Vu le film Le Corniaud de Gérard Oury (1965) avec Louis de Funès Bourvil Venantino Venantini Guy Delorme Jean Droze Guy Grosso Jack Ary Michel Modo Robert Duranton Jean Marie Bon Henri Genès Henri Virlojeux Jean Meyer
Saroyan,
un trafiquant, utilise un honnête commerçant, répondant au nom d'Antoine
Maréchal, pour emmener de Naples à Bordeaux une Cadillac remplie d'héroïne. Ce
dernier, un homme naïf et bienveillant, déjoue innocemment les plans de
contrebande de son employeur.
Le
Corniaud (1965)
n’est pas juste une comédie à succès, c’est un modèle du genre, un film qui a
façonné l'humour populaire en France et dont les répliques résonnent encore
aujourd’hui. Gérard Oury, pour sa première véritable comédie, frappe fort en
réunissant deux géants : Bourvil et Louis de Funès. L’idée est simple, mais
géniale : un tandem de personnalités opposées où le naïf Antoine Maréchal
(Bourvil), embarqué bien malgré lui dans un trafic de bijoux, se frotte au
nerveux et manipulateur Léopold Saroyan (De Funès). Le choc des tempéraments
fait des étincelles et garantit un gag à la minute.
L’intelligence
du film tient à sa mécanique comique, savamment orchestrée par Oury et Danièle
Thompson au scénario. La force comique ne repose pas uniquement sur les
dialogues, mais aussi sur la mise en scène et la gestuelle des acteurs. Chaque
situation, aussi absurde soit-elle, est amenée avec un timing parfait. Et puis,
il y a ces scènes culte qu'on pourrait revoir en boucle : la 2CV qui se
désintègre sous les yeux de Bourvil – une scène où De Funès est à deux doigts
d’exploser de rire tant l’impro de son partenaire est réussie –, la fameuse
douche au camping, ou encore l’effondrement du mur en pleine course-poursuite.
Le
road-movie à travers l’Italie apporte une touche d’élégance, avec ces belles
voitures américaines (la mythique Cadillac Eldorado), contrastant avec la
maladresse du pauvre Antoine Maréchal, qui ne comprend rien à l’arnaque dans
laquelle il est plongé. Oury joue aussi avec les codes du film de gangsters et
de la comédie d’aventure, créant un film hybride où la tension dramatique ne
tue jamais l’humour, mais le nourrit.
Ce qui
fait que Le Corniaud reste indémodable, c’est avant tout son duo de
comédiens. Bourvil, dans son registre de bon gars un peu candide mais jamais
idiot, est parfait face à un De Funès en pleine montée en puissance, trouvant
ici l’un de ses premiers grands rôles comiques avant de devenir une superstar.
Leur complémentarité est magique : l’un fait rire par son calme et son
innocence, l’autre par son exubérance et ses colères d’anthologie.
Soixante
ans plus tard, le film garde toute sa fraîcheur. À une époque où la comédie
française semble parfois manquer de subtilité et d’écriture, Le Corniaud
rappelle que l’humour le plus efficace repose sur un scénario travaillé, des
dialogues affûtés et une mise en scène rythmée. C’est du grand art, un
classique intemporel, et un film qu’on prend toujours autant de plaisir à
revoir.
NOTE : 14.10
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Gérard Oury
- Assistants réalisateurs : Serge Vallin, Giorgio Stegani, Gérard Guérin
- Scénario et adaptation : Gérard Oury, Marcel Jullian
- Dialogues : Georges Tabet et André Tabet
- Musique : Georges Delerue
- Décors : Francesco Siarletta et Robert Giordani
- Costumes : Tanine Autré
- Photographie : Henri Decaë
- Vladimir Ivanov, Alain Douarinou pour la seconde équipe
- Son : Antoine Bonfanti
- Régisseur général : Jean Pieuchot, Roberto Cocco, Gaetano Amata (de)
- Montage : Albert Jurgenson, Laurence Leininger, Étiennette Muse
- Effets spéciaux et cascades : Yvan Chiffre, Claude Carliez, Gil Delamare, Michel Durin, Pierre Durin
- Production : Robert Dorfmann
- Direction de production : Yves Laplanche, Enzo Provenzale, Jacques Juranville
- Attaché de presse : Richard Balducci
- Sociétés de production : Les Films Corona (France), Explorer Film '58 (Italie)
- Sociétés de distribution : Valoria Films
- Pays de production :
France et
Italie
- Budget : 5,3 millions de francsa (soit environ 8,6 millions d'euros en 2024)
- Studio : Studios de la Victorine
- Bourvil : Antoine Maréchal
- Louis de Funès : Léopold Saroyan
- Venantino Venantini : Mickey dit « le bègue » ou « la souris »
- Jacques Ferrière : le chauffeur de Saroyan
- Jean Droze : le porte-flingue de Saroyan
- Beba Loncar : Ursula, l'auto-stoppeuse
- Alida Chelli : Gina, la manucure
- Lando Buzzanca : Lino, le barbier
- Henri Génès : Martial
- Jacques Eyser : un truand, associé de Saroyan
- Henri Virlogeux : un truand, associé de Saroyan
- Jean Meyer : un truand, associé de Saroyan
- Pierre Roussel : Mario Costa, le maitre d'hôtel
- Guy Delorme : Luigi, complice de Mickey
- Bob Lerick : Loulou, complice de Mickey
- Jack Ary (crédité « Jacques Ary ») : le commissaire
- Guy Grosso (crédité « Grosso ») : un douanier
- Michel Modo (crédité « Modo ») : un douanier
- Yvon Jeanclaude : un douanier
- Nino Vingelli : Tagliella, le garagiste napolitain
- Robert Duranton : l'athlète sous la douche
- Jean-Marie Bon : le garagiste romain
- Jean Minisini : un inspecteur à Carcassonne
- Éric Vasberg : un inspecteur à Carcassonne
- Annie Claparède : Suzanne, la serveuse du Café de France
- Nicole Desailly : Madame Chenu, la concierge de Maréchal
- Germaine de France : la vieille dame qui chante
- Marius Gaidon : un policier à Bordeaux
- Bernard Meunier : le secrétaire de Saroyan
- Louis Viret : Philibert, à Carcassonne
- Walter Chiari
- Michèle Morgan : elle-même (scène coupée)
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