Vu le Film D’Animation Couic de Genndy Tartakovsky (2025) avec les Voix de Adam Devine Idris Elba River Gallo Kathryn Hann Fred Armisen Bobby Moynihan
Bull, un gentil chien ordinaire, apprend qu'il va être castré. Alors que la gravité de l'événement s'abat sur lui, Bull se dit qu'il doit vivre une ultime aventure avec ses meilleurs amis pour fêter les dernières 24 heures avec ses bijoux de famille.
Avec Couic ! (2025), Genndy Tartakovsky signe un film d’animation très particulier, qui assume sa nature adulte dès les premières images. Ici, pas de conte édulcoré ni de fantaisie pour enfants : on entre dans un univers canin trash, provocateur, mais étonnamment sensible.
L’histoire est simple et diaboliquement efficace : Bull, un chien sympathique et maladroit, apprend qu’il sera castré le lendemain matin. Cette nouvelle déclenche chez lui une angoisse existentielle, mais aussi un besoin urgent de vivre une dernière nuit de liberté. Aidé par sa bande de camarades, il se lance dans un véritable trip nocturne, mélange de quête désespérée, d’éclats de rire et d’instants touchants.
Les personnages secondaires enrichissent l’aventure. Rocco, le chien imposant et philosophe malgré son allure de brute, incarne une forme de sagesse bourrue. Fetch, obsédé par son image et son petit monde, est l’incarnation du chien narcissique et ridicule, mais drôle. Lucky, distrait et gaffeur, représente l’ami loyal mais imprévisible. Quant à Honey, l’élue du cœur de Bull, elle apporte au récit un mélange de sensualité et d’ironie qui contrebalance le ton viril et anxieux du héros.
Le casting vocal colle parfaitement aux archétypes choisis. Adam DeVine prête à Bull une énergie nerveuse et comique, Kathryn Hahn donne à Honey une présence mordante, et les voix d’Idris Elba, Fred Armisen et Bobby Moynihan accentuent le contraste entre camaraderie canine et folie nocturne.
Visuellement, le choix de l’animation 2D est une réussite. Tartakovsky, connu pour ses créations nerveuses et expressives, joue ici sur une caricature volontaire, proche des cartoons d’autrefois. Les corps sont élastiques, les gueules expressives, les mouvements exagérés : tout respire la liberté graphique. Ce retour assumé à une animation manuelle donne au film un ton rétro et nerveux, à mille lieues des lissages numériques.
Le ton est clairement adulte. Les dialogues n’ont rien de policé, les images sont parfois crues, et certaines situations flirtent avec la provocation frontale. Pourtant, Tartakovsky ne cède pas au simple trash. Là où un autre réalisateur aurait pu tomber dans la vulgarité gratuite, Couic ! conserve une tendresse réelle envers ses personnages. On rit de Bull et de son obsession pour ses “baballes”, mais on ressent aussi sa peur et sa mélancolie face à un changement irréversible.
On retrouve dans le film une réflexion ironique sur la masculinité et ses angoisses : que signifie perdre ce qui fonde notre virilité ? Qu’est-ce qu’un chien (ou un homme) sans ses attributs ? Derrière l’humour potache, la question touche quelque chose de profondément humain.
Comparé à d’autres œuvres du genre, Couic ! reste moins radical que Fritz the Cat, moins délirant que Sausage Party, mais il réussit à équilibrer l’humour cru et la sincérité. On ne rit pas tout le temps aux éclats, mais on sourit souvent, et on finit par s’attacher réellement à Bull et à sa petite troupe.
La mise en scène, resserrée sur une seule nuit, accentue le sentiment d’urgence. Tartakovsky s’amuse à varier les situations : bar clandestin, errances urbaines, rencontres improbables… Chaque étape ajoute une couche de folie et une pointe de nostalgie, comme si ce voyage nocturne condensait toute une vie de chien en quelques heures.
À mes yeux, le film n’est pas un chef-d’œuvre absolu, mais il réussit à marier provocation et émotion. Bull est drôle, attendrissant, parfois pathétique, et l’on se met à sa place — enfin, pas trop quand même ! On rit de ses malheurs tout en comprenant ses peurs.
En fin de compte, Couic ! est un trip canin aussi fou qu’inattendu, une œuvre qui ose aborder un sujet improbable avec audace et sincérité. C’est un film qu’on ne met pas à la niche, mais qu’on garde en mémoire comme une expérience singulière, trash et tendre à la fois.
NOTE : 12.80
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Genndy Tartakovsky
- Scénario : Genndy Tartakovsky et Jon Vitti, d'après une histoire de Genndy Tartakovsky, Jon Vitti, Steve Greenberg et Rich Lufrano
- Musique : Tyler Bates et Joanne Higginbottom
- Direction artistique : Genndy Tartakovsky et Scott Wills
- Décors : Richard Daskas
- Montage : Mark Yeager
- Production : Michelle Murdocca et Genndy Tartakovsky
- Sociétés d'animation : Renegade Animation et Lightstar Studios
- Société de production : Sony Pictures Animation
- Société de distribution : Netflix
- Budget : environ 30 millions de dollars[
- Adam DeVine : Bull, un bloodhound qui apprend qu'il va être castré[]
- Idris Elba : Rocco, un boxer sûr de lui[]
- Kathryn Hahn : Honey, un barzoï[]
- Fred Armisen : Fetch, un aspirant influenceur teckel[]
- Bobby Moynihan : Lucky, un jack russel terrier nerveux[]
- Beck Bennett : Sterling, un barzoï[]
- River Gallo (en) : Frankie, un dobermann[]
- Michelle Buteau (en) : Molasses[]
- Aaron LaPlante : Luther
- Grey DeLisle : Nana
Voix françaises
- Christophe Lemoine : Bull
- Xavier Fagnon : Rocco
- Laura Blanc : Chérie
- Franck Sportis : Fetch
- Vincent Ropion : Lucky
- Emmanuel Curtil : Sterling
- Gilduin Tissier : Frankie
- Vanessa Van-Geneugden : Molasses
- Philippe Peythieu : Luther
- Marc Arnaud : Alex

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