Vu le film Rio Lobo de Howard Hawks (1970) avec John Wayne Jorge Rivero Jennifer O’Neill Christopher Mitchum Jack Elam Susana Dosamantes Victor French Sherryl Lansing Mike Henry Jim Davis Bill Williams David Huddleston
Le colonel Cord McNally échoue à protéger un transport de fonds important,
destiné à financer les troupes nordistes dans leur guerre contre les
confédérés. Le train qui contient le magot est intercepté par une bande sudiste
bien organisée et bien renseignée.
La guerre finie, Cord McNally s'allie à certains de ses
adversaires sudistes d'autrefois et part à la recherche des traîtres qui ont
vendu les informations concernant ce chargement d'or nordiste.
Sorti en 1970, Rio Lobo est le dernier film de
Howard Hawks, une conclusion mélancolique et divertissante à la carrière d’un
maître du cinéma hollywoodien. Ce western, qui réunit des éléments déjà
explorés dans Rio Bravo (1959) et El Dorado (1966), s’impose
comme une œuvre hybride, oscillant entre hommage à ses propres classiques et
tentative de renouvellement. S’il n’égale pas ses illustres prédécesseurs, il
reste une aventure plaisante, portée par un John Wayne toujours charismatique
malgré le poids des années.
Le film débute de manière captivante avec une séquence se
déroulant en pleine guerre de Sécession. John Wayne incarne le colonel Cord
McNally, un homme déterminé à retrouver les traîtres ayant trahi son camp en
livrant des informations stratégiques aux Confédérés. Cette ouverture, qui
rappelle presque un film de guerre, pose un ton différent pour un western
traditionnel, mêlant sabotage, prisonniers, et conflits militaires. Mais une
fois la guerre terminée, l’intrigue bascule vers une chasse à l’homme plus classique
dans un décor de l’Ouest américain, renouant avec les codes familiers du genre.
John Wayne, bien qu’approchant de la fin de sa carrière,
prouve encore sa stature d’icône. Dans le rôle de McNally, il incarne un homme
plus réfléchi et humain que dans certains de ses rôles antérieurs. Ici, son
personnage est moins un héros invincible qu’un vétéran marqué par les trahisons
et les pertes, ce qui le rend plus attachant. Malgré cela, sa prestance domine
l’écran, et ses interactions avec les personnages plus jeunes apportent une
dynamique intéressante.
Le film est enrichi par une galerie de personnages
secondaires variés, bien qu’inégalement développés. Jorge Rivero incarne le
jeune et audacieux Capitaine Pierre Cordona, apportant une énergie nouvelle au
duo avec Wayne. Jack Elam, en vieux gardien grincheux mais loyal, offre un
contrepoint comique et touchant. Ces figures rappellent les archétypes de
Hawks, où la camaraderie et le respect mutuel jouent un rôle central.
Toutefois, leurs arcs narratifs manquent parfois de profondeur, rendant
l’ensemble moins marquant.
Sur le plan de la mise en scène, Hawks conserve sa
maîtrise des dialogues et des situations tendues, mais l’énergie qui
caractérisait ses grands classiques s’essouffle légèrement. Certaines
séquences, notamment celles autour de la prison et des affrontements, évoquent
clairement Rio Bravo et El Dorado, mais sans la même intensité
dramatique ou émotionnelle. Le scénario, un peu décousu, peine à maintenir une
tension constante, alternant moments forts et passages plus anecdotiques.
Visuellement, Rio Lobo reste un régal. Les
paysages vastes et ensoleillés de l’Ouest américain sont magnifiquement
capturés, offrant un cadre épique aux affrontements et aux chevauchées. La
musique, bien que discrète, accompagne efficacement l’action et renforce
l’ambiance nostalgique du film.
Le principal intérêt de Rio Lobo réside peut-être
dans sa dimension testamentaire. Hawks, conscient qu’il signe son dernier
western, semble revisiter ses thèmes fétiches – la loyauté, l’amitié virile, et
la lutte pour la justice – tout en laissant transparaître une certaine fatigue.
Le film n’a pas la vivacité ou l’innovation de ses œuvres précédentes, mais il
respire une sincérité et un plaisir de raconter une histoire qui restent
touchants.
Rio Lobo n’est pas le meilleur western de Howard
Hawks, ni le plus mémorable de la carrière de John Wayne. Pourtant, il possède
un charme indéniable, une nostalgie douce-amère qui en fait une œuvre à part.
Pour les amateurs du genre et les admirateurs du cinéaste, c’est un film à
découvrir, ne serait-ce que pour saluer l’adieu d’un géant du cinéma à son art.
- Réalisation : Howard Hawks
- Réalisateur de seconde équipe : Yakima Canutt
- Scénario : Leigh Brackett et Burton Wohl (1922-2015), d'après une histoire de ce dernier
- Photographie : William H. Clothier
- Montage : John Woodcock (monteur)
- Musique : Jerry Goldsmith
- Décors : William R. Kiernan
- Costumes : Leah Rhodes
- Producteur : Howard Hawks
- Sociétés de production : Batjac Productions, Cinema Center Films, Malabar
- Société de distribution : 20th Century Fox
- John Wayne (VF : Raymond Loyer) : colonel Cord McNally
- Jorge Rivero (VF : Jean Fontaine) : capitaine Pierre Cordona
- Jennifer O'Neill (VF : Béatrice Delfe) : Shasta Delaney (ou Georgina Delaney en VF)
- Jack Elam (VF : Henri Virlogeux) : Phillips
- Christopher Mitchum (VF : Marc de Georgi) : sergent Tuscarora Phillips
- Susana Dosamantes : Maria Carmen
- Victor French (VF : André Valmy) : Ketcham
- Sherry Lansing (VF : Tamilah Mesbah) : Amelita
- Mike Henry (VF : Jacques Thébault) : shérif Hendricks
- Jim Davis (VF : Pierre Collet) : suppléant du shérif Hendricks
- Bill Williams (VF : Marcel Painvin) : shérif Pat Cronin
- David Huddleston (VF : Raoul Delfosse) : docteur Jones (dentiste)
- Edward Faulkner (VF : Michel Paulin) : lieutenant Harris
- Dean Smith : Bitey
- Robert Donner (VF : Claude Joseph) : Whitey Carter
- Peter Jason (VF : Jacques Deschamps) : lieutenant Forsythe
- Robert Rothwell, Chuck Courtney, George Plimpton : les hommes de main de Withey Carter
- Bob Steele : le Député
- Boy "Red" Morgan : le mécanicien du train
- Chuck Roberson : le soldat dans la voiture à bagages / le gardien du ranch
Parmi les acteurs non crédités :
- Donald Barry : Feeny (barman)
- Gregg Palmer : Pete (homme de main)
- Hank Worden : Hank (employé d'hôtel)
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