Vu le film Réglements de Compte à O.K Corral de John Sturges (1957) avec Burt Lancaster Kirk Douglas Rhonda Fleming Jo Van Fleet Lyle Bettger John Ireland Earl Holliman Dennis Hopper Jack Elam Lee Van Cleef
inspiré des faits réels de la fusillade d'O.K. Corral.
Sur la piste d'un dénommé Ike Clanton, Wyatt Earp, shérif de Dodge City, débarque à Fort Griffin, petite bourgade de l'Ouest sous l'autorité de l'un de ses amis, le shérif Cotton Wilson. Il déchante lorsqu'il apprend que son ami a retourné sa veste et a laissé Clanton s'échapper. Il tente malgré tout d'en savoir plus auprès d'une figure notoire de la région, le célèbre joueur de poker Doc Holliday mais celui-ci l'éconduit froidement.
Règlements de comptes à O.K. Corral de John Sturges fait partie de ces westerns mythiques où la légende américaine se mêle à une vérité historique déjà plusieurs fois revisitée au cinéma. Inspiré de la célèbre fusillade d’O.K. Corral survenue en 1881, ce film s’inscrit dans la continuité des adaptations hollywoodiennes de l’événement, dont la plus célèbre demeure La Poursuite Infernale (My Darling Clementine) de John Ford. Pourtant, là où Ford optait pour une stylisation élégiaque, John Sturges choisit une autre voie, plus ample, plus flamboyante, plus musicale aussi, avec dès le générique une chanson-titre entêtante signée Ned Washington, interprétée par Frankie Laine, qui nous emporte comme une ballade tragique au cœur du Far West.
C’est un film porté par des figures hantées, comme le western en a tant produit : des héros tourmentés, accablés par le poids d’une faute mystérieuse, d’un passé indicible. Ils traversent l’Ouest comme des ombres en quête de rédemption, de justice ou simplement d’un repos qu’ils savent inaccessible. Ce sont des gens secrets, calmes, austères, sombres, taciturnes, murés dans un passé que l’on ignore, mais dont on sent la blessure. Gunfight at the O.K. Corral en est l’un des exemples les plus représentatifs, tant Sturges sait incarner cette fatalité dans une mise en scène tendue, structurée comme une marche inexorable vers l’affrontement final.
Le duo central est magnétique. Burt Lancaster campe un Wyatt Earp solide, humain, rigide mais crédible, sans jamais céder à la caricature. Ce n’est plus le shérif invincible, figure divine et abstraite comme Rio Jim, mais un homme de devoir, de conviction, qui doute parfois, mais avance toujours. Il incarne les forces du bien sans équivoque, mais dans une veine réaliste, dépouillée de tout manichéisme primaire. Face à lui, Kirk Douglas en Doc Holliday brûle l’écran. Médecin tuberculeux, joueur impénitent, alcoolique et cynique, il est l’âme damnée du film, la figure romantique par excellence. Il se contente de vider quelques verres de scotch, mais il y a là toute une philosophie de l’auto-destruction maîtrisée. Sa prestation est à la fois fiévreuse et élégante, écartelée entre la mort imminente et la loyauté d’ami. Leur relation, marquée par une dualité fascinante, donne au film sa tension intime : amitié et rivalité, respect et contradiction, l’un cherchant la loi, l’autre la transgression.
Autour d’eux gravitent des seconds rôles typiques, parfois réduits à des archétypes (les Clanton, les frères, la danseuse amoureuse), mais tous au service d’une progression dramatique très construite. Sturges, maître du montage et de la mise en scène d’ensemble (qu’il perfectionnera dans Les Sept Mercenaires ou La Grande Évasion), orchestre tout cela avec précision, créant une montée en puissance dramatique où chaque scène rapproche de l’inévitable.
