Vu le film Y a un Os dans La Moulinette de Raoul André (1974) avec Michel Galabru Darry Cowl Daniel Prevost Paul Preboist Marion Game Kathy Fraisse Henri Guybet Bernard Charlan Christian Marin
Deux comédiens au chômage sont engagés par erreur en tant que détectives privés par un industriel en proie à un chantage. Pensant d'abord être invités à incarner des rôles, les deux comparses ne tardent pas à se rendre compte du malentendu et choisissent néanmoins d'entretenir l'illusion en résolvant l'affaire au mieux de leurs capacités. S'enchaîne alors une série d'imbroglios, de quiproquos et autres péripéties.
Raoul André, roi autoproclamé du cinéma populaire sans prétention, signe ici une comédie policière à la mécanique bancale mais au charme involontaire. Comme souvent, il réunit ses fidèles de la comédie franchouillarde : Michel Galabru (Émile, imposant au cœur tendre), Paul Préboist (Montescourt, gaffeur professionnel), Daniel Prévost (Bob, le malin), Darry Cowl (Gaston, éternel distrait au débit mitraillette), Marion Game (Flora, la jolie qui met la pagaille), Henri Guybet (Roscoff, petite frappe de service) et Christian Marin (Joseph, l’ami maladroit).
Émile (Michel Galabru) et Bob (Daniel Prévost) sont deux comédiens sans emploi, vivant dans un appartement modeste et accumulant les dettes, notamment leur loyer impayé. Leur situation financière est précaire, et ils attendent désespérément un engagement, recevant toujours la réponse classique : « On vous écrira. » Leur quotidien est rythmé par des tentatives infructueuses pour décrocher des rôles et par des stratagèmes pour éviter leur concierge (Nicole Argent), qui les presse pour le paiement du loye
Les deux faux détectives se lancent dans leur « mission » avec un mélange d’amateurisme et de zèle comique. Habitués à jouer des rôles exagérés sur scène, ils adoptent des attitudes caricaturales de détectives, ce qui donne lieu à des situations absurdes. Ils surveillent Flora et Isabelle, mais leurs méthodes sont maladroites et entraînent une série de quiproquos. Par exemple, ils interprètent des gestes anodins comme des indices suspects, ce qui amplifie le comique de la situation.
Raoul André filme tout cela avec sa nonchalance coutumière : plans fixes interminables, zooms timides, montage qui laisse passer des silences gênants… Mais c’est précisément là que réside l’ADN du nanar : rien ne semble réfléchi, tout paraît improvisé, et pourtant la machine tourne, alimentée par le cabotinage assumé.
Galabru en fait des tonnes, modulant sa voix comme s’il jouait Molière… dans une réclame pour un jambon. Préboist, fidèle à lui-même, cabotine comme s’il venait de découvrir la caméra. Prévost se faufile, ironique et narquois, dans chaque réplique. Darry Cowl, maître du non-sens, balance des phrases qui semblent sorties d’un autre film. Guybet joue les petites frappes avec gourmandise. Marin, enfin, semble tout droit sorti d’un sketch de La Grande Vadrouille mais tourné au ralenti.
Tout est cousu de fil blanc : les dialogues, bricolés, sentent le premier jet ; les rebondissements sont prévisibles à dix kilomètres ; les gags s’écrasent au sol avec fracas… Mais c’est précisément cette absence de filtre et cette désinvolture qui font le sel du spectacle. On est gêné pour les comédiens, mais on guette chaque réplique comme une pépite involontaire. Le film devient un terrain de jeu pour amateurs de “mauvais” cinéma, un petit festival d’approximation et de second degré involontaire.
Y’a un os dans la moulinette est l’exemple parfait de la comédie populaire française des années 70 quand elle tombe du mauvais côté de la barrière : intrigue de série B, mise en scène paresseuse, interprétation outrancière… mais aussi une sincérité, une énergie cabotine et un plaisir coupable qui transforment l’échec en curiosité. On en sort partagé entre l’envie de se moquer et celle de remercier Raoul André pour ce témoignage d’une époque où l’on tournait vite, sans fioritures, et avec des acteurs capables d’accepter n’importe quel scénario pourvu qu’il y ait du pâté au buffet.
NOTE : 4.10
FICHE TECHNIQUE
- Réalisation : Raoul André
- Scénario : Ken Finkleman
- Musique : Didier Vasseur
- Michel Galabru : Emile
- Paul Préboist : Montescourt
- Daniel Prévost : Bob
- Darry Cowl : Gaston
- Marion Game : Flora
- Kathy Fraisse : Isabelle
- Henri Guybet : Roscoff
- Christian Marin : Joseph
- Bernard Charlan
- Marcel Gassouk
- Anne Libert
- Virginie Vignon
- Alain Bouvette
- Nicole Argent : la concierge

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