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mercredi 13 août 2025

11.20 - MON AVIS SUR LE. FILM LES AVENTURES DE ARSENE LUPIN DE JACQUES BECKER (1957)


 Vu le film Les Aventures de Arsène Lupin de Jacques Becker (1957) avec Robert Lamoureux Jacques Becker Liselotte Pulver Huguette Hue Daniel Ceccaldi O.E Hasse Renaud Mary Georges Chamarat Hupert de Lapparent Sandra Milo 

Arsène Lupin, cambrioleur, signe deux vols à Paris puis se fait enlever sous l'ordre de Mina von Kraft, pour le compte de l'empereur Guillaume II. 

Les Aventures d’Arsène Lupin, réalisé par Jacques Becker en 1957, reste un objet cinématographique intriguant, surtout pour qui connaît la carrière du cinéaste. Becker, maître du réalisme élégant (Casque d’Or, Touchez pas au Grisbi, Le Trou), délaisse ici le drame ou le polar âpre pour se plonger dans un divertissement enlevé, adaptation libre du personnage créé par Maurice Leblanc. Ce saut dans la fantaisie criminelle surprend, mais l’homme de cinéma sait encore donner à son film un lustre visuel et un sens du rythme qui le distinguent des productions purement alimentaires de l’époque. 

Le rôle-titre est confié à Robert Lamoureux, qui, bien avant que Georges Descrières ne grave dans la mémoire collective l’image télévisuelle du gentleman cambrioleur, prête à Lupin un charme canaille et une diction impeccable. Lamoureux a ce mélange d’élégance et de malice qui sied parfaitement à l’icône de Leblanc, sans chercher à en faire un héros ténébreux : son Lupin est joueur, ironique, volontiers cabotin, un maître du déguisement qui se délecte autant de la beauté du geste que du butin. 

Face à lui, la sublime Liselotte Pulver incarne la comtesse de Baronne Mina Von Kraft, femme aussi dangereuse que séduisante, inspirée d’un personnage récurrent des romans. Le duo fonctionne à merveille : elle est l’énigme qu’il ne peut totalement percer, il est l’adversaire qu’elle ne peut complètement détester. À leurs côtés, O.E. Hasse campe un Kaiser Guillaume II hautain et capricieux, ajoutant une touche de satire politique dans un récit sinon centré sur le duel entre Lupin et Joséphine. 

L’intrigue se situe au tournant du XXᵉ siècle, période que Becker restitue avec soin dans les décors et costumes. Lupin, fidèle à sa réputation, se livre à des cambriolages audacieux, joue avec la police, manipule ses rivaux et charme ses proies. Il se mesure à des figures de pouvoir, infiltre les milieux aristocratiques et mondains, déjoue les pièges tendus par la comtesse et par les autorités. Le film prend des allures de partie d’échecs, chaque coup de Lupin déclenchant une riposte adverse… qu’il déjoue bien sûr avec panache. 

Parmi les points forts, les images du Château du Haut-Koenigsbourg comptent parmi les plus mémorables. Ce décor, déjà immortalisé par Renoir dans La Grande Illusion, confère au film une dimension patrimoniale précieuse. Becker, même dans un registre de pur divertissement, garde un sens de la composition et de l’espace qui rend chaque plan plaisant à l’œil. 

Le ton général reste léger. On est dans le feuilleton policier romanesque plus que dans le polar réaliste. Les invraisemblances du scénario — Lupin se sortant d’impasses absurdes par des coups de théâtre improbables — sont évidentes, mais elles participent du charme. Le spectateur est invité à accepter ce monde où l’intelligence et le culot suffisent à triompher de tous les obstacles. 

si l’on compare avec la richesse des intrigues de Maurice Leblanc, le film ne fait qu’effleurer le potentiel du personnage. On y goûte un peu de ses multiples talents — déguisement, bluff, séduction, audace — mais on reste sur sa faim. Ce n’est pas un portrait exhaustif, plutôt une initiation élégante. De ce point de vue, Les Aventures d’Arsène Lupin aurait pu servir de pilote à une série de longs métrages plus ambitieux. 

On ne retrouve pas ici le souffle dramatique des grands Becker, mais la mécanique comique et l’élégance visuelle sauvent l’ensemble. Lamoureux, dans ce registre, est parfait : il donne à Lupin un visage sympathique, parfois moqueur, et une désinvolture qui tranche avec les héros plus raides des films policiers d’alors. Pulver apporte une vraie intensité glamour, Hasse une note ironique, et les seconds rôles complètent le tableau avec justesse. 

ce n’est pas un chef-d’œuvre, mais un divertissement bien fait : élégant, rythmé, fidèle à l’esprit du personnage sans chercher à le réinventer en profondeur. Les amateurs de cinéma d’époque y trouveront un charme suranné, les curieux de Lupin un point d’entrée agréable. Et même si l’histoire ne révolutionne pas le genre, la patte de Becker et le couple Lamoureux/Pulver suffisent à en faire une agréable récréation. 

NOTE / 11.20

FICHE TECGHNIQUE


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