Vu le film Présence de Steven Soderbergh (2025) avec Lucy Liu Callina Liang Julia Fox Chris Sullivan Eddy Maday West Mullholland Lucas Papaelias Jared Wiseman Daniel Danielson
Les Paynes, une famille de quatre personnes – la mère
Rebecca, le père Chris, le frère aîné Tyler et la sœur cadette Chloé –
emménagent dans une grande maison de banlieue habitée par un poltergeist
(appelé la « Présence ».) Le film entier est présenté du point de vue
de la Présence dans une série de longs plans séquences.
La Présence est témoin de la dégradation croissante
des relations au sein du foyer. Le mariage des parents est en crise :
Rebecca a commis une fraude financière au travail ; Chris envisage de la
quitter. Rebecca est obsédée par Tyler, un champion de natation arrogant, elle
prête peu d'attention à sa fille Chloé. Pendant ce temps, Chris s'inquiète pour
Chloé, qui pleure la mort de sa meilleure amie Nadia, l'une des deux jeunes
femmes de la communauté récemment décédées dans leur sommeil. Tyler considère
que ces jeunes femmes étaient toxicomanes.
Steven Soderbergh, après avoir annoncé sa retraite du
cinéma à plusieurs reprises, revient avec Presence, un film qui semble
malheureusement illustrer le titre de manière involontaire : une œuvre qui
manque cruellement de présence. Si son retour derrière la caméra suscitait une
certaine attente, le résultat est déconcertant, tant sur le fond que sur la
forme.
Dès les premières minutes, le style visuel
interpelle. Fidèle à ses expérimentations récentes, Soderbergh opte pour une
mise en scène tournée vraisemblablement à l’iPhone, ce qui apporte une texture
brute et un style hyperréaliste. Sur le papier, ce choix pourrait renforcer
l'immersion, mais dans les faits, cela crée une esthétique chaotique, renforcée
par des gros plans étouffants, des zooms intempestifs et des effets de caméra
trop clinquants pour servir le récit. L’effet recherché, sans doute une atmosphère
anxiogène et claustrophobique, devient simplement dérangeant pour le
spectateur, rendant le visionnage inconfortable.
Mais si la forme laisse perplexe, le fond n’aide
guère à s’y raccrocher. Le scénario, pourtant prometteur avec cette idée de
fantôme explorant le monde des vivants, se révèle étonnamment vide. On cherche
en vain un fil conducteur qui maintienne l’intérêt, ou un enjeu émotionnel qui
pourrait donner du relief à cette errance spectrale. Les personnages sont à
peine esquissés, dépourvus de profondeur et d’évolution, ce qui les rend
difficilement attachants. La narration s’égare dans des scènes répétitives qui
peinent à faire avancer l’histoire.
Il est d’autant plus frustrant de voir un casting
aussi talentueux sous-exploité. Mulholland et Papaelias, pourtant capables de
performances nuancées, semblent ici laissés à l’abandon, luttant contre des
dialogues plats et une direction d’acteurs minimaliste. Les autres interprètes
ne s’en sortent pas mieux, contribuant à une impression générale de monotonie.
Pourquoi un tel projet, alors ? Il faut se pencher
sur les intentions de Soderbergh pour tenter de comprendre ce qui a mené à Presence.
Depuis quelques années, le réalisateur explore les nouvelles technologies et
les formats de tournage alternatifs, dans une quête manifeste de renouvellement
artistique. Après Unsane et High Flying Bird, également tournés à
l’iPhone, Presence semble être une nouvelle expérimentation visant à
repousser les limites du cinéma indépendant. Soderbergh cherche à capter
l'instantanéité et le réalisme brut, à l’image des vidéos amateurs ou des
enregistrements de surveillance.
Cependant, là où Unsane exploitait cette
approche pour amplifier le malaise psychologique et renforcer le thriller, Presence
échoue à en faire un véritable outil narratif. Le concept semble plus important
que l’histoire elle-même, laissant le spectateur face à un exercice de style
vain et prétentieux.
Presence
aurait pu être une réflexion fascinante sur la notion de perception et
d’invisibilité, mais il reste malheureusement à l’état de brouillon
expérimental. Soderbergh, en voulant explorer de nouveaux territoires
cinématographiques, semble avoir oublié l’essentiel : offrir une expérience
émotionnelle et narrative engageante. Le résultat est une œuvre froide,
distante et, paradoxalement, désincarnée. Un comble pour un film traitant du
monde des esprits.
NOTE : 6.50
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Steven Soderbergh
- Scénario : David Koepp
- Musique : Zack Ryan
- Décors : April Lasky
- Costumes : Marci Rodgers
- Photographie : Steven Soderbergh (crédité sous le nom de Peter Andrews)
- Montage : Steven Soderbergh (crédité sous le nom de Mary Ann Bernard)
- Production : Julie M. Anderson et Ken Meyer
- Coproduction : H.H. Cooper
- Production déléguée : Corey Bayes et David Koepp
- Production associée : Gus Gustafson, Claire Kenny et Samara Levenstein
- Société de production : Sugar23
- Société de distribution : Neon (États-Unis), Dulac Distribution (France
- Lucy Liu (VF : Laëtitia Godès) : Rebekah Payne
- Chris Sullivan (VF : Bruno Magne) : Chris Payne
- Callina Lang (VF : Emmylou Homs) : Chloe Payne
- Eddy Maday (VF : Martin Faliu) : Tyler Payne
- West Mulholland (VF : Maxym Anciaux) : Ryan
- Julia Fox (VF : Adeline Moreau) : Cece
- Natalie Woodlams-Torres (VF : Corinne Wellong) : Lisa, la médium
- Lucas Papaelias (VF : Laurent Maurel) : Carl, le partenaire de Lisa
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