Pages

dimanche 23 mars 2025

15.20 - MON AVIS SUR LE FILM LES AMOUREUX SONT SEULS AU MONDE DE HENRI DECOIN (1948)


 Vu le film Les Amoureux sont seuls au Monde de Henri Decoin (1948) avec Louis Jouvet Philippe Nicaud Pierre Ringel Guy-Henry Lucien Carol Jacques Mauclair Dany Robin Renée Devillers Brigitte Auber Philippe Lemaire Micheline Dax

Gérard Favier (Louis Jouvet) est un compositeur célèbre, très amoureux de son épouse Sylvia (Renée Devillers). Le couple fait la connaissance de Monelle (Dany Robin), une jeune pianiste jolie, talentueuse et fervente admiratrice de Gérard Favier. Le musicien prend la jeune fille sous son aile et la propulse vers le succès. Mais un journal à scandale, Entre nous soit dit, annonce les amours du compositeur et de sa protégée. L'information est fausse, mais révèle à Monelle qu'elle est effectivement amoureuse du maestro, et Sylvia commence à douter. De fait, bien que Gérard n'ait pas l'intention de céder au charme de Monelle, Sylvia se rend compte qu'il en est, sans vouloir l'admettre, amoureux, et l'imbroglio tourne au tragique.

Les Amoureux sont seuls au monde (1948) de Henri Decoin est une œuvre où le verbe et la musique se confondent pour composer une tragédie feutrée sur l’amour impossible et la cruauté du monde du spectacle. Porté par les dialogues ciselés d’Henri Jeanson, ce drame romantique trouve en Louis Jouvet un interprète magistral, dont chaque intonation sublime la mélancolie du récit.

Dès la scène d’ouverture, on est happé par l’élégance du verbe : Gérard Favier, pianiste classique, tente de séduire une jeune fille dans un café en énumérant les objets qui l’entourent pour arriver jusqu’à elle. Un instant de pure magie cinématographique, où la virtuosité du dialogue devient un art en soi. Mais cette rencontre qui semblait légère se charge rapidement d’un poids tragique : la jeune femme, interprétée par Dany Robin, tombe amoureuse de Favier, qui lui ne peut répondre à cet amour, étant marié.

Ce déséquilibre sentimental va être exploité et amplifié par un ennemi insidieux : la presse à scandale. À travers elle, le film dénonce la manière dont la notoriété peut broyer des vies privées et transformer une simple admiration en une affaire dévastatrice. L’histoire bascule alors dans un drame où les sentiments sont piétinés par la rumeur et où les "amoureux" du titre ne sont peut-être pas ceux qu’on croit : ils sont seuls au monde, car seuls à connaître la vérité de leurs émotions.

Jouvet, impérial, incarne ce personnage d’artiste tiraillé entre passion et raison avec une intensité rare. Et, cerise sur le gâteau, il chante ! Que demander de plus ? Chaque mot de Jeanson est un bijou, et certaines répliques restent inoubliables, à l’image de ce trait d’esprit cruel  cher à Jeanson: "La première impression est toujours la bonne, surtout quand elle est mauvaise." Comme un grand cru, ce film se déguste lentement, sans jamais cesser d’enivrer.

NOTE : 15.20

FICHE TECHNIQUE

  • Réalisation : Henri Decoin
  • Scénario, adaptation et dialogues : Henri Jeanson
  • Assistants réalisateurs : Wladimir Roitfeld, Bernard BorderiePierre Mignot
  • Décors : Émile Alex, assisté d'Eugène Delfau, Jacques Delaye
  • Directeur de la photographie : Armand Thirard
  • Opérateur : Louis Née, assisté de Jean Dicop, Robert Florent
  • Photographe de plateau : Jean Klissak
  • Musique : Henri Sauguet
    • Chanson : Les amoureux sont seuls au monde, musique d'Henri Sauguet, paroles de Claude Marcy, est interprétée par Louis Jouvet.
  • Ingénieur du son : William Sivel, assisté de Gaston Demède, Maurice Laroche
  • Montage : Annick Millet
  • Maquillage : Georges Bouban, Omer Bouban
  • Producteurs : Jacques Roitfeld, Mario Bruitte, Wilfrid Baumgartner
  • Producteur délégué : Raymond Borderie
  • Directeur de production : Constantin Geftman
  • Administrateur de production : Léon Canel
  • Sociétés de production : Compagnie Industrielle et Commerciale Cinématographique (CICC), Les Productions Jacques Roitfeld, Crédit national
  • Société de distribution : Francinex

DISTRIBUTION

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire