Vu le film Les Amoureux sont seuls au Monde de Henri Decoin (1948) avec Louis Jouvet Philippe Nicaud Pierre Ringel Guy-Henry Lucien Carol Jacques Mauclair Dany Robin Renée Devillers Brigitte Auber Philippe Lemaire Micheline Dax
Gérard Favier (Louis
Jouvet) est un compositeur célèbre, très amoureux de son épouse
Sylvia (Renée Devillers). Le couple fait la
connaissance de Monelle (Dany Robin), une jeune pianiste jolie,
talentueuse et fervente admiratrice de Gérard Favier. Le musicien prend la
jeune fille sous son aile et la propulse vers le succès. Mais un journal à
scandale, Entre nous soit dit, annonce les amours du compositeur et
de sa protégée. L'information est fausse, mais révèle à Monelle qu'elle est
effectivement amoureuse du maestro, et Sylvia commence à douter. De fait, bien
que Gérard n'ait pas l'intention de céder au charme de Monelle, Sylvia se rend
compte qu'il en est, sans vouloir l'admettre, amoureux, et l'imbroglio tourne
au tragique.
Les Amoureux sont seuls au monde (1948) de Henri
Decoin est une œuvre où le verbe et la musique se confondent pour composer une
tragédie feutrée sur l’amour impossible et la cruauté du monde du spectacle.
Porté par les dialogues ciselés d’Henri Jeanson, ce drame romantique trouve en
Louis Jouvet un interprète magistral, dont chaque intonation sublime la
mélancolie du récit.
Dès la scène d’ouverture, on est happé par l’élégance du
verbe : Gérard Favier, pianiste classique, tente de séduire une jeune fille
dans un café en énumérant les objets qui l’entourent pour arriver jusqu’à elle.
Un instant de pure magie cinématographique, où la virtuosité du dialogue
devient un art en soi. Mais cette rencontre qui semblait légère se charge
rapidement d’un poids tragique : la jeune femme, interprétée par Dany Robin,
tombe amoureuse de Favier, qui lui ne peut répondre à cet amour, étant marié.
Ce déséquilibre sentimental va être exploité et amplifié
par un ennemi insidieux : la presse à scandale. À travers elle, le film dénonce
la manière dont la notoriété peut broyer des vies privées et transformer une
simple admiration en une affaire dévastatrice. L’histoire bascule alors dans un
drame où les sentiments sont piétinés par la rumeur et où les
"amoureux" du titre ne sont peut-être pas ceux qu’on croit : ils sont
seuls au monde, car seuls à connaître la vérité de leurs émotions.
Jouvet, impérial, incarne ce personnage d’artiste
tiraillé entre passion et raison avec une intensité rare. Et, cerise sur le
gâteau, il chante ! Que demander de plus ? Chaque mot de Jeanson est un bijou,
et certaines répliques restent inoubliables, à l’image de ce trait d’esprit
cruel cher à Jeanson: "La
première impression est toujours la bonne, surtout quand elle est
mauvaise." Comme un grand cru, ce film se déguste lentement, sans
jamais cesser d’enivrer.
NOTE : 15.20
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Henri Decoin
- Scénario, adaptation et dialogues : Henri Jeanson
- Assistants réalisateurs : Wladimir Roitfeld, Bernard Borderie, Pierre Mignot
- Décors : Émile Alex, assisté d'Eugène Delfau, Jacques Delaye
- Directeur de la photographie : Armand Thirard
- Opérateur : Louis Née, assisté de Jean Dicop, Robert Florent
- Photographe de plateau : Jean Klissak
- Musique : Henri Sauguet
- Chanson : Les amoureux sont seuls au monde, musique d'Henri Sauguet, paroles de Claude Marcy, est interprétée par Louis Jouvet.
- Ingénieur du son : William Sivel, assisté de Gaston Demède, Maurice Laroche
- Montage : Annick Millet
- Maquillage : Georges Bouban, Omer Bouban
- Producteurs : Jacques Roitfeld, Mario Bruitte, Wilfrid Baumgartner
- Producteur délégué : Raymond Borderie
- Directeur de production : Constantin Geftman
- Administrateur de production : Léon Canel
- Sociétés de production : Compagnie Industrielle et Commerciale Cinématographique (CICC), Les Productions Jacques Roitfeld, Crédit national
- Société de distribution : Francinex
- Louis Jouvet : Gérard Favier, un pianiste et compositeur célèbre
- Dany Robin : Monelle Picart, la jeune pianiste
- Renée Devillers : Sylvia Favier, la femme aimée et aimante de Gérard
- Geneviève Morel : la bonne des Picart
- Hélène Dartigue : la grand-mère à la noce
- Brigitte Auber : Christine, la copine de Monelle
- Philippe Nicaud : Jules Picart, le frère excentrique de Monelle
- Fernand René : Michel Picart, le père, un employé de banques à la morale élastique
- Léo Lapara : Ludo, l'ami des Favier
- Émile Drain : un critique musical
- Jean Heuzé : un critique musical
- Robert Le Fort : Marcel, le garçon d'honneur (sous le nom de Jean Le Fort)
- Maurice Lagrenée : le directeur du journal à sensation Entre nous soit dit
- Philippe Lemaire : Claude, l'amoureux de Monelle
- Lucien Carol : le patron du bistrot
- Pierre Ringel : le marchand de porte-bonheur
- Charles Vissières : le beau-père à la noce
- Albert Michel : M. Coignard, le sous-directeur de la banque
- Gamil Ratib : un spectateur au concert
- Édouard Francomme : le vendeur de journaux
- Jacques Mauclair : un danseur à la noce
- Jacques Provins : Jean, le serveur du restaurant
- Michel Jourdan : un danseur à la noce
- Henri Sauguet : le chef d'orchestre
- Marc Arian : un spectateur au concert
- Roger Vincent : un spectateur au concert
- Guy-Henry : un spectateur au concert
- Suzanne Courtal : la concierge de Léo
- Nicole Courcel : la serveuse au restaurant (36° minute)
- Janine Viénot : une admiratrice de Favier
- Micheline Dax : une spectatrice au concert (à la 44e min, devant Dany Robin)
- René Marjac
- Jacques Vertan
- Jean Clarens
- Annette Poivre : son nom apparaît sur certaines affiches (rôle peut-être supprimé au montage)
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