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mardi 4 mars 2025

16.80 - MON AVIS SUR LE FILM GARDE A VUE DE CLAUDE MILLER (1981)


 Vu le film Garde à Vue de Claude Miller (1981) avec Lino Ventura Michel Serrault Romy Schneider Guy Marchand Yves Pignot Pierre Maguelon Patrick Delpeyrat Elsa Lunghini Mathieu Schiffman Michel Such Didier Agostinu Serge Malik

Le corps d’une fillette violée et étranglée a été retrouvé sur un terrain communal. Huit jours plus tôt, on avait découvert sur une plage, dans la même région, une autre fillette ayant subi le même sort. Cherbourg, six semaines plus tard, le soir de la Saint-Sylvestre : l’inspecteur Antoine Gallien (Lino Ventura), secondé par son adjoint Marcel Belmont (Guy Marchand), auditionne au commissariat le notaire Jérôme Martinaud (Michel Serrault), notable local. Martinaud connaissait bien l’une des fillettes, et un certain mystère plane sur son emploi du temps au moment des deux meurtres. Un jeu du chat et de la souris implacable commence dans le cadre d'un huis clos oppressant. Gallien ne croit d'abord pas avoir affaire au meurtrier mais les réponses évasives et fuyantes de Martinaud, dont l'attitude hautaine et désinvolte l'agace, le font changer d'avis. De témoin, le notaire devient suspect et Gallien le met en garde à vue pour l'empêcher de quitter le commissariat

Garde à vue est un huis clos d’une intensité rare, un jeu de massacre psychologique où la parole devient une arme redoutable. Tout se passe en une nuit de réveillon, dans un commissariat déserté, où Maître Martinaud (Michel Serrault), notaire de province bien en vue, est convoqué pour une simple formalité : répondre à quelques questions sur deux meurtres sordides de petites filles. Très vite, l’entretien prend une tournure plus insidieuse. Le commissaire Gallien (Lino Ventura), flic à l’ancienne, méthodique et opiniâtre, est convaincu d’avoir son coupable idéal.

Le film se resserre progressivement sur ces deux hommes : l’un, sûr de son autorité, traque la faille ; l’autre, acculé, oscille entre arrogance et effondrement. Chaque réplique est une estocade, chaque silence un piège qui se referme. Guy Marchand, dans le rôle de l’inspecteur Belmont, ajoute à cette pression, déversant un mépris jubilatoire, persuadé que les puissants se croient au-dessus des lois. La tension se nourrit autant des non-dits que des attaques frontales, l’interrogatoire devenant un champ de bataille où chacun essaie d’avoir l’ascendant sur l’autre.

Mais Garde à vue, c’est aussi un drame intime qui dépasse le simple polar. Le poison du soupçon ronge tous les personnages. Chabrolien par essence, le film fait voler en éclats la façade bourgeoise de Martinaud, dont l’existence bascule en plein naufrage conjugal. L’arrivée de sa femme (Romy Schneider), qui le méprise profondément, marque un tournant tragique : dans cet huis clos étouffant, la culpabilité semble d’abord morale avant d’être criminelle.

L’impact émotionnel du film repose également sur la partition de Georges Delerue. Sa musique, à la fois élégiaque et oppressante, enveloppe le récit d’une gravité funèbre. Les nappes de cordes, discrètes mais lancinantes, accompagnent la montée en tension et confèrent au film une atmosphère presque spectrale. Chaque note semble peser sur les épaules de Martinaud, amplifiant le poids du doute et de la fatalité.

Un final implacable, où le sort de chacun se scelle en quelques phrases glaciales, Garde à vue dépasse son cadre policier pour devenir une réflexion sur la justice, la manipulation et la chute inexorable des hommes. Un sommet du cinéma français, où la mise en scène de Claude Miller et les dialogues ciselés d’Audiard transforment une simple garde à vue en un duel au sommet, aussi fascinant que cruel.

NOTE : 16.80

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