Vu le film Drôle de Frimousse de Stanley Donen (1957) avec Audrey Hepburn Fred Astaire Kay Thompson Ruta Lee Michel Auclair Robert Flemyng Sunny Harnett Alex Gerry et Dovima
Maggie Prescott est rédactrice en chef du magazine de mode américain Quality Magazine. Elle est à la recherche d'un mannequin pour montrer les dernières créations d'un couturier français de renom, Paul Duval. Le photographe de mode du magazine, Dick Avery, va trouver la personne idéale : Jo Stockton, une jeune libraire new-yorkaise attirée par la philosophie, plus intéressée par l'enseignement du professeur de philosophie français Flostre que par la haute couture. Elle acceptera la proposition d'Avery dans le seul but d'aller à Paris pour rencontrer son idole. Le soir des premiers essayages chez Duval, Jo est introuvable… Mais Dick a sa petite idée quant à l'endroit où elle pourrait être…
Il est des films qui sont des instants suspendus, des parenthèses de grâce pure, et Drôle de frimousse fait partie de ceux-là. Dès les premières images, on est happé par l’énergie de Stanley Donen, maître de la comédie musicale hollywoodienne, qui orchestre ici une romance en Technicolor éclatant, où la musique, la danse et l’élégance se marient à la perfection.
L’histoire semble simple : Maggie Prescott (Kay Thompson), rédactrice en chef d’un magazine de mode new-yorkais, cherche une idée neuve pour moderniser son journal. Son photographe star, Dick Avery (Fred Astaire), la convainc de sortir des studios et de trouver une nouvelle muse. Leur quête les conduit dans une petite librairie de Greenwich Village, tenue par Jo Stockton (Audrey Hepburn), jeune femme passionnée de philosophie et fascinée par les écrits d’un penseur existentialiste parisien, le professeur Émile Flostre (Michel Auclair).
De la rencontre improbable entre ce photographe chevronné et cette libraire bohème naît une histoire où la mode, l’art et l’amour se croisent. Jo accepte à contrecœur de devenir mannequin, séduite par la promesse d’un séjour à Paris, capitale de l’intellect et de la beauté. Commence alors un voyage enchanté : la jeune femme se métamorphose sous l’objectif d’Avery, posant dans les lieux les plus emblématiques de la Ville Lumière – les quais de Seine, la place de la Concorde, les escaliers de Montmartre, le Louvre, les abords de la cathédrale, jusqu’au sommet de la tour Eiffel.
Chaque numéro musical est un petit bijou. Celui dans la bibliothèque new-yorkaise, avec Hepburn bondissant entre les rayonnages, mêle humour et grâce aérienne. Celui dans le cabaret louche de Montmartre révèle une facette plus sombre et jazzy. Le pas de deux au château de la Reine Blanche est d’un romantisme absolu. Et comment ne pas citer « Let’s Kiss and Make Up », où Astaire déploie tout son charme de danseur accompli, transformant une mélodie légère en pur moment de séduction chorégraphique ?
Fred Astaire, déjà sexagénaire, impose une présence d’une élégance inaltérable. Il est parfait en photographe mi-ironique, mi-tendre, qui révèle la beauté cachée de Jo et tombe peu à peu amoureux d’elle. Audrey Hepburn, imprévue, fragile et lumineuse, incarne une héroïne à la fois moderne et intemporelle : libraire intellectuelle, mais aussi femme capable de s’ouvrir à la vie et à l’amour. Son regard, sa silhouette, sa voix, ses mouvements, tout concourt à créer un mythe qui nous poursuit bien après la projection.
Kay Thompson, exubérante en patronne de magazine tyrannique mais drôle, donne à chaque apparition une vitalité réjouissante. Michel Auclair, quant à lui, incarne avec ironie l’intellectuel pompeux et manipulateur, que Donen caricature délicieusement.
Au fond, Drôle de frimousse est moins un film sur la mode qu’un film sur le bonheur de la rencontre, sur la légèreté comme art de vivre. Certes, Paris y est idéalisé, réduit à une succession de cartes postales brillantes. Mais cette idéalisation est précisément ce qui en fait le charme : on y voyage, on s’y promène, et on croit un instant que le bonheur se trouve dans une robe rose virevoltante ou dans un pas de danse partagé.
Pour moi, ce film est l’illustration parfaite que le bonheur existe et que je l’ai croisé, le temps d’une projection. On s’abandonne à l’émerveillement, à la beauté d’une frimousse radieuse, à la danse aérienne d’un Astaire toujours inspiré, et à l’art de Donen, qui filme avec un sens du rythme impeccable.
Le duo Fred Astaire / Audrey Hepburn ne s’oublie pas aisément, tant il incarne la rencontre du classicisme et de la modernité, du raffinement et de la spontanéité. Funny Face est un éclat de joie, un voyage musical et visuel, une célébration de la vie. Oui, le bonheur existe, et il porte ici le nom d’une comédie musicale qui traverse les décennies avec la même fraîcheur.
NOTE : 17.00
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Stanley Donen, assisté de Gary Nelson (non crédité)
- Scénario : Leonard Gershe d'après le livret de Gerard Smith et Fred Thompson pour la comédie musicale du même nom de George Gershwin et Ira Gershwin.
- Direction artistique : George W. Davis et Hal Pereira
- Décors de plateau : Sam Comer et Ray Moyer
- Costumes : Edith Head et Hubert de Givenchy (costumes d'Audrey Hepburn)
- Photographie : Ray June
- Montage : Frank Bracht
- Régie extérieur : Clément Ollier
- Musique : Roger Edens et Leonard Gershe
- Chansons : George Gershwin (musique) et Ira Gershwin (lyrics)
- Arrangements vocaux : Kay Thompson
- Chorégraphie : Fred Astaire et Eugene Loring
- Production : Roger Edens
- Société de production : Paramount Pictures
- Société de distribution : Paramount Pictures
- Audrey Hepburn (VF : Jacqueline Porel) : Joëlle Stockton (Jo en V.O.)
- Fred Astaire (VF : Roger Rudel) : Dick Avery
- Kay Thompson (VF : Marie Francey) : Maggie Prescott
- Michel Auclair (VF : Michel Auclair) : professeur Emile Flostier (Flostre en V.O.)
- Robert Flemyng (VF : Michel Gudin) : Paul Duval
- Dovima : Marion
- Jean Del Val : le coiffeur
- Virginia Gibson : Babs
- Sue England : Laura
- Ruta Lee : Lettie
- Alex Gerry : Dovitch
- Iphigenie Castiglioni : Armande
- Suzy Parker, Sunny Hartnett : danseuses
- Paul Bisciglia : un photographe (non crédité)

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire