Vu le film Ouragan sur le Caine de Edward Dmytrick (1954) avec Humphrey Bogart Fred McMurray Van Johnson Robert Francis José Ferrer Lee Marvin May Wynn Tom Tully Claude Atkins Arthur Franz Steve Brodie
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le capitaine de corvette Queeg,
remplace le capitaine de corvette DeVriess. Le Caine est un
destroyer de la classe Benson équipé pour le dragage
des mines. Son nouveau commandant a un comportement inquiétant, sur lequel
l'officier chargé des transmissions Keefer, écrivain mobilisé, attire
discrètement l'attention des autres officiers et en particulier celle du lieutenant de vaisseau Maryk,
officier en second du Caine : le commandant , selon lui, s'inquiète
davantage de la bonne tenue de son équipage que de la valeur opérationnelle du
bâtiment qu'il commande.
Sorti en 1954 et réalisé par Edward Dmytryk, Ouragan
sur le Caine (The Caine Mutiny) transcende le simple film de guerre
pour devenir un drame psychologique puissant et captivant. Ce chef-d’œuvre,
adapté du roman de Herman Wouk, explore les tensions entre devoir, loyauté, et
questionnement moral face à l’autorité.
L’histoire suit l’équipage du USS Caine, un vieux
dragueur de mines de la Seconde Guerre mondiale, commandé par le capitaine
Queeg (incarné par un Humphrey Bogart exceptionnel). Ce dernier, d’abord
présenté comme un officier strict, dévoile progressivement des comportements
paranoïaques et obsessionnels, mettant en danger son équipage. La mutinerie
éclate lorsque ses subordonnés, menés par le lieutenant Maryk (Van Johnson),
prennent la décision audacieuse et controversée de lui retirer le commandement
en pleine tempête.
Le film s’articule autour de la question cruciale :
jusqu’où peut-on tolérer un supérieur défaillant dans un contexte militaire ?
Doit-on obéir aveuglément à l’autorité, au risque de tout sacrifier, ou se
rebeller pour protéger l’ensemble, quitte à briser la hiérarchie sacrée ? Cette
tension est magistralement illustrée dans la scène centrale de la tempête, où
la mer déchaînée devient le reflet des conflits internes des personnages.
Le procès qui suit est le point culminant du film, où
s’opposent logique juridique et dilemmes moraux. Le personnage de Queeg,
brillamment interprété par Bogart, y trouve toute sa dimension tragique : un
homme brisé par le poids de ses responsabilités, mais incapable de reconnaître
ses failles. Sa tirade sur les "petits pois" (symbole de son
obsession pour les détails insignifiants) est d’une intensité déchirante,
offrant un portrait nuancé de la folie naissante.
Les performances des acteurs sont mémorables. Bogart,
dans l’un de ses rôles les plus sombres, incarne à la perfection ce mélange de
fragilité et de menace, tandis que José Ferrer, en avocat du diable, donne une
leçon d’ambiguïté morale dans une plaidoirie finale inoubliable.
Au-delà de son intrigue captivante, Ouragan sur le
Caine interroge sur la manipulation des foules et l’influence des jeux de
pouvoir. Les marins, soumis à une pression constante, deviennent des pions d’un
système qui les dépasse. Les thèmes abordés résonnent encore aujourd’hui,
soulignant l’universalité de ce film.
Visuellement, les scènes en mer sont spectaculaires, avec
des images saisissantes des vagues hurlantes, qui traduisent non seulement la
violence des éléments, mais aussi celle des conflits humains. La réalisation de
Dmytryk sublime cette métaphore en créant une atmosphère oppressante et tendue.
Ouragan sur le Caine est bien plus qu’un film de
guerre : c’est une plongée dans les méandres de l’âme humaine et une réflexion
sur le coût de la responsabilité. Un classique intemporel, porté par un Bogart
au sommet de son art, qui laisse le spectateur questionner ses propres limites
face à l’autorité.
NOTE : 13.80
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Edward Dmytryk, assisté d'Irving J. Moore (non crédité)
- Scénario : Stanley Roberts, d'après le roman de Herman Wouk, Prix Pulitzer de la fiction 1952
- Production Stanley Kramer
- Société de production : Stanley Kramer Productions
- Musique : Max Steiner
- Photographie : Franz Planer
- Montage : Henry Batista et William Lyon
- Direction artistique : Cary Odell et Rudolph Sternard
- Décors de plateau : Frank Tuttle
- Costumes : Jean Louis Berthauldt
- Humphrey Bogart (VF : Jean Martinelli) : lieutenant-commander Philip Francis Queeg
- José Ferrer (VF : Jean Davy) : lieutenant Barney Greenwald, avocat des mutins
- Van Johnson (VF : Yves Furet) : lieutenant Steve Maryk
- Fred MacMurray (VF : Jean-Henri Chambois) : lieutenant Tom Keefer
- Robert Francis (VF : Michel Roux) : enseigne Willis Seward Keith
- May Wynn (VF : Jacqueline Ferrière) : l'amie de Willis
- Tom Tully (VF : Camille Guérini) : commander DeVriess
- E. G. Marshall (VF : Maurice Dorléac) : lieutenant-commander Challee
- Arthur Franz : lieutenant H. Paynter Jr.
- Lee Marvin (VF : Lucien Bryonne) : "Meatball"
- Claude Akins (VF : Jean Daurand) : "Horrible"
- Warner Anderson : capitaine Blakely
- Whit Bissell : lieutenant-commander Dickson, psychiatre
- Katherine Warren : Mme Keith
- Jerry Paris : enseigne Barney Harding
- Steve Brodie : chef Budge
Acteurs non crédités :
- Herbert Anderson : enseigne Rabbit
- James Edwards (VF : Georges Aminel) : Whittaker
- Dayton Lummis : oncle Lloyd
- Barry Norton : officier du navire
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