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jeudi 6 mars 2025

14.10 - MON AVIS SUR LE FILM LE CORNIAUD DE GERARD OURY (1965)


 Vu le film Le Corniaud de Gérard Oury (1965) avec Louis de Funès Bourvil Venantino Venantini Guy Delorme Jean Droze Guy Grosso Jack Ary Michel Modo Robert Duranton Jean Marie Bon Henri Genès Henri Virlojeux Jean Meyer

Saroyan, un trafiquant, utilise un honnête commerçant, répondant au nom d'Antoine Maréchal, pour emmener de Naples à Bordeaux une Cadillac remplie d'héroïne. Ce dernier, un homme naïf et bienveillant, déjoue innocemment les plans de contrebande de son employeur.

Le Corniaud (1965) n’est pas juste une comédie à succès, c’est un modèle du genre, un film qui a façonné l'humour populaire en France et dont les répliques résonnent encore aujourd’hui. Gérard Oury, pour sa première véritable comédie, frappe fort en réunissant deux géants : Bourvil et Louis de Funès. L’idée est simple, mais géniale : un tandem de personnalités opposées où le naïf Antoine Maréchal (Bourvil), embarqué bien malgré lui dans un trafic de bijoux, se frotte au nerveux et manipulateur Léopold Saroyan (De Funès). Le choc des tempéraments fait des étincelles et garantit un gag à la minute.

L’intelligence du film tient à sa mécanique comique, savamment orchestrée par Oury et Danièle Thompson au scénario. La force comique ne repose pas uniquement sur les dialogues, mais aussi sur la mise en scène et la gestuelle des acteurs. Chaque situation, aussi absurde soit-elle, est amenée avec un timing parfait. Et puis, il y a ces scènes culte qu'on pourrait revoir en boucle : la 2CV qui se désintègre sous les yeux de Bourvil – une scène où De Funès est à deux doigts d’exploser de rire tant l’impro de son partenaire est réussie –, la fameuse douche au camping, ou encore l’effondrement du mur en pleine course-poursuite.

Le road-movie à travers l’Italie apporte une touche d’élégance, avec ces belles voitures américaines (la mythique Cadillac Eldorado), contrastant avec la maladresse du pauvre Antoine Maréchal, qui ne comprend rien à l’arnaque dans laquelle il est plongé. Oury joue aussi avec les codes du film de gangsters et de la comédie d’aventure, créant un film hybride où la tension dramatique ne tue jamais l’humour, mais le nourrit.

Ce qui fait que Le Corniaud reste indémodable, c’est avant tout son duo de comédiens. Bourvil, dans son registre de bon gars un peu candide mais jamais idiot, est parfait face à un De Funès en pleine montée en puissance, trouvant ici l’un de ses premiers grands rôles comiques avant de devenir une superstar. Leur complémentarité est magique : l’un fait rire par son calme et son innocence, l’autre par son exubérance et ses colères d’anthologie.

Soixante ans plus tard, le film garde toute sa fraîcheur. À une époque où la comédie française semble parfois manquer de subtilité et d’écriture, Le Corniaud rappelle que l’humour le plus efficace repose sur un scénario travaillé, des dialogues affûtés et une mise en scène rythmée. C’est du grand art, un classique intemporel, et un film qu’on prend toujours autant de plaisir à revoir.

NOTE : 14.10

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