Vu le film Le Cerveau de Gérard Oury (1969) avec Jean Paul Belmondo Bourvil David Niven Eli Wallach Silvia Monti Raymond Jérôme Jacques Balutin Henri Attal Henri Genès Patrick Préjean Paul Mercey Jacques Ciron
(la chanson The Brain du générique a été composée par
Georges Delerue)
Deux compères, Anatole et Arthur, prévoient un
« coup fabuleux » : l'attaque d'un train spécial transportant
de Paris à Bruxelles les
fonds secrets des nations de l'OTAN, lors du
déménagement du Grand
Quartier général des puissances alliées en Europe en 1967. Une
autre bande est sur le coup, celle qui réalisa la fameuse attaque du train postal
Glasgow-Londres, sous les ordres du Cerveau, un homme
dont la tête est si lourde que, sous le coup d'une émotion, il est incapable de
la maintenir droite. Cette dernière bande est associée à la mafia
sicilienne...
Après Le Corniaud et La Grande Vadrouille,
Gérard Oury s'attaque à une comédie de casse internationale avec des moyens
colossaux. Le Cerveau est un feu d’artifice burlesque qui ne laisse
aucun répit, alignant courses-poursuites, quiproquos et situations absurdes
avec une énergie folle. Inspiré par le célèbre braquage du train postal
Glasgow-Londres de 1963, le film joue avec l’actualité et l’ancre dans son
époque, notamment avec la sortie de la France du commandement militaire de
l’OTAN.
L’histoire suit Arthur (Jean-Paul Belmondo), un petit
malfrat ambitieux, et son complice Anatole (Bourvil), qui montent un audacieux
braquage : dérober le magot d’un convoi de l’OTAN entre Paris et Bruxelles.
Mais ils ignorent que le coup est également en préparation par un génie du
crime britannique, surnommé "Le Cerveau" (David Niven), qui orchestre
une opération sophistiquée depuis son yacht. Ajoutez à cela un mafieux italien
déjanté (Eli Wallach) persuadé d’être trahi et une série de catastrophes en chaîne,
et vous obtenez un festival de situations cocasses et de retournements de
situation improbables.
Le duo Bourvil-Belmondo fonctionne à merveille. Bourvil,
fidèle à son personnage de candide attachant, contraste avec le dynamisme et la
décontraction de Belmondo. Mais le film ne repose pas uniquement sur eux : Eli
Wallach en mafieux paranoïaque est une tornade de folie, tandis que David Niven
apporte une élégance toute britannique à son rôle de génie criminel
flegmatique. La présence de Silvia Monti, sensuelle et mystérieuse, complète ce
casting de prestige.
Visuellement, Le Cerveau est un régal. Gérard Oury
utilise pleinement son budget XXL pour filmer à Paris, Le Havre, Rome et même Londres, exploitant des décors
spectaculaires et des effets spéciaux ambitieux. Les poursuites sont d’une
efficacité remarquable, notamment la mythique scène du train traversant la
ville. Les gags sont légion, du lit mobile de Wallach à l’attaque burlesque
d’un QG de l’OTAN.
Quelques anecdotes savoureuses entourent le tournage. Le
budget faramineux (plus de 25 millions de francs) en faisait à l’époque l’un
des films les plus chers du cinéma français. Le rôle du "Cerveau"
devait initialement être tenu par Cary Grant, mais l’acteur, alors proche de la
retraite, refusa. De son côté, Eli Wallach, célèbre pour Le Bon, la Brute et
le Truand, avoua avoir eu du mal à suivre le rythme infernal des dialogues
en français et apprenait parfois ses répliques phonétiquement. Quant à
Belmondo, fidèle à sa réputation de casse-cou, il insista pour réaliser
plusieurs cascades lui-même, notamment les scènes de poursuite.
Si certains critiques lui reprochent un manque de
finesse, le film assume pleinement son exubérance et sa mécanique comique digne
des meilleures farces du cinéma français. Il s’inscrit dans la grande tradition
des films d’aventure comiques, où la rigueur de la mise en scène compense
l’accumulation parfois excessive de péripéties.
Le Cerveau est une comédie d’action jubilatoire
qui, plus de cinquante ans après sa sortie, reste un modèle du genre. Une œuvre
où le talent d’Oury s’exprime pleinement, soutenu par un casting au sommet et
un sens du rythme époustouflant.
NOTE : 14.80
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Gérard Oury
- Réalisateur 2e équipe : Claude Clément
- Assistants réalisateur : Gérard Guérin, Marc Monnet, Madeleine Billaud, Bernard Mongourdin, Jean-Marie Poiré, Jean-Claude Sussfeld, François Nadal
- Scénario : Gérard Oury, Danièle Thompson et Marcel Jullian
- Musique : Georges Delerue
- Direction artistique : Jean André
- Décors : Jean André, assisté de Robert André, Marc Desage, Théo Meurisse
- Costumes : Tanine Autré
- Photographie : Armand Thirard
- Son : Jean Rieul
- Montage : Albert Jurgenson
- Effets spéciaux : Pierre Durin
- Générique : Jean Fouchet
- Séquences animées réalisées par Jean-Charles Meunier (Les films Orzeaux)
- Cascades : Rémy Julienne
- Production : Alain Poiré, Dino De Laurentiis
- Société de production :
S.N.E. GAUMONT,
Dino De Laurentiis Cinematografica,
Paramount Pictures
- Jean-Paul Belmondo : Arthur Lespinasse
- Bourvil : Anatole
- David Niven : colonel Carol Matthews, « le Cerveau »
- Eli Wallach (VF : Roger Carel) : Frankie Scannapieco
- Silvia Monti : Sofia Scannapieco
- Raymond Gérôme : le commissaire
- Jacques Balutin : l'inspecteur Pochet et un ouvrier de chantier
- Henri Attal : un homme de la bande
- Henri Génès : le gardien-chef
- Yves Barsacq : un gardien de prison
- Dominique Zardi : un gardien de prison
- Robert Dalban : le soldat belge enrhumé
- Raoul Delfosse : un soldat belge
- Patrick Préjean : le sergent belge
- Paul Mercey : André, le voisin en colère
- Jacques Ciron : l'inspecteur Dubœuf
- Fernand Guiot : l'inspecteur Mazurel
- Mario David : Jean-François l'antiquaire
- Max Montavon : l'antiquaire au foulard bleu
- Sophie Grimaldi : la blonde du train
- Roger Lumont : patron boutique londonienne
- Trevor Stephens : John
- Frank Valois : Bruno
- Arch Taylor : mafieux piscine
- John Rico : mafieux piscine
- Tommy Duggan : superintendant Cummings
- Micha Bayard : la femme d'André
- Marcel Charvey : complice du cerveau
- Gérard Hernandez : un agent à Rouen
- Roger Pappini : homme de main de Frankie
- Pierre Tornade : un soldat belge
- Roland Monk : soldat belge wagon
- Gérard Darmon : un homme dans la rue
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