury, à une comédie dans la lignée des classiques du cinéma français. Pourtant, il s’agit d’un drame intense et poignant, où l’humour laisse place à une étude cruelle des apparences et des travers humains. Avec en prime, le regard envoûtant de Michèle Morgan, ces yeux d’un bleu inoubliable qui ont marqué l’histoire du cinéma français.

Le film explore la noirceur des sentiments à travers le personnage de Marie-José Vauzange, femme discrète et effacée, qui décide de subir une opération de chirurgie esthétique pour plaire à son mari, Pierre Tardivet. Ce dernier, joué avec une froideur glaçante par Bourvil dans l’un de ses rares rôles dramatiques, est un homme médiocre, frustré et rongé par l’amertume. Il voit d’abord cette transformation comme une victoire sociale avant de comprendre qu’il en a perdu le contrôle : il ne voulait pas une femme sublime, il voulait une épouse à son image, terne et soumise.

La tragédie du film repose sur cette ironie cruelle : Tardivet rêvait d’une femme plus belle, mais lorsqu’elle devient réellement désirable, il ne le supporte pas. Son amour devient haine, sa jalousie se transforme en obsession. Il ne peut admettre que celle qu’il avait choisie par dépit devienne une femme convoitée par d’autres. Le scénario, remarquablement construit, illustre cette dualité avec une précision implacable, jouant sur le contraste entre ce que l’on désire et ce que l’on redoute.

La mise en scène d’André Cayatte, souvent associé à un cinéma à thèse, est ici d’une grande efficacité. Il dissèque sans concession les relations de pouvoir au sein du couple et la tyrannie du regard des autres. Le casting renforce la puissance du propos : Michèle Morgan est bouleversante dans ce rôle de femme en quête de reconnaissance, tandis que Bourvil livre une performance inattendue, loin de ses habituels personnages de bon vivant. Autour d’eux, des seconds rôles savoureux, avec un Julien Carette truculent et une Sylvie impériale, apportent une profondeur supplémentaire à l’ensemble.

Le Miroir à deux faces est une œuvre cruelle et fascinante, où les jeux de reflets ne sont pas seulement physiques mais aussi psychologiques. Il rappelle que la beauté, loin d’être une bénédiction, peut devenir une malédiction entre de mauvaises mains. Une leçon amère, servie par un film magistral.


NOTE : 13.00

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire