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mardi 26 août 2025

9.40 - MON AVIS SUR LE FILM DEUX HEURES MOINS LE QUART AVANT JESUS CHRIST (1982)


 Vu le film Deux Heures Moins le Quart avant Jésus Christ (1982) avec Michel Serrault Jean Yanne Coluche Michel Auclair Léon Zitrone Françoise Fabian Mimi Coutelier Darry Cowl Paul Preboist Daniel Emilfork 

Au temps de l'Empire romain, un modeste fabricant de chars se retrouve victime d'une machination politique visant Jules César. 

Dans cette parodie de péplum, peuplée d'anachronismes, un garagiste pour chars, Ben-Hur Marcel se retrouve malgré lui représentant syndical face à l'armée romaine. Pris dans une histoire de complot contre un César homosexuel et intéressé uniquement par sa coiffure et le drapé de sa toge, Ben-Hur Marcel se retrouve impliqué dans un imbroglio politique envers l'Égypte antique et sa reine, Cléopâtre VII, affublée d'un accent des faubourgs parisiens. 

Deux Heures Moins le Quart avant Jésus-Christ (1982), signé Jean Yanne, n’est pas seulement une comédie potache : c’est une parodie féroce, une satire anticlericale et antisystème comme seul Yanne savait les inventer. Le film raconte l’histoire d’un simple garagiste d’auto, Ben-Hur Marcel (Coluche), qui vit tranquillement dans une colonie romaine d’Afrique du Nord. Tout bascule lorsqu’il est malgré lui entraîné dans les remous politiques et religieux du moment. Le peuple est écrasé par les impôts, les Romains s’ennuient, les gladiateurs font grève et les chrétiens complotent ; dans ce décor, Coluche incarne l’homme ordinaire qui râle et peste, exactement comme dans notre société contemporaine. 

Le pouvoir est tenu par César, campé par un Michel Serrault en majesté travestie, grotesque et flamboyant, mélange de despote et de starlette précieuse. César, à la fois ridicule et inquiétant, fréquente les lieux interlopes de Rome (boîtes gays et orgies anachroniques, version Yanne). Autour de lui gravite une galerie de personnages haut en couleurs : Mimi Coutelier dans le rôle de Cléopâtre, séductrice capricieuse et ironique ; Michel Auclair en gouverneur romain compassé ; André Pousse, truand reconverti en centurion brutal ; Paul Préboist, esclave bégayant qui déclenche des gags visuels ; Darry Cowl, marchand fourbe au phrasé absurde ; et Jean Yanne lui-même, en amuseur complice, surgissant dans la fresque pour casser le récit. 

L’histoire suit Ben-Hur Marcel, personnage décalé qui ne rêve que d’ouvrir un garage dans cette époque où l’essence n’existe pas encore. Mais il est pris pour un agitateur révolutionnaire, les Romains l’accusent de fomenter une révolte et, par quiproquos, il devient presque le messie d’un groupe de résistants maladroits. On croise Jésus-Christ lui-même… au détour d’une étable, simple figurant en arrière-plan, car le vrai “héros” de l’histoire reste ce petit Français râleur transporté par erreur dans l’Antiquité. 

Comme souvent chez Yanne, rien n’est vrai mais tout n’est pas faux. Derrière la grosse farce, on décèle une critique acide : les politiques menteurs, la corruption du pouvoir, la religion instrumentalisée, la sexualité refoulée ou débridée, la bêtise universelle. Les anachronismes fusent : César au micro comme un homme politique de la Vᵉ République, des débats dignes de l’Assemblée nationale, des révoltes qui rappellent Mai 68. Yanne transpose tout le malaise social de son époque dans une Antiquité imaginaire. 

Le casting témoigne de l’esprit “bande de copains” : Coluche apporte son franc-parler et son côté bon sens populaire, Serrault ose un César extravagant digne d’un cabaret, Préboist, Pousse et Cowl livrent des numéros typiquement télévisuels, Coutelier incarne la touche glamour et Yanne orchestre cette mascarade avec jubilation. Le film pioche dans tous les registres : pastiche de péplum à la Ben-Hur, humour absurde proche des Monty Python, satire sociale à la française, grivoiserie potache. 

Bien sûr, le résultat est inégal : certaines scènes tirent en longueur, les gags ne sont pas tous au niveau, et l’effet de fourre-tout peut lasser. Mais l’énergie critique, l’audace anticlericale et le plaisir anarchique compensent largement. Yanne, comme tu le dis, “n’aimait personne” : il se méfiait de tous les pouvoirs et ridiculisait toutes les autorités. Sa caméra tape comme Obélix sur les Romains : ça grince, ça pique, ça cogne. 

Deux Heures Moins le Quart avant Jésus-Christ reste un objet unique : un film de potes, certes, mais aussi une bombe satirique lancée contre la société française du début des années 80, déguisée en péplum. C’est inégal, mais drôle avant tout, et c’est bien là l’essentiel. Un peu l’esprit Charlie Hebdo. 

NOTE : 9.40

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DISTRIBUTION


 

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