Pages

vendredi 14 mars 2025

16.20 - MON AVIS SUR L.E FILM HOTEL DU NORD DE MARCEL CARNE (1938)


 Vu le film Hôtel du Nord de Marcel Carné(1938) avec Louis Jouvet Arletty Annabella Jean Pierre Aumont François Périer Bernard Blier André Lurville René Bergeron Paulette Dubost Marcel Pérès Andrex Jane Marken

Paris, 1938. Dans un hôtel proche du canal Saint-Martin, on fête une communion. Les clients de l'hôtel et les patrons célèbrent l'événement autour d'un repas. Au cours du repas, un jeune couple d'amoureux vient louer une chambre dans le but de se suicider. Pendant la nuit, le coup de feu retentit, la jeune femme est blessée et le jeune homme disparaît. Les hôteliers embauchent la jeune femme comme serveuse.

Hôtel du Nord (1938), c’est le Paris brumeux et mélancolique d’avant-guerre, capturé par Marcel Carné avec une maestria saisissante. Si l’histoire du cinéma a surtout retenu la scène mythique sur la passerelle du canal Saint-Martin – et ce fameux échange entre Louis Jouvet et Arletty (« Atmosphère, atmosphère ! Est-ce que j’ai une gueule d’atmosphère ? ») –, le film ne se réduit pas à ce moment de grâce. Il est bien plus que cela : une fresque humaine où le tragique et le gouailleur se croisent dans les couloirs d’un hôtel aux destins enchevêtrés.

Les supposés héros de l’histoire, Renée (Annabella) et Pierre (Jean-Pierre Aumont), sont jeunes, beaux et tragiques. Leur pacte suicidaire, censé sceller un amour à bout de souffle, ne se déroule pas comme prévu : Pierre, paniqué, tire sur Renée sans l’achever et s’enfuit. Dès lors, le drame se noue, et le destin redistribue les cartes. Pendant que Renée, sauvée, tente de se reconstruire, Pierre devient l’ombre de lui-même.

Mais paradoxalement, ce sont les « seconds rôles » qui illuminent le film. Edmond, le souteneur (Louis Jouvet), et Raymonde, la prostituée (Arletty), forment un duo aussi cynique qu’attachant. Jouvet, tout en retenue, joue un truand usé, fatigué de sa propre violence. Arletty, elle, irradie par sa gouaille, son insolence savoureuse et son accent parigot inimitable.

Le scénario d’Henri Jeanson, coécrit avec Pierre Aurenche, regorge de dialogues ciselés qui font mouche. Les échanges fusent, mordants, poétiques, parfois cruellement drôles. Carné, en virtuose du réalisme poétique, sublime cet espace exigu où les âmes se croisent et se brisent. La photographie d’Alexandre Trauner magnifie les brumes du canal et les ombres du petit hôtel du quai de Jemmapes, transformant ce lieu en un théâtre de la destinée.

Les seconds rôles, de Bernard Blier à François Périer, ajoutent encore à cette impression de foisonnement humain, de cinéma « vrai ». Hôtel du Nord est bien plus qu’un film-culte à cause d’une réplique légendaire : c’est une œuvre magistrale, un condensé d’émotions où le Paris populaire d’antan brille dans toute sa splendeur mélancolique.

NOTE : 16.20

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire