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dimanche 24 août 2025

13.80 - MON AVIS SUR LE FILM LE. ROCK DU BAGNE DE RICHARD THORPE (1957)

 


Vu le film Le Rock du Bagne de Richard Thorpe (1957) avec Elvis Presley Judy Tyler Mickey Saughnessy Jennifer Holden Anne Neyland Vaughn Taylor Dean Jones 

Condamné au bagne pour homicide involontaire, Vince Everett se lie en prison avec Hank Houghton, un ancien chanteur de country déchu, qui lui enseigne la guitare. Sorti de prison, il est remarqué par Peggy, qui décide d'en faire une vedette. Vince entame sa route vers la gloire en écrasant ses anciens amis. 

Le Rock du bagne est souvent cité comme le meilleur film d’Elvis Presley au cinéma, ce qui, paradoxalement, n’est pas forcément rassurant. Réalisé par Richard Thorpe, vieux routier de la MGM, le film ressemble à une publicité géante, où la star est transformée en produit. On dirait une réclame des chaînes américaines de l’époque, sauf qu’au lieu d’un savon miracle, c’est Elvis lui-même qu’on vend : beau, sexy, qui sent bon, qui bouge bien et qui chante avec une intensité incomparable. Bref, le rêve emballé dans un paquet cadeau. 

L’histoire est simple. Elvis incarne Vince Everett, un jeune ouvrier de la construction un peu fruste qui, lors d’une bagarre, tue accidentellement un homme et se retrouve envoyé en prison. Derrière les barreaux, il apprend la guitare auprès d’un codétenu (incarné par Mickey Shaughnessy), un chanteur sur le déclin qui lui transmet les bases de son art. À sa sortie, Vince tente de se faire une place dans le milieu musical. Grâce à la jeune productrice Peggy Van Alden (jouée par Judy Tyler), qui croit en son talent, il perce rapidement, grimpe les échelons, enregistre, séduit le public, devient une idole et perd en même temps son humilité. Son ascension fulgurante le conduit à des excès d’ego, avant une ultime épreuve qui lui remet les idées en place. 

Une histoire de rédemption assez convenue, cousue de fil blanc, mais qui offre à Elvis un terrain de jeu idéal pour ses atouts : chanter, séduire, faire vibrer. La mise en scène de Richard Thorpe ne cherche pas à transcender le matériau ; elle cadre Elvis comme on met en valeur une marchandise. 

 

 Tout est pensé pour flatter le mythe naissant : gros plans sur son visage angélique, cadrages avantageux sur ses mouvements de bassin, et bien sûr les séquences musicales, dont l’inoubliable scène de la chanson Jailhouse Rock”, devenue une icône culturelle. 

Une publicité pour du savon  : le film ne raconte pas grand-chose, mais il vend Elvis, et il le vend bien. Le scénario, signé Guy Trosper, ne vaut pas grand-chose sur le plan dramatique. Les personnages secondaires (Judy Tyler, Dean Jones, Mickey Shaughnessy) peinent à exister face au rouleau compresseur Presley. Tout est écrit pour faire briller la star, quitte à sacrifier la vraisemblance ou la profondeur. 

Pourtant, malgré cette vacuité, le film a une énergie contagieuse. Il capte un moment clé de l’histoire américaine : l’irruption du rock’n’roll comme force culturelle et commerciale. En cela, il est aussi une critique involontaire de l’industrie du disque. On y voit un jeune artiste réduit à un produit, manipulé, exploité, perdant son authenticité au profit du business. Le film, tout en glorifiant Elvis, révèle la mécanique de fabrication d’une idole, ce qui lui confère une dimension critique inattendue. 

Mais qu’on ne s’y trompe pas : Le Rock du bagne reste un véhicule publicitaire, entièrement construit pour exploiter la présence magnétique de Presley. C’est un film sympathique, plaisant à regarder, mais creux dès qu’on cherche un véritable scénario. Les fans d’Elvis y trouveront leur compte : la beauté, le charme, la voix, la danse, la fureur d’une jeunesse sexy et rebelle. Les autres n’y verront qu’une démonstration de marketing hollywoodien, un emballage séduisant sans grande substance. 

On pourrait dire que Le Rock du bagne est au cinéma ce que le rock’n’roll d’Elvis était alors à la société américaine : une explosion de séduction et de vitalité, mais déjà captée, modelée et vendue par les grandes firmes. Un divertissement efficace, un écrin glamour pour une star plus douée pour la chanson que pour le cinéma, et qui, même dans un film mineur, parvient à graver une image indélébile dans la mémoire collective. 

NOTE : 13.80

FICHE TECHNIQUE


DISTRIBUTION

Acteurs non crédités :

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