Vu le film Le Glaive et la Balance de André Cayatte (1963) avec Anthony Perkins Jean Claude Brialy , Renato Salvatori, Pascale Audret, Anne Tonietti , Marie Déa, Elina Labourdette, Fernand Ledoux, Jacques Monod Marcel Pérès, Jean Ozenne , Robert Rollis , Claude Cerval, Maurice Chevit , Bernard Musson et Mae Mercer
Sur la Côte d’Azur, le jeune Patrick, fils de la richissime Madame Winter, a été enlevé avec demande de rançon. La police, alertée, surveille de loinla remise de la rançon dans le but d'appréhender les criminels. Ce sont deux hommes qui réussissent à s'échapper. Traqués, ils abattent un policier, assassinent leur otage et s'enfuient par la mer à bord d'un Chris-Craft. Mais, cernés de toutes parts les deux hommes accostent sur un îlot et se réfugient dans un phare désaffecté. Lorsque la police les somme de se rendre, trois hommes en sortent, chacun des trois prétend avoir vu entrer deux hommes qu'il ne connaissait pas. La police va rapidement découvrir que tous les trois ont un lourd passif susceptible de les rendre également suspects.
Le Glaive et la Balance (1963) d’André
Cayatte s’impose comme un modèle du film judiciaire à la française, une
mécanique implacable où la justice vacille entre la rigueur du droit et
l’émotion populaire. Cayatte, maître incontesté du genre, met ici en place un
dilemme terrifiant : vaut-il mieux condamner trois hommes en sachant qu’un
innocent en fait partie, ou les acquitter alors que deux coupables s’y
dissimulent ?
Dès les premières minutes, le
spectateur est pris dans une spirale d’incertitude. Les trois accusés, incarnés
avec une finesse remarquable par Jean-Claude Brialy, Anthony Perkins et Renato
Salvatori, sont tour à tour inquiétants et ambigus. Aucun ne trahit la moindre
once de remords, chacun semble capable du pire, brouillant ainsi toute
certitude. Le film interroge ainsi nos propres jugements : peut-on réellement
discerner la culpabilité derrière un masque d’indifférence ou de cynisme ?
Cayatte expose avec sa rigueur
habituelle la férocité de la vindicte populaire, cette masse avide de justice
expéditive, prête à sacrifier un innocent sur l’autel de la vengeance. Il met
aussi en lumière les limites de la justice institutionnelle, où la pression
sociale et le doute peuvent mener à des verdicts arbitraires. Ce sont autant
les accusés qui sont jugés que le système lui-même, et par extension, nous
tous.
Mais au-delà du procès, c’est un
thriller psychologique redoutable qui se déploie, servi par une mise en scène
tendue et une écriture d’une précision chirurgicale. La construction du
suspense, jusqu’à son dénouement aussi spectaculaire qu’inattendu, maintient en
haleine et pousse à la réflexion. Qui sommes-nous, en définitive, pour juger ?
Avec ce film, Cayatte prouve une fois encore que la justice soit moins une
science qu’un vertige moral.
NOTE : 15.30
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : André Cayatte
- Scénario : André Cayatte
- Adaptation : Charles Spaak
- Dialogues : Henri Jeanson
- Décors : Rino Mondellini
- Photographie : Roger Fellous
- Son : Jean-Claude Marchetti, Jean Labussière
- Montage : Paul Cayatte, Liliane Saurel
- Musique : Louiguy
- Photographe de plateau : Roger Corbeau
- Producteurs : Willy Pickardt, Robert Sussfeld
- Directeur de production : Ulrich Pickardt
- Producteur délégué : Alain Poiré
- Sociétés de production : Gaumont (France), Trianon Productions (France), Ultra Films (Italie), Sicilia Cinematografica (Italie)
- Société de distribution : Gaumont (France et étranger)
- Anthony Perkins : Johnny Parson
- Jean-Claude Brialy : Jean-Philippe Prévost
- Renato Salvatori (VF : Marcel Bozzuffi) : François Corbier
- Pascale Audret : Agnès, petite-amie de Johnny Parson
- Anne Tonietti : Christine Prévost, sœur de Jean-Philippe
- Marie Déa : Madame Winter
- Élina Labourdette : Simone Darbon, la maîtresse de François
- Sophie Grimaldi : Brigitte, la maîtresse de Jean-Philippe
- Camille Guérini : le juge Noblet
- Fernand Ledoux : le procureur
- Jacques Monod : le commissaire Pranzini
- Maurice Nasil : un juré
- Henri Vilbert : un juré
- Pierre Mirat : un juré
- Marcel Pérès : le juré paysan
- Lou Bennett : The Lou Bennett and Kenny Clark Jazz Combo
- Teddy Bilis : le juré qui refuse de statuer
- Jean Ozenne : l'« amateur d'art » qui fait des avances à Johnny
- Charles Blavette : Jules, le conducteur du Chris-Craft de François Corbier lors de son ski nautique
- Robert Rollis : le journaliste qui photographie la propriété Winter depuis le Chris-Craft de François
- Paul Amiot : un homme
- Claude Cerval : M. Plouzenec
- Diane Lepvrier (créditée Diana Lepvrier) : Marianne
- Héléna Manson : la dame au chapeau du jury
- Gilberte Géniat : la femme blonde du jury
- Germaine Delbat : Mme veuve Prévost, la mère de Jean-Philippe et Christine
- Jacques Marin : le gendarme au tribunal
- Maurice Chevit : un inspecteur
- Bernard Musson : un inspecteur
- Janine Darcey : la patronne à Megève
- Robert Le Béal : le patron à Megève
- Gabriel Gobin : le concierge du palais de justice
- Mae Mercer (en) : Dina, la chanteuse de jazz
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