Vu le film Le Miroir à Deux Faces de André Cayatte (1958) avec Bourvil Michèle Morgan Gérard Oury Ivan Desny Sylvie Elizabeth Manet Julien Carette Jane Marken Georges Chamarat
Tardivet a épousé Marie-José, qui semble secrètement souffrir de son physique. Marie-José est amoureuse de son beau-frère mais elle s'est résignée et s'est mariée avec Tardivet. Peu à peu, elle a pris l'habitude d'une vie médiocre et sans joie. Lorsqu'un évènement vient bouleverser la vie des Tardivet, Marie-José se voit proposer de subir une intervention esthétique, qu'elle accepte. C'est alors une autre femme qui apparaît. Tardivet, furieux, comprend que Marie-José va lui échapper.
Lorsqu’on voit Le Miroir à deux faces (1958), on pourrait s’attendre, au vu du duo Bourvil/Gérard Oury, à une comédie dans la lignée des classiques du cinéma français. Pourtant, il s’agit d’un drame intense et poignant, où l’humour laisse place à une étude cruelle des apparences et des travers humains. Avec en prime, le regard envoûtant de Michèle Morgan, ces yeux d’un bleu inoubliable qui ont marqué l’histoire du cinéma français.
Le film explore la noirceur des sentiments à travers le personnage de Marie-José Vauzange, femme discrète et effacée, qui décide de subir une opération de chirurgie esthétique pour plaire à son mari, Pierre Tardivet. Ce dernier, joué avec une froideur glaçante par Bourvil dans l’un de ses rares rôles dramatiques, est un homme médiocre, frustré et rongé par l’amertume. Il voit d’abord cette transformation comme une victoire sociale avant de comprendre qu’il en a perdu le contrôle : il ne voulait pas une femme sublime, il voulait une épouse à son image, terne et soumise.
La tragédie du film repose sur cette ironie cruelle : Tardivet rêvait d’une femme plus belle, mais lorsqu’elle devient réellement désirable, il ne le supporte pas. Son amour devient haine, sa jalousie se transforme en obsession. Il ne peut admettre que celle qu’il avait choisie par dépit devienne une femme convoitée par d’autres. Le scénario, remarquablement construit, illustre cette dualité avec une précision implacable, jouant sur le contraste entre ce que l’on désire et ce que l’on redoute.
La mise en scène d’André Cayatte, souvent associé à un cinéma à thèse, est ici d’une grande efficacité. Il dissèque sans concession les relations de pouvoir au sein du couple et la tyrannie du regard des autres. Le casting renforce la puissance du propos : Michèle Morgan est bouleversante dans ce rôle de femme en quête de reconnaissance, tandis que Bourvil livre une performance inattendue, loin de ses habituels personnages de bon vivant. Autour d’eux, des seconds rôles savoureux, avec un Julien Carette truculent et une Sylvie impériale, apportent une profondeur supplémentaire à l’ensemble.
Le Miroir à deux faces est une œuvre cruelle et fascinante, où les jeux de reflets ne sont pas seulement physiques mais aussi psychologiques. Il rappelle que la beauté, loin d’être une bénédiction, peut devenir une malédiction entre de mauvaises mains. Une leçon amère, servie par un film magistral.
- Réalisation : André Cayatte
- Scénario, adaptation : André Cayatte, Gérard Oury
- Dialogues : Denis Perret, Jean Meckert
- Assistant réalisateur : Serge Vallin
- Images : Christian Matras
- Opérateur : Gilbert Chain, assisté d'Ernest Bourreau
- Musique : Louiguy (Éditions Hortensia)
- La Symphonie n° 5 de Beethoven, dirigée par Wilhelm Furtwängler est exécutée par l'orchestre philharmonique de Vienne sur marque La voix de son maître, exclusivité Pathé Marconi
- Décors : Jacques Colombier, assisté de Jean Forestier
- Costumes : Tanine Autre
- Robes de : Paulette Coquatrix
- Chapeaux de : Jean Barthet
- Montage : Paul Cayatte, assisté de Nicole Colombier
- Durée : 96 minutes
- Son : Pierre Bertrand
- Maquillage : Yvonne Fortuna
- Effets spéciaux de maquillage : Charles E. Parker
- Coiffures : Simone Knapp
- Photographe de plateau : Jean-Louis Castelli
- Script-girl : Simone Chavaudra
- Régisseur : Hubert Mérial
- Ensemblier : Albert Volper
- Affichiste : Clément Hurel
- Pellicule 35 mm, noir et blanc - Son système Optiphone
- Tirage Laboratoire G.T.C Joinville
- Directeur de production : Robert Sussfeld
- Tournage du au dans les studios de Boulogne, à l'aéroport de Paris et à Venise (Italie)
- Production franco-italienne :
Paris Union Films, Franco London Films, Gaumont (Paris) -
Italie C.E.I Incom S.P.A (Rome)
- Chef de production : Henry Deutschmeister
- Producteur délégué : Alain Poiré
- Distribution : Gaumont
- Michèle Morgan : Marie-José Vauzange
- Bourvil : Pierre Tardivet
- Sylvie : la mère de Pierre
- Ivan Desny : Gérard Durieu
- Elisabeth Manet : Véronique Vauzange, la soeur cadette de Marie-José
- Jane Marken : Mme Vauzange, la mère de Marie-José
- Georges Chamarat : Georges Vauzange, le père de Marie-José
- Gérard Oury : le docteur Bosc
- Sandra Milo (doublée par Claire Guibert) : Ariane, l'assistante de Bosc
- Julien Carette : Albert Benoît
- Georgette Anys : Marguerite Benoît
- Corrado Guarducci : le maître d'hôtel à Venise
- Pierre Brice : Jacques
- Jean-François Poron : un danseur à l'anniversaire de Véronique
- André Oumansky : un danseur à l'anniversaire de Véronique
- Renée Passeur : la patiente de Bosc qui se fait refaire le nez
- Catherine Candida : la patiente de Bosc qui s'est fait refaire un sein
- Florence Brière : la patiente de Bosc qui se fait refaire le visage
- Charles Bouillaud : un collègue de Pierre à l'école
- Jacques Marin : un collègue de Pierre à l'école (celui au vélo)
- Bruno Balp : un collègue de Pierre à l'école (celui au scooter)
- André Philip : un collègue de Pierre à l'école
- Yves Barsacq : un concierge de l'école
- René Hell : un concierge de l'école
- Hubert de Lapparent : l'employé aux petites annonces
- Jacques Mancier : le commissaire qui reçoit la déposition de Pierre
- Marcel Perès : le patron du bistrot
- Robert Rollis : le steward du vol pour Montréal
- Lisa Jouvet : l'hôtesse de l'air du vol pour Montréal
- Aurore Paquiss : l'hôtesse de l'air au téléphone
- Marie Dubois (non créditée) : une invitée aux fiançailles de Véronique
- Adrien Cayla-Legrand (non crédité) : un invité à l'anniversaire de Véronique
- Dany Saval (non créditée)
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