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jeudi 7 août 2025

5.20 - MON AVIS SUR LE FILM LE ROUTARD DE PHILIPPE MECHELEN (2025)

 


Vu le Film Le Routard de Philippe Mechelen (2025) avec Hakim Jemili Christian Clavier Michel Blanc Manon Azem Philippe Lefevre Alice Taglioni Medi Sadoun Fred Testot Youssef Hadji 

Yann n'a qu'un seul rêve dans la vie : voyager. Alors, quand il entend dire que le fameux guide du Routard recrute des gens pour faire le tour du monde, il se présente immédiatement à l'entretien et se fait embaucher. Sa première mission : Marrakech, 40 adresses à vérifier en 5 jours. Mais Yann a oublié de mentionner un petit détail lors de son entretien : il n'a jamais voyagé de sa vie. Ce qui lui semblait être au premier abord le "meilleur job du monde" va se révéler beaucoup moins idyllique que prévu... 

Il est parfois difficile d’écrire sur certains films sans sombrer dans la lassitude ou l’ironie facile. Mais Le Routard, dernier rejeton d’une comédie française à bout de souffle, appelle un traitement à la hauteur de sa médiocrité. Car il ne s’agit pas ici d’un petit film raté ou d’une tentative maladroite mais sincère : Le Routard est l’illustration même d’un système essoufflé, d’un modèle comique industriel, conçu comme une recette périmée que l’on continue de resservir en espérant que le public, résigné, se contente des miettes. 

Mais ce qui fait vraiment mal ici, c’est la fadeur extrême de l’écriture. Le scénario semble avoir été bâti sur un tableau Excel : case 1, rencontre de personnages opposés ; case 2, choc culturel ; case 3, conflit ; case 4, réconciliation ; case 5, morale à deux euros sur l’amitié et le lâcher-prise. Aucune surprise. Aucune audace. Juste des dialogues tièdes, des gags téléphonés (les dromadaires qui pètent, les Marocains qui parlent avec des "accents rigolos", les incompréhensions linguistiques), et un fond de condescendance culturelle qui aurait déjà dû être éradiqué du cinéma depuis les années 80. 

On rit ? Parfois, à peine. Parce qu’un sourire esquissé entre deux soupirs ne sauve pas un naufrage. Et si certains spectateurs sourient encore devant les mimiques recyclées de Clavier, c’est sans doute par réflexe de nostalgie, plus que par réel plaisir. Quant à Michel Blanc, que l’on sait capable de grande finesse et d’ironie mordante (Tenue de soirée, Grosse Fatigue, Je vous trouve très beau…), on se demande ce qu’il est venu faire dans cette galère. Il semble absent, en pilotage automatique, récitant ses lignes comme on remplit une formalité. Triste façon de clore une carrière. 

Et autour ? Une brochette d’acteurs secondaires totalement interchangeables. La guide locale les touristes abrutis, les commerçants marrakchis stéréotypés : personne n’existe réellement dans ce film. Tous sont là pour alimenter la mécanique de la comédie, sans épaisseur, sans humanité, sans conviction. 

Le plus inquiétant, c’est que Le Routard n’est qu’un symptôme parmi tant d’autres. La comédie française, dans sa version mainstream, est devenue un défilé de films transparents, Même affiches, mêmes acteurs (Clavier, Foresti, Damiens, Blanc, Jugnot, etc., au choix), mêmes décors ensoleillés (Marrakech, Corse, Portugal), même humour d'auto-dérision fatigué. On est face à un genre qui tourne à vide, qui recycle sans cesse les mêmes formules, les mêmes conflits mous (l’individu trop coincé doit apprendre à s’ouvrir grâce à l’Autre, forcément plus libre), sans jamais se remettre en question. 

Et pendant ce temps, les vraies comédies — sociales, acides, absurdes, audacieuses — sont reléguées aux marges, invisibles ou sous-financées. Le Routard n’est pas seulement un mauvais film, c’est une insulte douce au spectateur, à qui l’on propose un divertissement tiède en espérant qu’il ne demande rien de plus. 

Note : 5.20

FICHE TECHNIQUE

  • Réalisation : Philippe Mechelen
  • Scénario : Philippe Mechelen
  • Décors : Pierre Renson
  • Costumes : Isabelle Mathieu
  • Photographie : Stéphane Le Parc
  • Production : Ahmed Louati, François Mergier et Antoine Morand
  • Sociétés de production : White and Yellow Films et Studiocanal
  • Société de distribution : Studiocanal
  • Budget : 14,2 millions d'euros

DISTRIBUTION

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