Et puis, il y a cette scène finale, cette fusillade filmée avec une solennité presque religieuse, lente, tendue, à l’opposé des règlements de comptes expédiés. Ici, chaque pas compte, chaque regard pèse, chaque balle est un aveu. C’est l’une des scènes les plus emblématiques du western classique, et elle résume à elle seule tout un pan du mythe américain : la violence comme purification, la loi comme tragédie, l’amitié comme salut éphémère.
John Sturges a, avec ce film, écrit une belle page d’histoire du cinéma américain. Règlements de comptes à O.K. Corral n’est pas seulement un western, c’est une tragédie virile et élégante, nourrie de remords, de poussière, d’orgueil et de fraternité. On y entre comme dans une légende, et on en ressort le cœur serré, la gorge sèche, avec l’écho de Frankie Laine résonnant dans la tête. OGunfight at the O.K. Corral est un chant funèbre au revolver, un western où le vent soulève les fantômes d’un passé trop lourd pour être réconcilié.
NOTE : 17.40
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : John Sturges, assisté de Gary Nelson (non crédité)
- Scénario : Leon Uris d'après un article de Georges Scullin (cf : scénario)
- Photographie : Charles Lang (en VistaVision et Technicolor)
- Musique : Dimitri Tiomkin
- Chanteur : Frankie Laine
- Montage : Warren Low
- Décors : Sam Comer et Arthur Krams
- Producteur : Hal B. Wallis
- Société de production : Paramount Pictures
- Burt Lancaster (VF : Jean Martinelli) : Wyatt Earp (Edward Thorpe dans la version française)
- Kirk Douglas (VF : Roger Rudel) : John Holliday (dit « Doc Holliday »)
- Rhonda Fleming (VF : Sylvie Deniau) : Laura Denbow
- Jo Van Fleet (VF : Lita Recio) : Kate Fisher
- John Ireland (VF : Robert Le Béal) : Johnny Ringo
- Lyle Bettger (VF : Jean Violette) : Ike Clanton (Alex Clanton dans la version française)
- Dennis Hopper (VF : Roger Coggio) : Billy Clanton
- Frank Faylen (VF : Claude Péran) : Cotton Wilson (George Wilson dans la version française)
- Earl Holliman (VF : Serge Lhorca) : Charles Bassett, adjoint de Wyatt Earp à Dodge City
- Ted de Corsia (VF : Pierre Morin) : Abel H. « Shanghai » Pierce (Gregor Pierce dans la version française)
- Whit Bissell (VF : René Bériard) : John P. Clum
- DeForest Kelley (VF : Jacques Beauchey) : Morgan Earp (Paul Thorpe dans la version française)
- John Hudson (VF : Jacques Thébault) : Virgil Earp (Vincent Thorpe dans la version française)
- Kenneth Tobey : Bat Masterson
- Lee Van Cleef (VF : Pierre Gay) : Ed Bailey
- Brian G. Hutton : Rick
- Jack Elam : Tom
- George Mathews : John Shanssey, propriétaire du bar.
- Martin Milner : James « Jimmy » Earp (James « Jimmy » Thorpe dans la version française)
- Joan Camden : Betty Earp, épouse de Vincent Earp
- Olive Carey (VF : Henriette Marion) : Mrs. Clanton
- Don Castle (en) : le cow-boy ivre qui menace Wyatt Earp. Don Castle joue là son dernier rôle au cinéma.
- Nelson Leigh (en) :Kelly, maire de Dodge City
IMDb fournit encore 55 noms d'acteurs non crédités au générique dont :
- William Bailey : un invité à la fête
- Frank Hagney : barman
- Charles Herbert: Tommy Earp, le fils de Betty et de Vincent Earp
- Peter Lawman : Jack Morgan
- Walter Merrill : coiffeur à Dodge City
- Bing Russell : Harry, barman à Fort Griffin
De même IMDb fournit 7 noms de cascadeurs dont :
- Jack N. Young : Est-ce lui qui réalise la chute de Billy Clanton lorsqu'il est abattu par Doc Holliday ?

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